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Défense

Bush fait l'article pour son parapluie antimissile

Depuis mardi, on connaît officiellement la nouvelle doctrine des Etats-Unis en matière stratégique. Le bouclier antimissile destiné à contrer les éventuelles menaces en provenance "d'Etats incontrôlables", comme la Libye, la Corée du Nord, l'Irak, ou autres, deviendra réalité. Le président Bush a présenté son projet, voulant marquer "une rupture claire et nette avec le passé, avec l'héritage antagoniste de la guerre froide". Mais rien n'est acquis.
Le bouclier antimissile imaginé par les stratèges du président Bush, et qui vise à protéger les Etats-Unis contre des tirs de missiles balistiques, répond à la vision du chef de l'administration américaine. Dans l'esprit du président Bush, les périls ont changé après la chute du mur de Berlin et l'effondrement des systèmes communistes en Europe orientale. La Russie n'est plus considérée comme "l'ennemi" et les dangers émanent d'autres régions de la planète, qui possèdent des armes nucléaires, au Moyen-Orient, et en Asie. Des régions qui, a t-il déclaré "sont parmi les moins responsables et qui aspirent à la puissance nucléaire, à la fabrication d'armes de destruction massive et à la possession de missiles à longue portée". Raison pour laquelle le président Bush considère que "le monde nouveau est moins sûr et prévisible". A son avis, "les Etats-Unis ont besoin de nouveaux schémas de dissuasion qui s'appuient sur autre chose que la menace de représailles nucléaires". Et d'expliquer que l'Amérique avait besoin de nouveaux concepts afin de construire une défense antimissile " afin de contrer les menaces différentes d'un autre temps. Nous allons changer la taille et la configuration de nos forces nucléaires d'une façon qui reflète la réalité, c'est à dire la fin de la guerre froide".

Mais rien n'est encore acquis. Le président Bush aura fort à faire pour convaincre le Congrès, dominé par le parti républicain mais divisé, du bien-fondé de son projet de parapluie antimissiles et effrayé à l'idée de sa facture. Si de nombreux démocrates ne sont pas opposés au principe d'une défense antimissile limitée, ils s'interrogent pour savoir comment les Etats-Unis pourraient s'offrir un tel système, alors que dans le même temps le président Bush souhaite réduire massivement les impôts.

Moscou et Pékin inquiets

Dans le monde, le "bouclier" de Bush inquiète Moscou et Pékin, alors que les alliés traditionnels de Washington restent prudents face à la nouvelle doctrine antimissile du président américain. Selon Pékin, le bouclier de Bush risque de "menacer la paix et la sécurité du monde au XXIème siècle", même si Tokyo "comprend les contre-mesures américaines contre la prolifération de missiles". Du côté de Moscou, les Russes rappellent que leur territoire ne représente plus aux yeux des Etats-Unis une menace crédible. La signature en 1972 de l'accord soviéto-américain ABM, limitant la capacité des systèmes antimissile, avait marqué l'accession de l'URSS au rang de superpuissance. Pour Moscou, l'éventualité de la mise en £uvre d'un parapluie nucléaire américain va modifier, dans ce domaine, les règles du jeu.

En France, un des pays les plus hostiles à ce projet, on donnera son "appréciation officielle le moment venu en fonction du résultat des consultations à venir et de la configuration définitive du projet", selon le ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine. Côté allemand, on estime nécessaire "que le projet de défense antimissile se fasse dans le cadre d'une coopération incluant aussi la Chine et la Russie". A Londres, on déclare partager "les préoccupations des Etats-Unis" et l'on se félicite de la "détermination du président Bush à consulter ses alliés". Enfin, à l'ONU, le secrétaire général Kofi Annan a insisté sur la nécessité de consolider les accords existants de désarmement et de non-prolifération. Très prochainement, voire dans les jours qui viennent, le président Bush devrait envoyer des émissaires dans les différentes capitales du monde pour expliquer son projet de bouclier spatial et tenter de les convaincre de son utilité.

Pierre DELMAS





par Pierre  DELMAS

Article publié le 02/05/2001