OGM
Une dissémination silencieuse
Une enquête vient de mettre en évidence, en France, la présence de traces d'organismes génétiquement modifiés (OGM) dans des échantillons de semences traditionnelles de maïs, colza et soja. Si pour l'instant, les autorités estiment qu'il n'y pas de risque en terme de santé publique, les questions d'une diffusion incontrôlée, d'une absence de traçabilité et d'un manque de transparence dont pâtissent les consommateurs se posent avec une extrême acuité.
Les OGM sont-ils en train de coloniser les champs français à l'insu même des cultivateurs ? Quel est l'avenir de l'agriculture dite «biologique» si les OGM se propagent inexorablement et sans possibilité de contrôle ? Comment informer les consommateurs du type d'aliments qui leur sont proposés ? La diffusion des résultats d'une enquête menée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui avait permis de déceler dans un nombre significatif d'échantillons de semences traditionnelles la présence de traces d'organismes génétiquement modifiés, a relancé le débat entre partisans et opposants des OGM.
Pour l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), dont l'avis a été sollicité par le gouvernement, la réalité de la présence d'OGM ne fait aucun doute. Parmi les semences analysées, il semble que c'est le maïs qui est le plus touché avec 41 % des échantillons atteints. Ce chiffre est nettement plus élevé que celui annoncé par le syndicat des semenciers (7 %). En tout état de cause, l'Afssa estime que la dissémination d'OGM en faible proportion est un phénomène généralisé : «Plusieurs observations amènent à considérer que la situation décrite n'est pas spécifique des lots analysés mais que la présence fortuite d'OGM à l'état de trace dans une proportion non négligeable des semences ou des récoltes conventionnelles paraît actuellement une réalité».
Liste disponible sur Internet
Rassurante, l'Afssa estime malgré tout qu'à «ce stade, aucun élément porté à notre connaissance ne suggère de risque pour la santé publique». Cela n'a pas empêché les anti-OGM de manifester leur indignation avec virulence. Les Verts, par exemple, ont demandé «l'interdiction complète des cultures transgéniques». L'association Greenpeace a critiqué le «laxisme» du gouvernement «qui dispose de ces résultats depuis au moins deux mois». La Confédération paysanne est montée, elle aussi, au créneau pour mettre en cause l'attitude du gouvernement sur ce dossier sensible, réclamer que le seuil de tolérance des OGM soit égal à zéro, la destruction des cultures d'OGM existantes et «l'interdiction d'importer des semences provenant des pays utilisant les techniques OGM».
En effet, l'une des explications de cette dissémination est l'existence d'importations de semences polluées en provenance de pays comme les Etats-Unis où les cultures transgéniques représentent une proportion importante des terres cultivées. En Europe aussi, malgré l'existence depuis 1998 d'un moratoire qui a suspendu les procédures d'autorisation de nouveaux OGM, certaines variétés déjà commercialisées avant cette date pourraient aussi avoir été à l'origine de la propagation des OGM. En France, on compte 34 hectares de maïs génétiquement modifié sur un total de trois millions d'hectares plantés. L'absence de mesures de protection des cultures traditionnelles avoisinantes (éloignement, barrière végétale) pourrait ainsi avoir favorisé la diffusion des OGM par un phénomène «pollinisation».
Jusqu'à présent, le gouvernement gardait le silence sur les implantations de ces cultures expérimentales notamment pour éviter les opérations de destruction des militants anti-OGM. Mais depuis le 22 juin, le ministère de l'Agriculture a publié la liste des essais en cours. Pour répondre à la nouvelle vague de protestations consécutive à la diffusion de l'avis de l'Afssa, un certain nombre de mesures ont été décidées pour assurer plus de transparence et améliorer une traçabilité jusque-là déficiente.
Désormais, les demandes d'autorisation de champs d'OGM seront rendues publiques sur le site Internet de la Commission du génie biomoléculaire. Les avis de cette commission seront eux aussi diffusés. Des séminaires auront lieu deux fois pars an pour permettre aux associations de consommateurs, de défense de l'environnement et aux professionnels de confronter leurs points de vue. Et le gouvernement envisage l'élaboration d'une «charte de la transparence des essais OGM».
