Peine de mort
Exécutions de droit divin
L'Arabie Saoudite est l'un des pays où l'on exécute le plus, notamment des étrangers. En Arabie, la peine de mort, qui n'est pas remise en cause dans la société, s'appuie sur des considérations à la fois religieuses et coutumières.
Au 23 juin de cette année, 57 personnes avaient été décapitées en Arabie Saoudite. En 2000, au moins 123 personnes ont été exécutées dans le royaume. Certaines années, la moyenne peut monter jusqu'à 200, comme en 1995. L'année précédente, elle était tombée à 59.
Dans ce pays où le débat public est inexistant, il serait vain d'en imaginer un sur la peine capitale. D'autant que son application fait consensus. Non seulement les autorités, comme le public, la considèrent comme un châtiment dissuasif et exemplaire, tout comme aux Etats-Unis ou en Chine, mais encore et surtout, c'est une sanction explicitement prévue par la charia, la loi religieuse. Et on ne discute pas les ordres divins.
Décapité pour blasphème
En Arabie Saoudite, les condamnés à mort sont décapités au sabre, en public, après la prière de la matinée. Le plus souvent, c'est le vendredi, le jour de la prière, mais depuis quelques années, on exécute aussi les autres jours. Parfois, dans le cas de crimes particulièrement atroces, les suppliciés sont crucifiés après leur décapitation et leur corps reste exposé au public. Le condamné, souvent maintenu au secret avant pendant et après son jugement, est tiré de sa cellule sans savoir où on l'emmène. Ces exécutions attirent toujours une foule considérable, mais il est rigoureusement interdit de photographier ou de filmer la scène. Parfois, il arrive qu'au dernier moment, alors que le condamné est sur le point d'être agenouillé devant la rigole qui recueillera son sang, un membre de la famille de la victime sorte de la foule pour accorder le pardon au meurtrier. Conformément à la charia, et plus encore au droit coutumier, la famille de la victime a le droit de pardonner. Nullement frustrée du spectacle, la foule applaudit alors sa magnanimité.
Généralement, les condamnés le sont pour meurtre, pour viol, pour vol avec violence ou pour trafic de drogue, conformément à la loi islamique (la possession d'amphétamines est passible de la peine de mort). Mais parmi les exécutions récentes, on note des condamnations pour inceste, proxénétisme ou trafic d'alcool, ce qui relève moins de la charia en elle-même que de son interprétation par les autorités saoudiennes. L'apostasie est également passible de mort : en 1992, un chiite de la Province orientale a été décapité pour blasphème et apostasie. Selon le communiqué du ministère de l'Intérieur, le coupable aurait déclaré que «l'islam est une fausse religion», que «Mahomet était un menteur et un prestidigitateur»et que «le Coran avait été écrit par Mahomet». Le jugement du tribunal islamique, ratifié par le roi Fahd, précisait que l'acte du condamné «n'était pas seulement une apostasie, mais un crime méritant l'exécution, même s'il se repentait».
Car en Arabie Saoudite, le système judiciaire est pyramidal. Le travail des tribunaux s'effectue sous la supervision du Conseil judiciaire, suprême, un organisme de 11 oulémas (docteurs de la foi) présidé par le ministre de la Justice qui passe en revue toutes les condamnations à mort, les amputations et les condamnations à la lapidation pour adultère. Le roi, qui peut exercer sa grâce, signe personnellement l'ordre pour chaque exécution capitale.
Dans ce pays où le débat public est inexistant, il serait vain d'en imaginer un sur la peine capitale. D'autant que son application fait consensus. Non seulement les autorités, comme le public, la considèrent comme un châtiment dissuasif et exemplaire, tout comme aux Etats-Unis ou en Chine, mais encore et surtout, c'est une sanction explicitement prévue par la charia, la loi religieuse. Et on ne discute pas les ordres divins.
Décapité pour blasphème
En Arabie Saoudite, les condamnés à mort sont décapités au sabre, en public, après la prière de la matinée. Le plus souvent, c'est le vendredi, le jour de la prière, mais depuis quelques années, on exécute aussi les autres jours. Parfois, dans le cas de crimes particulièrement atroces, les suppliciés sont crucifiés après leur décapitation et leur corps reste exposé au public. Le condamné, souvent maintenu au secret avant pendant et après son jugement, est tiré de sa cellule sans savoir où on l'emmène. Ces exécutions attirent toujours une foule considérable, mais il est rigoureusement interdit de photographier ou de filmer la scène. Parfois, il arrive qu'au dernier moment, alors que le condamné est sur le point d'être agenouillé devant la rigole qui recueillera son sang, un membre de la famille de la victime sorte de la foule pour accorder le pardon au meurtrier. Conformément à la charia, et plus encore au droit coutumier, la famille de la victime a le droit de pardonner. Nullement frustrée du spectacle, la foule applaudit alors sa magnanimité.
Généralement, les condamnés le sont pour meurtre, pour viol, pour vol avec violence ou pour trafic de drogue, conformément à la loi islamique (la possession d'amphétamines est passible de la peine de mort). Mais parmi les exécutions récentes, on note des condamnations pour inceste, proxénétisme ou trafic d'alcool, ce qui relève moins de la charia en elle-même que de son interprétation par les autorités saoudiennes. L'apostasie est également passible de mort : en 1992, un chiite de la Province orientale a été décapité pour blasphème et apostasie. Selon le communiqué du ministère de l'Intérieur, le coupable aurait déclaré que «l'islam est une fausse religion», que «Mahomet était un menteur et un prestidigitateur»et que «le Coran avait été écrit par Mahomet». Le jugement du tribunal islamique, ratifié par le roi Fahd, précisait que l'acte du condamné «n'était pas seulement une apostasie, mais un crime méritant l'exécution, même s'il se repentait».
Car en Arabie Saoudite, le système judiciaire est pyramidal. Le travail des tribunaux s'effectue sous la supervision du Conseil judiciaire, suprême, un organisme de 11 oulémas (docteurs de la foi) présidé par le ministre de la Justice qui passe en revue toutes les condamnations à mort, les amputations et les condamnations à la lapidation pour adultère. Le roi, qui peut exercer sa grâce, signe personnellement l'ordre pour chaque exécution capitale.
par Olivier Da Lage
Article publié le 23/06/2001