Nations unies
Kofi Annan en passe d'être réélu
Kofi Annan devrait devenir le premier secrétaire général de l'ONU à être réélu bien avant le terme de son mandat. Le 27 juin, le Conseil de sécurité demandera à l'Assemblée générale des Nations Unies de reconduire le Ghanéen de 63 ans à son poste. Un acte de confiance sans précédent, qui lui donnera une plus grande marge de manoeuvre.
De notre correspondant à New York (Nations-Unies)
Le scénario a été parfaitement rodé. Si aucun imprévu ne survient, Kofi Annan deviendra le 29 juin prochain le premier secrétaire général de l'ONU réélu six mois avant le terme légal de son premier mandat. Pour le Ghanéen, cette date aurait quelque chose de symbolique. L'Assemblée générale de l'ONU sera alors en session spéciale sur le Sida, une bataille il a fait une affaire personnelle. Plusieurs chefs d'Etat pourraient également être sur place à ce moment-là, dont peut-être le président américain.
Selon plusieurs diplomates, dès le 27 juin, le Conseil de sécurité recommandera donc à l'unanimité à l'Assemblée générale de l'ONU de reconduire Kofi Annan à son poste. Selon un scénario idéal pour lui, l'organe onusien devrait, dans les deux jours, entériner le choix du Conseil par acclamations. Le Ghanéen de 63 ans sera alors en piste pour un second mandat de cinq ans, auxquels il faut ajouter les six mois restants de son mandat actuel. Pourquoi précipiter à ce point une réélection gagnée d'avance ?
Une cellule de lobbying du groupe africain
Il faut y voir la marque des pays du groupe africain qui avaient déjà publiquement poussé Kofi Annan à sortir du bois au mois de mars, en se portant candidat à sa propre succession. Pour l'instant, il apparait comme un candidat incontesté. Très diplomate, extrêmement courtois, il a su incarner une communauté internationale morale en ménageant les grandes puissances, mais aussi, à l'occasion, en affichant ses différences. Il arbore un bilan envié, et les cinq permanents du Conseil de sécurité, la France, la Grande-Bretagne, la Russie, la Chine et les Etats-Unis lui ont manifesté un soutien enthousiaste. Cette belle unanimité est pourtant fragile. D'autant que la tradition voudrait que le secrétariat général de l'ONU revienne désormais à l'Asie ou à l'Europe de l'est, après deux mandats consécutifs à l'Afrique : celui de Boutros Boutros Ghali et celui de Kofi Annan. Pour l'instant, aucun autre prétendant crédible ne s'est manifesté. Mais les Africains n'étaient pas à l'abri d'une candidature de dernière minute.
Armés d'un solide bon sens -pourquoi attendre pour réélire Kofi Annan si tout le monde est d'accord ?-, les ambassadeurs africains ont monté une cellule de lobbying dirigée par leur doyen, l'ambassadeur de Djibouti. Il a fallu convaincre les permanents du conseil, qui n'ont guère opposé de résistance. Le mois de juin se prêtait parfaitement à la procédure, le Conseil étant présidé par un ambassadeur du groupe des pays non-alignés (Kofi Annan ne passe ainsi pas pour le candidat des grandes puissances), Anwarul Karim Chowdhury du Bangladesh. L'homme se serait bien vu secrétaire général lui-même, dit-on, mais c'est ironiquement lui qui va accélérer la réélection de son rival. «On peut dire a priori que c'est prévu pour la fin du mois», a-t-il concédé.
Si elle a lieu comme prévu, la reconduction de Kofi Annan devrait faciliter son travail. Ces dernières semaines, alors qu'il menait campagne, il était quelque peu bridé, gêné dans son action, selon de nombreux observateurs. Ses déclarations se faisaient plus timides. Réélu pour cinq ans et demi, le secrétaire général aura les mains libres pour s'attaquer à des sujets aussi sensibles que l'Irak ou le Moyen-Orient. «Je serai évidemment honoré si les Etats-membres approuvent ma candidature et me nomment, a-t-il expliqué. (...) Je vais continuer à tenter de faire avancer l'organisation et à me concentrer sur les questions auxquelles je travaille. Mais bien sûr, cet appui sera utile.» On le croit aisémment, d'autant que des diplomates suggèrent que Kofi Annan lui-même serait derrière cette idée de réélection prématurée, qu'il aurait promu par l'entremise de l'ambassadeur du Ghana.
