Défense
Les députés français critiquent la surenchère des Etats-Unis
A Paris, le projet de bouclier antimissile américain (NMD), cher au nouveau président Bush, et destiné à protéger les Etats-Unis d'une éventuelle attaque en provenance «d'Etats-voyous», comme la Corée du Nord, l'Irak, la Chine ou autres, a fait l'objet le mois dernier d'un rapport de la commission de la Défense de l'Assemblée nationale, qui souligne les risques de déséquilibre et de reprise de la course aux armements dans le monde.
Dans son rapport, Paul Quilès, ancien ministre de la Défense, et actuel président de la Commission de la Défense nationale et des forces armées à l'Assemblée nationale, considère que les projets américains de défense nationale antimissile (NMD) élargis désormais à une «défense antimissile» (MD) qui se veut extraterritoriale et globale «sont porteurs d'un risque majeur sur les équilibres globaux et sur la reprise de la course aux armements».
A l'origine de sa démonstration, Paul Quilès remonte, dans son rapport, aux sources de ce qu'il appelle la «fascination» américaine pour la défense antimissile. Et de remonter loin dans l'histoire, lorsqu'il évoque le choc ressenti aux Etats-Unis lors du lancement du Spoutnik, par les Soviétiques, le 21 août 1957. A cette date, affirment certains experts français, les Américains réalisent alors que leur territoire n'est plus de hors de portée des missiles intercontinentaux. Selon Paul Quilès, cette découverte a profondément heurté «l'un des mythes fondateurs de la mentalité et de l'histoire américaine: le mythe de l'invulnérabilité».
Pour l'ancien ministre français de la Défense, «si la défense antimissile fascine les Etats-Unis depuis cinquante ans, c'est avant tout parce qu'elle répond au fantasme de sécurité absolue du peuple américain». Et, dans ce même rapport, le président de la commission de la Défense à l'Assemblée nationale, qui était ministre, alors que Ronald Reagan dévoilait son plan de «guerre des étoiles», ne cache pas que tous ces projets n'ont jamais dépassé le stade du «virtuel». Depuis quarante ans, constate ce rapport de l'Assemblée nationale, «la défense antimissile est le serpent de mer des stratèges du Pentagone. Tous les présidents américains depuis Kennedy ont associé leur nom à un projet». A une exception près, aucun de ces dispositifs n'a jamais abouti. Et Paul Quilès de souligner, qu'il s'agissait, comme aujourd'hui, à chaque fois de répondre à une menace, invariablement «imminente».
Revenir aux réalités
De son côté, Pierre Lellouche, député RPR de Paris et spécialiste lui aussi des questions de défense, se demande si un système de défense antimissile du territoire national américain sera mis en place dans les années à venir. Pour lui, «il n'existe pas de fatalité de la NMD aujourd'hui». «Il faut, dit-il, substituer l'analyse objective au constat idéologique d'un pseudo fait accompli, en bref de revenir aux réalités. Trop souvent, toute tentative de débat a été interprétée comme le signe d'une répugnance à regarder en face le nouveau contexte stratégique: il y aurait d'un côté les Modernes, à savoir les Etats-Unis, qui regardent le monde de l'après-guerre froide tel qu'il est, et de l'autre les Anciens, généralement européens, qui ne verraient le monde que tel qu'il était ou tel qu'ils voudraient qu'il reste.
Pour Pierre Lellouche, dans la mesure où le discours américain sur la NMD puise largement dans un corpus idéologique et rhétorique inchangé depuis quarante ans, dans la mesure encore où les partisans et acteurs de la politique stratégique américaine sont les mêmes que lors de l'IDS, (projet de Reagan), il reste à prouver que le projet de Bush aujourd'hui soit un projet d'avenir.