Au niveau européen, la Commission de Bruxelles a proposé d'instaurer un système unique de traçabilité, d'améliorer l'étiquetage des produits comportant des OGM pour les aliments destinés à l'alimentation humaine mais aussi animale, de centraliser l'évaluation de la mise sur le marché d'OGM.
Pour en savoir plus :
Ministère de l'Agriculture et de la Pêche
Pour l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), dont l'avis a été sollicité par le gouvernement, la réalité de la présence d'OGM ne fait aucun doute. Parmi les semences analysées, il semble que c'est le maïs qui est le plus touché avec 41 % des échantillons atteints. Ce chiffre est nettement plus élevé que celui annoncé par le syndicat des semenciers (7 %). En tout état de cause, l'Afssa estime que la dissémination d'OGM en faible proportion est un phénomène généralisé : «Plusieurs observations amènent à considérer que la situation décrite n'est pas spécifique des lots analysés mais que la présence fortuite d'OGM à l'état de trace dans une proportion non négligeable des semences ou des récoltes conventionnelles paraît actuellement une réalité».
Liste disponible sur Internet
Rassurante, l'Afssa estime malgré tout qu'à «ce stade, aucun élément porté à notre connaissance ne suggère de risque pour la santé publique». Cela n'a pas empêché les anti-OGM de manifester leur indignation avec virulence. Les Verts, par exemple, ont demandé «l'interdiction complète des cultures transgéniques». L'association Greenpeace a critiqué le «laxisme» du gouvernement «qui dispose de ces résultats depuis au moins deux mois». La Confédération paysanne est montée, elle aussi, au créneau pour mettre en cause l'attitude du gouvernement sur ce dossier sensible, réclamer que le seuil de tolérance des OGM soit égal à zéro, la destruction des cultures d'OGM existantes et «l'interdiction d'importer des semences provenant des pays utilisant les techniques OGM».
En effet, l'une des explications de cette dissémination est l'existence d'importations de semences polluées en provenance de pays comme les Etats-Unis où les cultures transgéniques représentent une proportion importante des terres cultivées. En Europe aussi, malgré l'existence depuis 1998 d'un moratoire qui a suspendu les procédures d'autorisation de nouveaux OGM, certaines variétés déjà commercialisées avant cette date pourraient aussi avoir été à l'origine de la propagation des OGM. En France, on compte 34 hectares de maïs génétiquement modifié sur un total de trois millions d'hectares plantés. L'absence de mesures de protection des cultures traditionnelles avoisinantes (éloignement, barrière végétale) pourrait ainsi avoir favorisé la diffusion des OGM par un phénomène «pollinisation».
Jusqu'à présent, le gouvernement gardait le silence sur les implantations de ces cultures expérimentales notamment pour éviter les opérations de destruction des militants anti-OGM. Mais depuis le 22 juin, le ministère de l'Agriculture a publié la liste des essais en cours. Pour répondre à la nouvelle vague de protestations consécutive à la diffusion de l'avis de l'Afssa, un certain nombre de mesures ont été décidées pour assurer plus de transparence et améliorer une traçabilité jusque-là déficiente.
Désormais, les demandes d'autorisation de champs d'OGM seront rendues publiques sur le site Internet de la Commission du génie biomoléculaire. Les avis de cette commission seront eux aussi diffusés. Des séminaires auront lieu deux fois pars an pour permettre aux associations de consommateurs, de défense de l'environnement et aux professionnels de confronter leurs points de vue. Et le gouvernement envisage l'élaboration d'une «charte de la transparence des essais OGM».
Au niveau européen, la Commission de Bruxelles a proposé d'instaurer un système unique de traçabilité, d'améliorer l'étiquetage des produits comportant des OGM pour les aliments destinés à l'alimentation humaine mais aussi animale, de centraliser l'évaluation de la mise sur le marché d'OGM.
Pour en savoir plus :
Ministère de l'Agriculture et de la Pêche
par Valérie Gas
Article publié le 27/07/2001