Proche-Orient
Kamikazes: le défi à la sécurité d'Israël
Enquête sur les attentats-suicide perpétrés par des kamikazes palestiniens. Notre envoyée spéciale a cherché à comprendre comment et pourquoi des Palestiniens acceptent de se transformer en véritables bombes humaines visant des Israéliens.
De notre envoyée spéciale
Ecoutez l'émission Reporteur de Johanne Sutton (02/07/2001)
«Là où le martyr Shaadi pouvait frapper les Israéliens, il y allait». Abelrahim el Kahnout caresse les photos de son fils, kamikaze du Djihad Islamique, membre de la branche armée du mouvement islamiste. En février dernier, Shaadi est parti, sac à dos rempli de quinze kilos de TNT. Son objectif: le poste de surveillance des militaires israéliens de Nezarim. Repéré, il a été tué. Sur les murs de la maison familiale des Kahnout, des fresques représentant Shaadi. «Ces kamikazes sont des héros du peuple palestinien. Ils vengent nos morts et nos souffrances quotidiennes» répète à chaque visiteur, le père el Khahnout.
«Etre kamikaze, c'est un long voyage. Une longue préparation psychologique et physique», explique Sheikh Abdallah Shami, le porte-parole du Djihad Islamique dans la bande de Gaza. «La branche armée de notre mouvement sélectionne, entraîne puis remet au futur martyr sa ceinture d'explosifs». Des candidats à l'attentat-suicide qui sont des militants islamistes fervents, comme Shaadi, parfois des inconnus, comme ce père de famille qui a lancé son bus contre des Israéliens le 14 février 2001, ou encore des auteurs de crimes ou délits ou des collaborateurs pour le compte d'Israël, à qui le Hamas ou le Djihad proposent de «mourir en martyr».
Impossible d'arrêter les kamikazes
Le porte-parole de l'armée israélienne le reconnaît: «Il est presque toujours impossible d'arrêter des kamikazes». Après l'attentat meurtrier de Netanya, Tsahal avait lancé ses avions F16 en représailles. L'attaque suicide de Tel Aviv le 1er juin dernier a fait craindre une riposte militaire massive. Car pour les Israéliens, «les kamikazes font partie intégrante de la stratégie de Yasser Arafat qui n'a certes pas donné son feu vert mais qui a laissé faire» affirme Nissim Zvilli, ex-secrétaire général du parti travailliste.
Si certains en Israël prônent la force et la séparation pour se protéger, seule la coopération sécuritaire entre Israéliens et Palestiniens pourrait permettre de contrer ces kamikazes. Cette coopération a existé dans le passé: en 1996, après les attentats du Hamas, l'Autorité de Yasser Arafat avait emprisonné des militants islamistes. Mais aujourd'hui, dans les locaux de la Sécurité préventive palestinienne à Gaza, la défiance est de mise: «Les auteurs des attentats de Netanya ou de Tel Aviv n'ont fait que réagir à la répression israélienne. Nous sommes là pour protéger notre peuple» assène Abu Salim Abu Saffya, le responsable des passages dans la bande de Gaza. Sans négociation politique large, les kamikazes palestiniens risquent de demeurer un moyen de pression important et une source de péril supplémentaire dans une zone en permanence au bord du gouffre.
Ecoutez l'émission Reporteur de Johanne Sutton (02/07/2001)
«Là où le martyr Shaadi pouvait frapper les Israéliens, il y allait». Abelrahim el Kahnout caresse les photos de son fils, kamikaze du Djihad Islamique, membre de la branche armée du mouvement islamiste. En février dernier, Shaadi est parti, sac à dos rempli de quinze kilos de TNT. Son objectif: le poste de surveillance des militaires israéliens de Nezarim. Repéré, il a été tué. Sur les murs de la maison familiale des Kahnout, des fresques représentant Shaadi. «Ces kamikazes sont des héros du peuple palestinien. Ils vengent nos morts et nos souffrances quotidiennes» répète à chaque visiteur, le père el Khahnout.
«Etre kamikaze, c'est un long voyage. Une longue préparation psychologique et physique», explique Sheikh Abdallah Shami, le porte-parole du Djihad Islamique dans la bande de Gaza. «La branche armée de notre mouvement sélectionne, entraîne puis remet au futur martyr sa ceinture d'explosifs». Des candidats à l'attentat-suicide qui sont des militants islamistes fervents, comme Shaadi, parfois des inconnus, comme ce père de famille qui a lancé son bus contre des Israéliens le 14 février 2001, ou encore des auteurs de crimes ou délits ou des collaborateurs pour le compte d'Israël, à qui le Hamas ou le Djihad proposent de «mourir en martyr».
Impossible d'arrêter les kamikazes
Le porte-parole de l'armée israélienne le reconnaît: «Il est presque toujours impossible d'arrêter des kamikazes». Après l'attentat meurtrier de Netanya, Tsahal avait lancé ses avions F16 en représailles. L'attaque suicide de Tel Aviv le 1er juin dernier a fait craindre une riposte militaire massive. Car pour les Israéliens, «les kamikazes font partie intégrante de la stratégie de Yasser Arafat qui n'a certes pas donné son feu vert mais qui a laissé faire» affirme Nissim Zvilli, ex-secrétaire général du parti travailliste.
Si certains en Israël prônent la force et la séparation pour se protéger, seule la coopération sécuritaire entre Israéliens et Palestiniens pourrait permettre de contrer ces kamikazes. Cette coopération a existé dans le passé: en 1996, après les attentats du Hamas, l'Autorité de Yasser Arafat avait emprisonné des militants islamistes. Mais aujourd'hui, dans les locaux de la Sécurité préventive palestinienne à Gaza, la défiance est de mise: «Les auteurs des attentats de Netanya ou de Tel Aviv n'ont fait que réagir à la répression israélienne. Nous sommes là pour protéger notre peuple» assène Abu Salim Abu Saffya, le responsable des passages dans la bande de Gaza. Sans négociation politique large, les kamikazes palestiniens risquent de demeurer un moyen de pression important et une source de péril supplémentaire dans une zone en permanence au bord du gouffre.
par Johanne SUTTON
Article publié le 03/07/2001