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Affaires politico-financières

Chirac-Jospin : les hostilités sont ouvertes

Contraint de s'expliquer sur ses voyages lors de son intervention télévisée du 14 juillet, Jacques Chirac a vigoureusement attaqué la politique du gouvernement de Lionel Jospin. Ce dernier a ordonné à ses ministres de riposter. La campagne pour la présidentielle est lancée.
«Chaque fois que M. Chirac se conduira en opposant, chaque fois qu'il y aura des erreurs dans ses propos, des contradictions, de la confusion, de la mauvaise foi (à), le gouvernement répondra». Venant d'Elisabeth Guigou, ministre des Affaires sociales et de l'emploi, l'une des personnalités les plus importantes du gouvernement, la charge apparaît d'autant plus lourde. Surtout qu'elle n'est pas la seule à avoir reçu de Lionel Jospin la consigne de répliquer au chef de l'Etat. Dès la fin de l'intervention télévisée de Jacques Chirac, Laurent Fabius (Economie et Finances), Daniel Vaillant (Intérieur), Marylise Lebranchu (Justice), se sont succédés, pour, chacun dans son domaine, corriger ou démentir les propos présidentiels.

Mais c'est le premier secrétaire du parti socialiste, François Hollande, qui s'est montré le plus virulent. Ce proche de Lionel Jospin a lancé une attaque frontale, accusant Jacques Chirac de «mensonge», d'«irresponsabilité», de «falsification». Et d'ajouter que «jamais il n'y a eu un président qui a été autant concerné par les affaires de justice».

La fin de la cohabitation s'annonce mouvementée

Face à l'«opération polémique» du président, selon la formule de Laurent Fabius, c'est peu dire que le Premier ministre relève le gant. Il a décidé de répondre non seulement par des paroles, mais aussi par des actes. Dès mardi 17 juillet, ses ministres annonceront des mesures concrètes et chiffrées. Daniel Vaillant devrait ainsi mettre l'accent sur l'embauche de 3000 policiers en 2001, et Elisabeth Guigou sur une aide accrue aux chômeurs en grande difficulté.

Le dernier 14 juillet du septennat ouvre, sur un mode très offensif, la campagne présidentielle de l'an prochain. Jamais, depuis 1997, Jacques Chirac n'avait été si direct à l'encontre du gouvernement, dénonçant sa gestion en matière de sécurité, d'emploi, de politique fiscale, critiquant «l'affaiblissement de l'Etat» et, allusion au passé trotskiste de Lionel Jospin, «une école de pensée qui veut casser l'Etat».

Pour le président, ces attaques présentent l'avantage de détourner l'attention de l'encombrante affaire de ses voyages payés en liquide. Elles obligent aussi son probable adversaire à venir sur le terrain qu'il a choisi : la critique du bilan gouvernemental. Compte tenu de la tournure que prend le débat à huit mois du scrutin, la dernière ligne droite de la cohabitation s'annonce mouvementée.



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 16/07/2001