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Indonésie

Wahid convoqué par les députés

Le président indonésien Addurrahman Wahid est sommé par l'Assemblée consultative du peuple de se présenter lundi devant ses membres pour justifier de ses actions durant ses 21 mois de pouvoir. Faute de répondre à cette convocation le président, accusé d'incompétence et impliqué dans deux scandales financiers devrait être l'objet d'une procédure de destitution. Et c'est bien ce qui pourrait se produire car l'intéressé a déjà fait savoir qu'il ne répondrait pas à cette invitation pressante qu'il juge illégale.
«Les derniers développements montrent qu'un compromis n'est plus possible.» Comme la plupart des analystes indonésiens, l'universitaire Affan Gafar considère que les discussions entre le président et le Parlement indonésiens sont peine perdue. Pourtant, après un entretien avec son ministre de la sécurité, Abdurrahman Wahid a préféré, vendredi 20 juillet, ne lancer qu'un appel à trouver un compromis plutôt que de proclamer l'état d'urgence dans tout le pays.

Le chef de l'Etat devait proclamer vendredi 20 juillet l'état d'urgence. La mesure devait prendre effet le 31 juillet, c'est-à-dire la veille de la session du Parlement convoquée pour entamer la procédure de destitution du président. «Cette période de onze jours est donnée pour permettre à un compromis d'être trouvé, et c'est le maximum de concessions que je puisse faire», avait déclaré Abdurrahman Wahid. Le chef de l'Etat n'était pas hostile à de nouvelles négociations avec ses adversaires du Parlement. Mais pour l'heure, toutes les propositions ont été rejetées. La vice-présidente, Megawati Sukarnoputri, dont le Parti démocratique de lutte (PDI-P) est le plus important du Parlement, a d'ores et déjà refusé le compromis qui consistait à transférer les pouvoirs du président, qui conserverait son titre, à son bénéfice.

Vingt mois de présidence controversée

Menacée d'une dissolution, l'Assemblée consultative du peuple (MRP) avait répliqué en annonçant qu'elle anticiperait le processus de destitution au 21 juillet, prévu le 1er août. Celle-ci avait voté mercredi 30 mai par 365 voix contre 4 la réunion d'une session extraordinaire en vue de destituer le président au profit de la vice-présidente, fille aînée de Suharto, fondateur de l'Indonésie.

La plus haute instance législative est bien décidée à entendre Abdurrahman Wahid sur ses vingt mois de présidence controversée. Le chef de l'Etat est toujours soupçonné d'être impliqué dans deux scandales financiers, bien que le parquet indonésien ait souligné l'absence de preuve à son encontre. Et son bilan politique est également contesté. «La vie du peuple se détériore, le marché et les institutions financières ont perdu confiance, la roupie perd sa valeur, le chômage monte et les prix grimpent», a déclaré la représentante du parti de l'ex-président Suharto. Abdurrahman Wahid avait néanmoins réaffirmé son refus de quitter la présidence. «Le mot démission ne figure pas mon dictionnaire, je dois rester jusqu'en 2004», a-t-il déclaré. Ouléma tolérant et érudit, le surnommé Gus Dur continue de penser qu'il peut réduire le fossé entre les nationalistes et islamistes, tout en évitant la sécession de provinces séparatistes.

Très isolé sur la scène politique, le président compte de nombreux partisans parmi les musulmans javanais. Plusieurs insurrections ont déjà éclaté depuis la constitution du MRP. Les forces de sécurité avaient donc été placées en état d'alerte. Pas moins de 42 000 policiers et soldats avaient été mobilisés. Les responsables de la police et de l'armée avaient exprimé à plusieurs reprises leur hostilité à l'état d'urgence, qu'ils auraient malgré tout été obligés de faire respecter.



par Nathalie  Rohmer

Article publié le 21/07/2001