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Proche-Orient

Le retour de la CIA

Le président américain Bush change de cap : au début de son mandat, il avait affiché ses réticences sur le rôle actif qu'avait confié Bill Clinton à la CIA au Proche-Orient. Mercredi 6 juin, le directeur de la centrale américaine de renseignements était attendu sur place, pour tenter de remettre sur pied la coopération sécuritaire entre Israéliens et Palestiniens.
«Nous pensons que suffisamment de progrès ont été faits sur le plan du cessez-le-feu pour envoyer George Tenet, afin qu'il ait des entretiens sur des questions de sécurité», a déclaré George W. Bush, mercredi 6 juin à Washington, ajoutant qu'il «faut briser le cycle de la violence avant que quelque chose puisse commencer». Le directeur de la CIA était attendu dans la région mercredi 6 juin. Sa mission doit durer plusieurs jours, elle devrait le conduire en Israël et dans les territoires palestiniens et dans certains pays voisins, ces derniers n'étant pas spécifiés.

Le porte-parole du Département d'Etat, Richard Boucher, a indiqué que George Tenet prévoyait de rencontrer «les responsables de la sécurité et les autorités responsables de tous les camps», sans dire si des réunions étaient prévues avec le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat, et le Premier ministre israélien Ariel Sharon. Le patron de la CIA devra «discuter de la situation en matière de sécurité avec les parties dans la région, (à) évaluer la situation et encourager les parties à davantage de coopération sur le plan sécuritaire». Après quoi George Tenet fera un rapport au secrétaire d'Etat Colin Powell et au président Bush. La venue du chef de la centrale américaine coïncide avec la tournée régionale qu'effectue actuellement l'émissaire spécial américain pour le Proche-Orient, William Burns. A Washington, on souligne que les deux missions ne sont pas concurrentes, celle de Burns étant avant tout politique et portant sur le long terme, celle de Tenet se concentrant sur le volet de la sécurité.

Les Américains tentent de saisir la balle au bond

La violence ayant baissé d'intensité depuis l'appel à l'arrêt des combats lancé samedi par Yasser Arafat, les Américains, sans se faire d'illusion sur la solidité de cette accalmie, tentent donc de saisir la balle au bond. En envoyant sur place le patron de la CIA, le président Bush révise la position qu'il avait prise au début de son mandat, lorsqu'il avait déclaré ne pas souhaiter que l'agence continue à jouer un rôle si actif dans ce dossier. Pragmatique, il préfère renouer avec la politique de son prédécesseur, quitte à essuyer les reproches de certains sénateurs hostiles à l'engagement de la CIA.

Bill Clinton avait impliqué George Tenet dès les accords d'Oslo, en 1993. Au fil des années, ce dernier a acquis une grande maîtrise des questions proche-orientales. Il a joué les intermédiaires entre Israéliens et Palestiniens lors des accords conclus à Wye River en 1998, gagnant la confiance des deux camps. Il a ensuite participé, notamment, aux négociations de camp David en juillet 2000, puis au sommet de Charm el-Cheikh à l'automne, où il se verra confier la tête de la commission d'enquête sur l'origine des violences. Aujourd'hui, nouvelle mission délicate, il revient dans la région pour tenter de consolider une baisse de tension très précaire, et faire en sorte que ce calme relatif puisse déboucher, selon le souhait de George W. Bush, «sur des discussions politiques».



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 06/06/2001