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Mondialisation

Un G8 endeuillé

Les travaux du G8 ont repris samedi matin dans un climat encore alourdi par la mort d'un jeune manifestant italien de 23 ans. Le policier qui l'a abattu au cours des heurts violents de vendredi a été inculpé d'homicide volontaire. Les plus grandes craintes pèsent sur la marche anti-mondialisation qui doit avoir lieu à Gênes dans l'après-midi et où plus de 100 000 personnes sont attendues.
Les chefs d'Etat et de gouvernement des sept pays les plus industrialisés (G7) avaient à peine commencé leur réunion consacrée aux grands problèmes économiques de la planète, vendredi à Gênes, que les premiers affrontements, tant redoutés, entre policiers et manifestants antimondialistes éclataient. Résultat de cette première manifestation, avant le grand rassemblement prévu samedi, un mort, plusieurs dizaines de blessés de part et d'autre, une soixantaine de manifestants arrêtés et quelques dégâts matériels. Les éléments violents ont tenté d'entraîner à leur suite la coordination pacifiste Genova Social Forum qui prône l'opposition à la tenue du sommet mais dans le calme.

Pendant ce temps, au Palais ducal de Gênes les représentants des Sept (Etats-Unis, Canada, Japon, France, Italie, Allemagne, Royaume-Uni) se penchaient sur la santé de l'économie mondiale. Le diagnostic est que le ralentissement de la croissance a été plus prononcé que prévu mais que les tendances à long terme restent bonnes. En effet, il existe une base solide à la reprise et la politique monétaire active des Etats-Unis qui, contrairement à la zone euro, ont réduit leurs taux d'intérêt, va également dans ce sens. Cet optimisme ne s'étend cependant pas totalement au Japon où la mise en oeuvre de réformes économiques vigoureuses s'impose pour sortir du marasme.

Prise en compte des moins développés

Le lancement d'un nouveau cycle de négociations sur la libéralisation du commerce international apparaît au G7 de nature à favoriser une croissance économique soutenue. C'est pourquoi ils l'appellent de leur v£u lors de la prochaine réunion ministérielle de l'OMC, en novembre au Qatar. Ce nouveau cycle de négociations devrait prendre en compte la situation des pays en développement et notamment les plus pauvres d'entre eux. Le G7 entend ainsi se départir de son image de «club des riches».

Cette préoccupation pour les pays émergents et en développement, inscrite à plusieurs étapes de l'ordre du jour de cette rencontre de Gênes, s'est aussi exprimée sur le prix de l'énergie. En effet, parmi les facteurs néfastes à la croissance, les Sept ont désigné le prix élevé et fluctuant du pétrole dont pâtissent les économies développées, ont-ils souligné, mais surtout les pays en développement.

Développement encore avec le rapport d'étape sur la réduction de la dette des pays les plus pauvres et les plus endettés, l'initiative PPTE lancée en 1999 au sommet de Cologne. Les chefs d'Etat se sont félicités que 23 pays en aient bénéficié et que 12 de plus soient en attente de décision. Cependant aucun effort financier supplémentaire en leur faveur n'a été annoncé. Les associations militant pour l'annulation pure et simple de la dette du tiers monde, venues nombreuses à Gênes, ne manqueront pas d'exprimer leur déception.

A l'issue de cette première réunion en formation G7, l'arrivée du président russe Vladimir Poutine a permis au G8 de procéder au lancement officiel du Fonds mondial pour la santé consacré à la lutte contre le sida et les grandes endémies. Enfin, les participants au G8 devaient rencontrer dans la soirée les chefs d'Etat de six pays en développement pour préciser une stratégie de lutte contre la pauvreté.



par Francine  Quentin

Article publié le 21/07/2001