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France: présidentielle 2002

Jospin prépare sa campagne

C'est de la bonne ville de Limoges que Lionel Jospin, le Premier ministre français, a décidé de reprendre l'initiative sur la scène politique. Il a saisi l'occasion d'un comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire pour accepter l'invitation de France 3 à s'exprimer devant les Français.
Lionel Jospin n'est pas en «pré-campagne» électorale. Et pour cause, il n'est pas candidat à l'élection présidentielle. En tout cas, c'est ce qu'il affirme pour l'instant. Chef du gouvernement, il n'a cessé de répéter lors de son intervention télévisée du 9 juillet, qu'il travaillerait «jusqu'au bout de son mandat». Et pourtant, en choisissant de s'exprimer à quelques jours du 14 juillet, date à laquelle traditionnellement le président de la République répond aux questions des journalistes lors de la garden party de l'Elysée, il se place inévitablement dans une perspective éminemment politique et à coup sûr pré-électrorale.

D'autant plus que l'explication de texte sur les mesures annoncées à la suite du comité interministériel, tenu dans la journée, n'a pas été au coeur de son entretien avec la journaliste Elise Lucet. Un rappel sur les efforts du gouvernement pour réduire ce que le Premier ministre appelle le «fossé numérique». Dix milliards de francs seront débloqués pour permettre l'accès de tous aux communications haut débit d'ici 2005. Cinq cents millions de francs pour compléter la couverture nationale en téléphonie mobile. Quelques mots sur la solidarité avec les régions sinistrées à la suite des inondations et les montants débloqués pour les aider. Et puis voilà.

Pour le reste, c'est un Lionel Jospin qui se voulait souriant et détendu, heureux d'être à Limoges et d'avoir dégusté une bonne «viande rouge» au déjeuner, qui s'est prêté avec complaisance au jeu des questions-réponses sur les affaires en cours. Le gel des fonds spéciaux, suggérés par trois députés de l'opposition, Jean-Louis Debré, Philippe Douste-Blazy et Jean-François Mattéi, apparaît à Lionel Jospin comme une idée «irresponsable» qu'il ne mettra pas en oeuvre. Mieux, le Premier ministre estime qu'il s'agit là d'une «opération de diversion un tout petit peu cousue de fil blanc». «Diversion» par rapport aux attaques dont fait l'objet le président de la République qui a invoqué l'utilisation des fonds secrets pour justifier le paiement en liquide de voyages familiaux pour un montant de plus de deux millions de francs. Et de s'en prendre à ces «personnalités» qui se réveillent maintenant alors que ces fonds existent depuis 50 ans sans que personne y ait trouvé à redire. Sans attaquer de front le président de la République qui est à l'origine de cette polémique, Lionel Jospin n'a pas hésité à critiquer avec virulence et insistance les trois présidents des groupes parlementaires de l'opposition à l'Assemblée nationale.

Pas de gel des fonds spéciaux

Pour Lionel Jospin, le gel des fonds secrets remettrait en cause le fonctionnement des services de l'Etat. Mais conscient des attentes des Français en matière de «transparence», il a demandé à la Cour des comptes de lui faire des propositions de réforme. Mieux, il s'engage «devant les Français» à reverser à la fin de son mandat tous les excédents qui n'auront pas été utilisés. Et surtout, il affirme haut et fort que depuis quatre ans, ces fonds n'ont jamais servi à des «financements politiques ou de campagne».

Concernant l'audition du chef de l'Etat comme témoin assisté dans l'affaire des billets d'avion, no comment. C'est une question dont le Premier ministre ne se «mêle pas». Par contre, il pense qu'il est «nécessaire» d'engager une réforme du statut pénal du président. Mais pas avant 2002 pour qu'on ne l'accuse pas d'avoir des arrières pensées politiciennes concernant l'actuel occupant de l'Elysée.

Lionel Jospin a aussi défendu son bilan. Il a mis en avant le combat du gouvernement contre le chômage, «la priorité à l'emploi». Il s'est félicité que «notre politique économique» soit «plus efficace que celle de nos voisins». Malgré le ralentissement de la croissance qui pourrait n'être, selon lui, qu'un «gros trou d'air».

Le seul rictus un peu contrit du Premier ministre est apparu quand la dissimulation de son passé trotskiste est revenue dans la conversation. A la question, un homme politique n'est-il pas tenu de tout dire sur ses engagements, il a répondu plusieurs fois presque agacé: «C'est fait».



par Valérie  Gas

Article publié le 10/07/2001