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Etats-Unis

Bush contraint à cohabiter

Après la défection du sénateur Jim Jeffords, les rumeurs sur celle de John McCain, les sondages qui montrent que la cote de popularité de George W. Bush n'est plus au beau fixe, le président américain traverse une période de turbulences.
En décidant de prendre l'étiquette «indépendant» à cause du virage à droite du gouvernement, Jim Jeffords a fait basculer le Sénat dans le camp des Démocrates. La nouvelle répartition qui a pris effet depuis mardi soir donne, en effet, 50 sièges aux Démocrates, contre 49 aux Républicains, et un indépendant, le sénateur Jeffords. C'est un revers «historique» pour le parti du président puisque pour la première fois le Sénat change de majorité à la suite d'une défection et non d'une élection. C'est aussi une décision lourde de conséquences pour George W. Bush et son gouvernement dont la liberté d'action va être dorénavant sévèrement limitée puisque les Démocrates prennent la tête du Sénat (Tom Daschle, élu du Dakota du Sud, remplace le républicain Trent Lott comme leader de la majorité) et de toutes ses commissions. Ils sont désormais en position de contrôler le travail parlementaire de la chambre haute et de bloquer l'adoption de certaines mesures préconisées par le gouvernement. Si la faible majorité dont disposent les Démocrates ne leur permet pas d'imposer systématiquement leur point de vue, elle leur donne néanmoins la possibilité de rendre la tache du président plus difficile.

Certains dossiers vont être particulièrement en ligne de mire. La politique étrangère et la défense risquent ainsi de donner lieu à quelques affrontements. Jesse Helms, le Républicain surnommé «Sénateur non» pour son opposition systématique à certains projets (signature de traités internationaux, nominations d'ambassadeurs), doit céder la présidence de la commission des Affaires étrangères à Joe Biden, sénateur du Delaware, à l'orientation nettement plus internationaliste. Parmi les sujets chauds, le projet de bouclier anti-missile risque notamment de faire l'objet d'opposition de la part des Démocrates.

Opération conciliation

Comme si cela ne suffisait pas, les résultats d'un sondage ABC/Washington Post montrent une baisse de huit points de la cote de popularité de George Bush, la plus forte chute depuis son arrivée à la Maison Blanche. Principaux sujets de mécontentement des Américains : l'environnement (50 % d'insatisfaits) et la politique énergétique (58 %). La décision de rejeter le protocole de Kyoto sur le réchauffement de la planète et celle de relancer la production des énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole) n'ont visiblement pas convaincu ses concitoyens. Après une campagne plutôt au centre, les Américains jugent que la politique de leur président est un peu trop à droite.

George W. Bush semble avoir pris la mesure de ces coups de semonce. Il a décidé d'inviter son ancien rival pour la présidentielle, le sénateur républicain John McCain, à dîner à la Maison Blanche en compagnie de son épouse. Histoire de renouer les contacts alors que des rumeurs persistantes annonçaient régulièrement que McCain était tenté, lui aussi, de lâcher les Républicains. Le sénateur s'est, en effet, forgé une réputation de franc-tireur car il n'hésite pas à former des alliances avec les Démocrates sur certains thèmes comme les droits des malades ou les réductions d'impôts. Le week-end passé par McCain en compagnie de Tom Daschle, dans le ranch de ce dernier, avait ravivé les spéculations sur son départ du parti républicain. Dans ce contexte, l'invitation présidentielle est arrivée à point pour calmer le jeu.

L'opération séduction auprès de McCain doit être suivie dès jeudi par une opération conciliation avec à la clef une autre invitation à dîner, adressée cette fois-ci au nouveau chef de la majorité démocrate au Sénat, Tom Daschle. Une manière d'aller dans le sens de la concertation que l'opinion appelle de ses voeux. Dans le même temps, George W. Bush donne de sa personne pour redorer son blason et reconquérir les suffrages de ses concitoyens. Il a participé à un chantier de l'association «Habitat pour l'humanité», à Tampa, en Floride. Portant un jean, marteau et burin à la main, gouttelettes de sueur dégoulinant de son front, il a donné l'image d'un président humain et compatissant. La veille, il avait annoncé son soutien à un programme de restauration du parc national des Everglades dans le sud de l'Etat.



par Valérie  Gas

Article publié le 06/06/2001