En fin de compte, Paul Quilès explique, dans son rapport à l'Assemblée nationale, que pour volontariste et déterminé qu'il soit, le discours officiel américain sur la défense antimissile ne doit pas faire oublier deux réalités fondamentales: «ni la menace, ni la technologie ne sont là aujourd'hui. Il convient donc pour les pays européens de répondre favorablement aux propositions de consultations des Etats-Unis en se gardant toutefois de toute dramatisation et de toute hâte excessive. La notion d'urgence ne saurait primer dès lors que sont en cause des questions stratégiques à long terme dont l'enjeu est la préservation de la sécurité internationale. D'autant qu'il n'existe pas de fatalité de la défense antimissileà»
A l'origine de sa démonstration, Paul Quilès remonte, dans son rapport, aux sources de ce qu'il appelle la «fascination» américaine pour la défense antimissile. Et de remonter loin dans l'histoire, lorsqu'il évoque le choc ressenti aux Etats-Unis lors du lancement du Spoutnik, par les Soviétiques, le 21 août 1957. A cette date, affirment certains experts français, les Américains réalisent alors que leur territoire n'est plus de hors de portée des missiles intercontinentaux. Selon Paul Quilès, cette découverte a profondément heurté «l'un des mythes fondateurs de la mentalité et de l'histoire américaine: le mythe de l'invulnérabilité».
Pour l'ancien ministre français de la Défense, «si la défense antimissile fascine les Etats-Unis depuis cinquante ans, c'est avant tout parce qu'elle répond au fantasme de sécurité absolue du peuple américain». Et, dans ce même rapport, le président de la commission de la Défense à l'Assemblée nationale, qui était ministre, alors que Ronald Reagan dévoilait son plan de «guerre des étoiles», ne cache pas que tous ces projets n'ont jamais dépassé le stade du «virtuel». Depuis quarante ans, constate ce rapport de l'Assemblée nationale, «la défense antimissile est le serpent de mer des stratèges du Pentagone. Tous les présidents américains depuis Kennedy ont associé leur nom à un projet». A une exception près, aucun de ces dispositifs n'a jamais abouti. Et Paul Quilès de souligner, qu'il s'agissait, comme aujourd'hui, à chaque fois de répondre à une menace, invariablement «imminente».
Revenir aux réalités
De son côté, Pierre Lellouche, député RPR de Paris et spécialiste lui aussi des questions de défense, se demande si un système de défense antimissile du territoire national américain sera mis en place dans les années à venir. Pour lui, «il n'existe pas de fatalité de la NMD aujourd'hui». «Il faut, dit-il, substituer l'analyse objective au constat idéologique d'un pseudo fait accompli, en bref de revenir aux réalités. Trop souvent, toute tentative de débat a été interprétée comme le signe d'une répugnance à regarder en face le nouveau contexte stratégique: il y aurait d'un côté les Modernes, à savoir les Etats-Unis, qui regardent le monde de l'après-guerre froide tel qu'il est, et de l'autre les Anciens, généralement européens, qui ne verraient le monde que tel qu'il était ou tel qu'ils voudraient qu'il reste.
Pour Pierre Lellouche, dans la mesure où le discours américain sur la NMD puise largement dans un corpus idéologique et rhétorique inchangé depuis quarante ans, dans la mesure encore où les partisans et acteurs de la politique stratégique américaine sont les mêmes que lors de l'IDS, (projet de Reagan), il reste à prouver que le projet de Bush aujourd'hui soit un projet d'avenir.
En fin de compte, Paul Quilès explique, dans son rapport à l'Assemblée nationale, que pour volontariste et déterminé qu'il soit, le discours officiel américain sur la défense antimissile ne doit pas faire oublier deux réalités fondamentales: «ni la menace, ni la technologie ne sont là aujourd'hui. Il convient donc pour les pays européens de répondre favorablement aux propositions de consultations des Etats-Unis en se gardant toutefois de toute dramatisation et de toute hâte excessive. La notion d'urgence ne saurait primer dès lors que sont en cause des questions stratégiques à long terme dont l'enjeu est la préservation de la sécurité internationale. D'autant qu'il n'existe pas de fatalité de la défense antimissileà»
par Pierre DELMAS
Article publié le 01/05/2001