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Affaires politico-financières

Fonds secrets : Lionel Jospin demande un rapport

Tandis que Jacques Chirac se refuse à tout commentaire sur son éventuelle convocation comme témoin assisté dans l'affaire des billets d'avion payés en espèces, Lionel Jospin a demandé à la Cour des Comptes un rapport de «réexamen d'ensemble» des fonds secrets.
La polémique sur l'utilisation des fonds spéciaux, encore appelés fonds secrets, continue d'enfler et d'alimenter la controverse. Tout a commencé la semaine dernière quand la presse a révélé que les voyages privés du Président français et de sa famille, entre 1992 et 1995, auraient été payés en espèces grâce à cette manne échappant à toutes règles de la comptabilité publique. Lionel Jospin, pour prendre de vitesse Jacques Chirac qui sera immanquablement interrogé sur le sujet au cours de son allocution télévisée du 14 juillet, a commandé mercredi à la Cour des Comptes un rapport sur le «réexamen d'ensemble» de ces fonds.

Dans sa lettre de mission, le Premier ministre souligne qu'il est «attaché à faire en sorte que ces fonds soient gérés avec une attentive rigueur». Précisant qu'il émet cette demande «à titre personnel», Lionel Jospin souligne qu'il apprécierait de pouvoir recevoir les propositions du Premier Président de cette institution «avant la fin de la présente année» pour le transmettre ensuite au Parlement. Déjà la semaine dernière, la secrétaire d'Etat au Budget, Florence Parly avait assuré les députés que le gouvernement n'était pas «hostile» à une réflexion sur les fonds spéciaux, jugeant que le système actuel n'était pas «satisfaisant».

Violentes réactions à droite

En début de semaine, dans un rapport transmis au procureur général de la Cour d'appel de Paris, Jean-Pierre Dintilhac, le procureur de la République de Paris a estimé qu'il était possible d'entendre Jacques Chirac dans cette affaire comme témoin assisté. L'éventualité d'une décision de justice demandant l'audition du chef de l'Etat a particulièrement irrité la droite. Derrière la volonté affichée de transparence du gouvernement, l'opposition et les chiraquiens en tête y ont plutôt vu une campagne systématique contre le président, à moins d'un an des échéances électorales (présidentielle et législatives).

Patrick Devedjian, conseiller politique du RPR et ancien avocat de Jacques Chirac, a aussitôt réagi : «c'est une campagne acharnée pour démolir Chirac». Jacques Barrot, député UDF, a surenchéri : «c'est une campagne de rumeur, de dénigrement visant à affaiblir la popularité de Jacques Chirac» avant de suggérer de «geler tous les fonds secrets, d'arrêter tout versement et de faire une commission chargée de veiller à leur usage». Christine Boutin, apparentée UDF et candidate à la présidentielle de 2002 a également pris la défense du chef de l'Etat, jugeant qu'il était victime de «harcèlement». A gauche, Vincent Peillon, porte-parole du PS, a déclaré que les réactions des élus de l'opposition exprimaient «un grand désarroi, une peine à trouver des arguments pour justifier une situation dans laquelle se trouve Jacques Chirac». Noël Mamère, député Vert de Gironde a, quant à lui, parlé carrément d'une «affaire d'Etat».

Si Jean-Pierre Dintilhac décide le 9 juillet de donner le feu vert aux juges pour entendre le chef de l'Etat, les magistrats seront confrontés au même problème que le juge Eric Halphen dans le dossier des HLM de Paris, qui avait convoqué Jacques Chirac et qui s'était vu opposer un refus catégorique. Pendant ce temps, à l'Elysée, les collaborateurs du président essaient d'élaborer une riposte crédible.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 05/07/2001