Le scénario a été parfaitement rodé. Si aucun imprévu ne survient, Kofi Annan deviendra le 29 juin prochain le premier secrétaire général de l'ONU réélu six mois avant le terme légal de son premier mandat. Pour le Ghanéen, cette date aurait quelque chose de symbolique. L'Assemblée générale de l'ONU sera alors en session spéciale sur le Sida, une bataille il a fait une affaire personnelle. Plusieurs chefs d'Etat pourraient également être sur place à ce moment-là, dont peut-être le président américain.
Selon plusieurs diplomates, dès le 27 juin, le Conseil de sécurité recommandera donc à l'unanimité à l'Assemblée générale de l'ONU de reconduire Kofi Annan à son poste. Selon un scénario idéal pour lui, l'organe onusien devrait, dans les deux jours, entériner le choix du Conseil par acclamations. Le Ghanéen de 63 ans sera alors en piste pour un second mandat de cinq ans, auxquels il faut ajouter les six mois restants de son mandat actuel. Pourquoi précipiter à ce point une réélection gagnée d'avance ?
Une cellule de lobbying du groupe africain
Il faut y voir la marque des pays du groupe africain qui avaient déjà publiquement poussé Kofi Annan à sortir du bois au mois de mars, en se portant candidat à sa propre succession. Pour l'instant, il apparait comme un candidat incontesté. Très diplomate, extrêmement courtois, il a su incarner une communauté internationale morale en ménageant les grandes puissances, mais aussi, à l'occasion, en affichant ses différences. Il arbore un bilan envié, et les cinq permanents du Conseil de sécurité, la France, la Grande-Bretagne, la Russie, la Chine et les Etats-Unis lui ont manifesté un soutien enthousiaste. Cette belle unanimité est pourtant fragile. D'autant que la tradition voudrait que le secrétariat général de l'ONU revienne désormais à l'Asie ou à l'Europe de l'est, après deux mandats consécutifs à l'Afrique : celui de Boutros Boutros Ghali et celui de Kofi Annan. Pour l'instant, aucun autre prétendant crédible ne s'est manifesté. Mais les Africains n'étaient pas à l'abri d'une candidature de dernière minute.
Armés d'un solide bon sens -pourquoi attendre pour réélire Kofi Annan si tout le monde est d'accord ?-, les ambassadeurs africains ont monté une cellule de lobbying dirigée par leur doyen, l'ambassadeur de Djibouti. Il a fallu convaincre les permanents du conseil, qui n'ont guère opposé de résistance. Le mois de juin se prêtait parfaitement à la procédure, le Conseil étant présidé par un ambassadeur du groupe des pays non-alignés (Kofi Annan ne passe ainsi pas pour le candidat des grandes puissances), Anwarul Karim Chowdhury du Bangladesh. L'homme se serait bien vu secrétaire général lui-même, dit-on, mais c'est ironiquement lui qui va accélérer la réélection de son rival. «On peut dire a priori que c'est prévu pour la fin du mois», a-t-il concédé.
Si elle a lieu comme prévu, la reconduction de Kofi Annan devrait faciliter son travail. Ces dernières semaines, alors qu'il menait campagne, il était quelque peu bridé, gêné dans son action, selon de nombreux observateurs. Ses déclarations se faisaient plus timides. Réélu pour cinq ans et demi, le secrétaire général aura les mains libres pour s'attaquer à des sujets aussi sensibles que l'Irak ou le Moyen-Orient. «Je serai évidemment honoré si les Etats-membres approuvent ma candidature et me nomment, a-t-il expliqué. (...) Je vais continuer à tenter de faire avancer l'organisation et à me concentrer sur les questions auxquelles je travaille. Mais bien sûr, cet appui sera utile.» On le croit aisémment, d'autant que des diplomates suggèrent que Kofi Annan lui-même serait derrière cette idée de réélection prématurée, qu'il aurait promu par l'entremise de l'ambassadeur du Ghana.
par Philippe Bolopion
Article publié le 11/06/2001