Sida
Les génériques entre les mains des députés kényans
Depuis plusieurs années, le père Angelo d'Agostino, dirige un centre d'enfants orphelins, atteints du sida, à Nairobi. En annonçant, récemment son intention d'utiliser des médicaments du laboratoire indien Cipla, il ne voulait pas tant braver la loi kenyane puisque son statut associatif lui permet d'obtenir des traitements sous forme de donations, mais il souhaitait surtout sortir les dirigeants kenyans de leur léthargie.
De notre envoyée spéciale au Kenya
La Coalition du Kenya pour l'accès aux médicaments essentiels (Kenya Coalition on Access to Essential Medecines), un consortium d'associations et d'organisations non gouvernementales locales et internationales, fondée en juin 2000, lui a apporté son soutien, en encourageant vivement le gouvernement à ne pas se laisser intimider par les grands groupes pharmaceutiques.
Autant demander à un gourmand de ne pas mettre le doigt dans la confiture! Alors que ses voisins tanzaniens et ougandais ont obtenu un délai jusqu'en 2006 au titre de pays défavorisés, le Kenya aurait dû déjà adapter sa législation sur les brevets, l'an passé. Son retard a permis aux juristes de la Coalition d'éplucher la loi nationale sur les brevets et de formuler des amendements en faveur des médicaments génériques. Bien leur en a pris: «Les responsables de la santé nous ont été reconnaissants d'avoir su attirer leur attention sur certaines règles commerciales qui leur avaient échappé jusque là» raconte l'une des activistes de la KCAEM. «Comme il n'existe aucune procédure sur les importations parallèles, des laboratoires locaux auraient pu depuis longtemps fabriquer des médicaments».
Seulement voilà, Cosmos Ltd qui avait annoncé son intention de produire du fluconazol, a, dit-on, reçu une petite visite des représentants de GlaxoWellcome, et on n'en a plus entendu parler. Réagissant à l'appel des associations, le bureau kenyan de la propriété industrielle, a mis la dernière main au projet de loi sur les brevets et transmis le document à l'Assemblée. Les parlementaires l'ont adopté le 12 juin. Le Kenya est ainsi le deuxième pays africain à autoriser le recours à des médicaments génériques.
Une atmosphère lourde de tractations
La tâche ne sera pas facile pour les militants de la coalition. En effet, les élections générales auront lieu l'an prochain au Kenya et les partis ont besoin d'argent. Les laboratoires ont encore tenté récemment d'organiser une rencontre avec les députés en catimini dans un hôtel sur la côte, mais la KCAEM s'en est émue. L'atmosphère est donc lourde de tractations. Il faut ajouter que le principal concerné, le ministre du Commerce, Nicholas Biwott, homme d'affaires mêlé à plusieurs scandales financiers et soupçonné d'être l'instigateur du meurtre d'un de ses anciens collègues, trop curieux sur ses malversations, est lui-même pressenti comme candidat à la présidence.
Parallèlement, une décision en faveur d'une plus grande souplesse sur les licences obligatoires et les produits génériques serait perçue par les électeurs comme un geste contre les «puissances étrangères occidentales». Un slogan qui rencontre toujours un certain écho dans la société kenyane ou les «donateurs-donneurs d'ordre» ne sont guère appréciés.
A l'heure actuelle, 1 000 malades seulement ont accès aux traitements antiretroviraux (500 dollars par mois pour un salaire mensuel moyen de 90 dollars). Selon les estimations officielles, 2,2 millions de personnes sont infectées par le virus du sida. Leur sort est au vote.
La Coalition du Kenya pour l'accès aux médicaments essentiels (Kenya Coalition on Access to Essential Medecines), un consortium d'associations et d'organisations non gouvernementales locales et internationales, fondée en juin 2000, lui a apporté son soutien, en encourageant vivement le gouvernement à ne pas se laisser intimider par les grands groupes pharmaceutiques.
Autant demander à un gourmand de ne pas mettre le doigt dans la confiture! Alors que ses voisins tanzaniens et ougandais ont obtenu un délai jusqu'en 2006 au titre de pays défavorisés, le Kenya aurait dû déjà adapter sa législation sur les brevets, l'an passé. Son retard a permis aux juristes de la Coalition d'éplucher la loi nationale sur les brevets et de formuler des amendements en faveur des médicaments génériques. Bien leur en a pris: «Les responsables de la santé nous ont été reconnaissants d'avoir su attirer leur attention sur certaines règles commerciales qui leur avaient échappé jusque là» raconte l'une des activistes de la KCAEM. «Comme il n'existe aucune procédure sur les importations parallèles, des laboratoires locaux auraient pu depuis longtemps fabriquer des médicaments».
Seulement voilà, Cosmos Ltd qui avait annoncé son intention de produire du fluconazol, a, dit-on, reçu une petite visite des représentants de GlaxoWellcome, et on n'en a plus entendu parler. Réagissant à l'appel des associations, le bureau kenyan de la propriété industrielle, a mis la dernière main au projet de loi sur les brevets et transmis le document à l'Assemblée. Les parlementaires l'ont adopté le 12 juin. Le Kenya est ainsi le deuxième pays africain à autoriser le recours à des médicaments génériques.
Une atmosphère lourde de tractations
La tâche ne sera pas facile pour les militants de la coalition. En effet, les élections générales auront lieu l'an prochain au Kenya et les partis ont besoin d'argent. Les laboratoires ont encore tenté récemment d'organiser une rencontre avec les députés en catimini dans un hôtel sur la côte, mais la KCAEM s'en est émue. L'atmosphère est donc lourde de tractations. Il faut ajouter que le principal concerné, le ministre du Commerce, Nicholas Biwott, homme d'affaires mêlé à plusieurs scandales financiers et soupçonné d'être l'instigateur du meurtre d'un de ses anciens collègues, trop curieux sur ses malversations, est lui-même pressenti comme candidat à la présidence.
Parallèlement, une décision en faveur d'une plus grande souplesse sur les licences obligatoires et les produits génériques serait perçue par les électeurs comme un geste contre les «puissances étrangères occidentales». Un slogan qui rencontre toujours un certain écho dans la société kenyane ou les «donateurs-donneurs d'ordre» ne sont guère appréciés.
A l'heure actuelle, 1 000 malades seulement ont accès aux traitements antiretroviraux (500 dollars par mois pour un salaire mensuel moyen de 90 dollars). Selon les estimations officielles, 2,2 millions de personnes sont infectées par le virus du sida. Leur sort est au vote.
par Marion Urban
Article publié le 22/06/2001