Nigeria
Le téléphone portable, enfin!
Le Nigeria, l'un des Etats les plus mal lotis du monde en matière de télécommunications, s'apprête à entrer dans l'ère du portable. Une petite révolution dans un pays où il vaut souvent mieux se déplacer que tenter de joindre quelqu'un au téléphone.
Le geste peut paraître tout à fait banal. Au Nigeria pourtant, prendre son combiné pour joindre un proche ou un client relève du parcours du combattant. Si vous êtes chanceux, la communication passe immédiatement. Mais le plus souvent, il vous faudra tenter de nombreuses fois, sans être assuré d'obtenir finalement votre correspondant. «Si vous cherchez à appeler quelqu'un. Mieux vaut aller directement chez la personne», témoigne sans ironie un expatrié français. Si vous vous trouvez à Lagos, la gigantesque capitale économique, réputée pour ses embouteillages monstrueux, l'exercice peut s'avérer particulièrement laborieux.
Une telle situation modèle forcément les relations sociales, notamment dans le domaine des affaires, où les entreprises sont très souvent obligées de communiquer par coursier interposé. Cette situation a aussi de lourdes conséquences sur l'accès à l'Internet qui, état désastreux du réseau téléphonique oblige, reste encore plus limité qu'ailleurs sur le continent africain.
Moins de quatre habitants sur mille ont accès à une ligne
L'explication est simple : moins de quatre habitants sur mille ont accès à une ligne. Et encore, à peine 400 000 fonctionnent au même instant, pour un pays dépassant les 120 millions d'habitants. Dans un pays au réseau filaire tout aussi pauvre, tel que la République démocratique du Congo, les habitants qui en ont les moyens ont depuis longtemps adopté le téléphone portable, fonctionnant depuis déjà une dizaine d'années. Au Nigeria, rien de tel. La NITEL, la société nationale de téléphone, propose bien des appareils cellulaires. Sauf qu'ils sont vendus à des prix exorbitants et fonctionnent de manière plus qu'aléatoire. Pour la petite histoire, l'entourage du président Chirac en avait réclamé, lors de son voyage officiel en juillet 1999. Les appareils ont certes été fournis. Mais ils ne marchaient pas.
Pour la première fois, la situation pourrait s'améliorer avec le lancement, cette semaine, de services privés de téléphonie mobile. Il y a quelques mois, le gouvernement nigérian a vendu aux enchères trois licences pour 285 millions de dollars chacune à trois sociétés différentes, selon l'Agence France presse. MTN Nigeria Ltd, la filiale locale de l'opérateur sud-africain MTN, qui devait mettre en vente dès ce mercredi les 100 000 premières lignes, et Econet Wireless Nigeria Ltd, émanation de Econet Wireless International, un opérateur basé au Zimbabwe, entreront en concurrence avec le réseau déjà exploité par une filiale de la société nationale.
Une petite révolution après des années de frustration. Ce progrès ne profitera toutefois qu'à une partie relativement limitée de la population. Du moins au départ. MTN, société qui a déjà fait ses preuves au pays de Nelson Mandela, débutera ses services par Lagos, Abuja, capitale politique, et Port Harcourt, c£ur de l'industrie pétrolière. Avec des tarifs de départ difficilement abordables pour le Nigérian moyen. Le prix d'une ligne varie, en effet, de 15 000 naira (135 dollars) à 20 000 naira (180 dollars), avec un abonnement mensuel fixé à 4000 naira (35 dollars). Les entreprises assurent toutefois que les prix devraient baisser au fur et à mesure de l'accroissement du nombre d'utilisateurs. De toute façon la demande est telle que beaucoup de Nigérians sont déjà prêts à mettre la main au portefeuille. «Je pense que cela va changer la vie de beaucoup d'entre nous. Moi-même qui n'ai jamais réussi à avoir de téléphone chez moi, je compte bien me débrouiller pour me procurer un portable dès que possible», nous a ainsi confié un habitant d'Abuja, miraculeusement joint par téléphone sur son lieu de travail.
Une telle situation modèle forcément les relations sociales, notamment dans le domaine des affaires, où les entreprises sont très souvent obligées de communiquer par coursier interposé. Cette situation a aussi de lourdes conséquences sur l'accès à l'Internet qui, état désastreux du réseau téléphonique oblige, reste encore plus limité qu'ailleurs sur le continent africain.
Moins de quatre habitants sur mille ont accès à une ligne
L'explication est simple : moins de quatre habitants sur mille ont accès à une ligne. Et encore, à peine 400 000 fonctionnent au même instant, pour un pays dépassant les 120 millions d'habitants. Dans un pays au réseau filaire tout aussi pauvre, tel que la République démocratique du Congo, les habitants qui en ont les moyens ont depuis longtemps adopté le téléphone portable, fonctionnant depuis déjà une dizaine d'années. Au Nigeria, rien de tel. La NITEL, la société nationale de téléphone, propose bien des appareils cellulaires. Sauf qu'ils sont vendus à des prix exorbitants et fonctionnent de manière plus qu'aléatoire. Pour la petite histoire, l'entourage du président Chirac en avait réclamé, lors de son voyage officiel en juillet 1999. Les appareils ont certes été fournis. Mais ils ne marchaient pas.
Pour la première fois, la situation pourrait s'améliorer avec le lancement, cette semaine, de services privés de téléphonie mobile. Il y a quelques mois, le gouvernement nigérian a vendu aux enchères trois licences pour 285 millions de dollars chacune à trois sociétés différentes, selon l'Agence France presse. MTN Nigeria Ltd, la filiale locale de l'opérateur sud-africain MTN, qui devait mettre en vente dès ce mercredi les 100 000 premières lignes, et Econet Wireless Nigeria Ltd, émanation de Econet Wireless International, un opérateur basé au Zimbabwe, entreront en concurrence avec le réseau déjà exploité par une filiale de la société nationale.
Une petite révolution après des années de frustration. Ce progrès ne profitera toutefois qu'à une partie relativement limitée de la population. Du moins au départ. MTN, société qui a déjà fait ses preuves au pays de Nelson Mandela, débutera ses services par Lagos, Abuja, capitale politique, et Port Harcourt, c£ur de l'industrie pétrolière. Avec des tarifs de départ difficilement abordables pour le Nigérian moyen. Le prix d'une ligne varie, en effet, de 15 000 naira (135 dollars) à 20 000 naira (180 dollars), avec un abonnement mensuel fixé à 4000 naira (35 dollars). Les entreprises assurent toutefois que les prix devraient baisser au fur et à mesure de l'accroissement du nombre d'utilisateurs. De toute façon la demande est telle que beaucoup de Nigérians sont déjà prêts à mettre la main au portefeuille. «Je pense que cela va changer la vie de beaucoup d'entre nous. Moi-même qui n'ai jamais réussi à avoir de téléphone chez moi, je compte bien me débrouiller pour me procurer un portable dès que possible», nous a ainsi confié un habitant d'Abuja, miraculeusement joint par téléphone sur son lieu de travail.
par Christophe Champin
Article publié le 07/08/2001