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Affaires politico-financières

Chirac contre-attaque

Le président Jacques Chirac, mis à mal dans l'affaire du financement de ses voyages privés, a choisi la contre-attaque au cours de la traditionnelle interview du 14 juillet depuis le Palais de l'Elysée. Jamais garden party n'avait été autant attendue. Reportage.
Il était très attendu, il a contre-attaqué. Les sommes invoquées dans cette affaire (2,4 millions de francs) ont-elles été gonflées, interroge le journaliste de TF1 ? «J'ai été stupéfait du chiffre exorbitant», affirme Jacques Chirac. Après vérifications, ces sommes ne se dégonflent pas, dit-il, «elles font pschitt !».

Dans la salle de presse, où se massent les journalistes devant un poste de télévision, les rires sont à peine étouffés. Le «pschitt» fera date. Pendant une heure vingt, le chef de l'Etat répond aux questions des journalistes : la défaite de la France face à la Chine pour l'organisation des Jeux Olympiques 2008, «je suis triste, je le regrette pour les Français, la France et nos champions». Autres thèmes évoqués : l'environnement, l'épargne retraite, la législation des rave parties, la sécurité (multipliant au passage les attaques contre le gouvernement Jospin) mais c'est l'affaire des voyages du président qui retient toute l'attention. Le chef de l'Etat dément en bloc toutes les accusations et affirme avoir payé tous ses voyages sur ses fonds personnels en liquide, par «discrétion et sécurité».

«Les règlements ont été faits de manière parfaitement légale, sur facture et payés avec mes indemnités personnelles», explique-t-il, estimant «scandaleux» qu'on s'en prenne à sa fille et à sa femme dans cette affaire (Claude Chirac, la fille du président ayant été entendue par les juges). «Une limite a été franchie», déclare Jacques Chirac, poursuivant : «ma fille a été convoquée et a du s'expliquer sur deux voyages, un voyage professionnel fait en ma compagnie et un deuxième voyage au Kenya, pays où elle n'a jamais mis les pieds».

A propos de la polémique sur les fonds spéciaux, il a demandé «le gel» des «sommes considérables» (hors DGSE) dont disposent «le Premier ministre comme ses prédécesseurs», les chiffrant à des «centaines de millions de francs». Le président a précisé que «Matignon a 95%» de la somme tandis que l'Elysée a moins de «5%».

«la pelouse est foutue» dit un employé de l'Elysée

Inhabituellement longue, la prestation télévisée est retransmise sur les écrans disposés aux quatre coins de la salle des fêtes du Palais de l'Elysée. Sous les lustres, les invités s'y pressent, car dehors, il pleut à verse comme depuis le début de la journée et le traditionnel défilé militaire s'est déroulé sous une pluie battante.

Résultat : la garden party est plus que boueuse, certaines de ces dames n'hésitent pas à retirer leurs chaussures pour gagner un abri, sous les grandes tentes des stands de gastronomie régionale, ou sous le généreux parapluie d'un membre de la sécurité.

«La pelouse est foutue», grommele un employé de la maison. Des anonymes, des associations (l'Association nationale pour l'Education de chiens d'assistance pour Handicapés par exemple), des jeunes, des ambassadeursà Quelques messieurs dérapent, répriment un juron, mais le véritable moment de réchauffement dans cette ambiance humide, s'annonce avec la fin de l'interview télévisée.

C'est le moment où le président, accompagné de son épouse, vient saluer, dans les jardins, ses fans. Certains sont venus de loin. Le président prend le micro et remercie son public. Dans la foule, un monsieur grisonnant n'hésite pas «Chirac, il m'a sauvé la vie en Algérie. Le reste on s'en foutà d'ailleurs en politique, je n'y connais rien».



par Sylvie  Berruet

Article publié le 14/07/2001