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Sierra Leone

L'extraction des «diamants de la guerre» continue

Le moratoire interdisant les extractions de diamants, signé le 17 juillet dernier, n'est pas respecté. Cette décision devait mettre fin au financement d'une guerre vieille de dix ans. Le gouvernement sierra-léonais et la Mission des Nations unies en Sierra Leone (Minusil) se renvoient la responsabilité de l'échec.
L'argent des diamants, nerf de la guerre sierra-léonaise, cessera-t-il un jour d'alimenter le conflit, qui oppose le Front révolutionnaire uni (RUF) au gouvernement, dit «corrompu», depuis 1991 ? Les hostilités se poursuivent malgré plusieurs tentatives. Même le «moratoire total concernant toutes les activités minières» a échoué. Signé le 17 juillet dernier, il était censé mettre fin au commerce de diamants (de telle sorte que cesse le conflit). C'était pourtant la première fois que les représentants du RUF, longtemps dirigée par Foday Sankoh, s'étaient engagés, devant le gouvernement et la Mission des Nations unies en Sierra Leone (Minusil) chargée d'encourager la paix, à respecter la tentative de paix amorcée dans le pays. Mais, deux semaines à peine après la signature de l'accord, les acteurs ont dû reconnaître que l'extraction se poursuivait, illégalement.

Face à cet échec, le gouvernement sierra-léonais et la Minusil se rejettent la responsabilité de la poursuite des extractions minières. «L'application du moratoire sur les diamants (à) n'est pas dans les mains» du gouvernement, a déclaré le ministre des Ressources minières Mohamed Deen. Selon lui, c'est la Minusil qui «devait surveiller et faire appliquer» la mesure engagée. Au contraire, pour la porte-parole de la mission onusienne, Margaret Novicki, c'est au gouvernement sierra-léonais qu'il incombe de faire respecter l'accord. «Tout ce que la Minusil peut faire est de faciliter les choses en assurant la sécurité. Notre priorité est de désarmer les combattants», a-t-elle ajouté.

«Une grande partie de la production n'est pas identifiable»

Pour réduire à néant le commerce des «diamants de la guerre», le Conseil de Sécurité avait déjà décrété, il y a un an, un embargo sur les pierres sierra-léonaises. Le problème, d'après Mark Van Bockstael, responsable de la coopération internationale du Haut Conseil du diamant, c'est qu'«une grande partie de la production n'est pas identifiable». Les diamants deviennent «libériens» ou «guinéens». Les compagnies diamantaires, telles De Beers ou Lazare Kaplan International, achètent des pierres de bonne qualité et à bas prix, légalement.

Selon une équipe d'experts de l'ONU, les estimations du volume des «diamants de la guerre» varient entre 25 et 125 millions de dollars par an (soit entre 28,6 et 143 millions d'euros). Entre renoncer à l'extraction ou la poursuivre, les belligérants ont tranché. Des centaines de personnes, qu'elles soient rebelles, miliciennes ou civiles, continuent d'extraire illégalement des diamants dans la zone de Kono à 250 kilomètres à l'est de la capitale. Le diamant va jusqu'à semer la division à l'intérieur même des factions, rendant ainsi les espoirs de paix bien fragiles.







par Nathalie  Rohmer

Article publié le 31/07/2001