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Mondialisation

Gênes en état de siège

Pas moins de 100 000 manifestants anti-mondialisation sont attendus en fin de semaine dans la ville du nord de l'Italie qui accueille, de vendredi à dimanche, le sommet des sept pays les plus industrialisés, plus la Russie (G8). Plusieurs centaines d'organisations non gouvernementales, rassemblées pour le Genova Social Forum ont entamé lundi leur contre-sommet et s'apprêtent à défiler dans les rues de Gênes durant toute la durée du G8.
Echaudées par les incidents violents qui accompagnent désormais la plupart des rencontres internationales de haut niveau, les autorités italiennes ont quadrillé la ville. Une «zone rouge», le périmètre du centre historique où se tient la rencontre des chefs d'Etat et de gouvernement, est interdite à toute personne non-accréditée. Une «zone jaune», sorte de sas entre les artères interdites et celles qui seront entièrement libres, sera soumise à des restrictions de circulation. La tentation a été forte de fermer toutes les gares d'accès à Gênes mais il a finalement été décidé de permettre la circulation des trains spéciaux de manifestants pour éviter les incidents. Exception aux accords européens de Schengen, le contrôle des passeports aux frontières a été momentanément rétabli. Et, signe d'une certaine tension, la multiplication des alertes à la bombe et des perquisitions policières dans les lieux alternatifs, supposés anti-G8.

Par crainte des casseurs

Ce déploiement de mesures de sécurité, dont près de 18 000 représentants des forces de l'ordre, s'explique par les accrochages de plus en plus durs entre manifestants et policiers depuis la manifestation «fondatrice» pour les anti-mondialisation qui s'est tenue en décembre 1999 à Seattle, lors du sommet de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Surpris et dépassé, le maire de Seattle utilisait gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc contre les manifestants. Depuis, au côté des militants d'organisations opposées à l'ultralibéralisme mais qui ont pignon sur rue, on retrouve des «enragés» venus avant tout pour en découdre. C'est ce qui s'est produit à Prague en septembre 2000, lors de la réunion du FMI et de la Banque mondiale, et à Nice, en décembre de la même année, pendant le sommet européen. Mais le pire est survenu à Göteborg en juin 2001, où des casseurs bien plus que des militants sont venus perturber le sommet clôturant la présidence suédoise de l'Union européenne. La police tirait alors à balles réelles faisant trois blessés et déclenchant émotion et indignation générales.

Les membres du Genova Social Forum ont décidé de maintenir leurs actions du 19 au 21 juillet, refusant de reconnaître de quelconques «zones jaunes» et s'approcheront au plus près du lieu du G8. Mais, soulignent les organisateurs, les actions seront menées sans porter atteinte aux personnes, ni aux biens matériels. De son côté, la police italienne s'est engagée à une conduite digne d'une démocratie et d'un pays civilisé. Les débordements ne sont cependant pas à exclure avec la présence à Gênes de groupes plus radicaux ne se réclamant pas nécessairement de cette coordination.






par Francine  Quentin

Article publié le 18/07/2001