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Etats-Unis

Les vacances de M. Bush

George W. Bush s'offre les plus longues vacances présidentielles depuis 32 ans. A la fin du mois, il aura passé 42 % de son temps de président en vacances, ou en route pour les vacances. C'est trop, pour 55% des Américains. «Je suis le genre de personnes qui a besoin d'être en plein air», se défend «W» depuis son ranch texan.
De notre correspondant aux Etats-Unis

Eh oui, il est comme ça George Bush junior. Il a besoin de grand air. La capitale l'étouffe, les dossiers l'ennuient. Ce qu'il aime, c'est parcourir, à bord de sa voiturette de golf, son ranch de Prairie Chapel, à Crawford dans le centre du Texas. «Etre en plein air est une des choses que je trouve être, vous savez, salutaire, plaide «W». Washington DC est un endroit très bien, je suis honoré de travailler dans le bureau ovale, dans cette enceinte. Mais je suis le genre de personne qui a besoin d'être en plein air. J'aime être dehors, j'aime travailler dehors. Cela conserve mon esprit en bon état, cela me permet de conserver le moral. Je pense que c'est important pour les gens d'aller dehors et de travailler. Et puis j'améliore beaucoup de choses dans le ranch. Et je pense que cela est pour beaucoup dans ce qui me permet de rester une personne équilibrée». Le message est passé. George W. Bush, donc, aime les vacances.

Un peu trop, pour le Washington Post, qui a calculé qu'à la fin de sa retraite texane, le 3 septembre prochain (la fête du travail), George W Bush pourra se vanter d'avoir passé les plus longues vacances présidentielles en 32 ans. Le précédent détenteur du record n'était nul autre que Richard Nixon. Depuis le début de son mandat, George Bush aura passé entièrement ou partiellement 54 journées dans son ranch, soit près d'un quart de sa présidence. Si on y ajoute les quatre jours passés chez ses parents le mois dernier, dans le Maine, plus 38 jours dans la résidence secondaire présidentielle de Camp David, selon le quotidien, «Bush aura passé 42 % de sa présidence sur des lieux de vacances, ou en chemin

Même si certaines journées passées à Camp David ont été interrompues par des visites de leaders étrangers, cela fait beaucoup dans un pays où le travailleur moyen obtient péniblement dix jours de vacances par an. Alors, fainéant le président ? Pas du tout, répondent ses conseillers. Il s'agit d'un retour aux racines, de vacances de travail : il parlera des valeurs, de l'éducation, de former le caractère des jeunes gens et des efforts à faire pour aider les moins chanceux. Il a d'ailleurs fait des apparitions, pour annoncer sa décision sur le financement public de la recherche sur les cellules souches embryonnaires, pour aider des volontaires à bâtir un habitat social (activité de plein air) ou discuter avec des badauds en mangeant un cheeseburger. Il lui arrive aussi de rencontrer des officiels et de passer des coups de fil. «C'est fou ce qu'on peut faire avec des téléphones et des faxs», a-t-il expliqué.

Son plus beau chapeau de cow-boy

Evidemment, dans le secret de son ranch, «W» s'occupe aussi de lui et de son corps, autrefois malmené par le tabac et l'alcool. Il court environ cinq kilomètres par jour et s'inflige de longues séances de musculation. Il se détend aussi. Il pêche dans son étang, nage dans sa piscine ou fait griller des «burgers» (sa spécialité parait-il) sur son barbecue. Coiffé de son plus beau chapeau de cow-boy, il a même réussi à convaincre ses collaborateurs de partager certaines de ses activités de plein air, en dépit d'un soleil de plomb et d'un thermomètre bloqué à 39 °C. Il voue un véritable culte à sa propriété, symbole pour lui de tant de valeurs américaines. Il envisage d'ailleurs d'inviter dans le ranch son presque-nouvel ami, le président russe Vladimir Poutine, en novembre, au cours d'une visite officielle.

En attendant, les dizaines de reporters qui suivent le président s'ennuient ferme dans cette communauté trop tranquille de 700 âmes, deux stations service et pas une épicerie. Ils sont tenus à bonne distance du terrain de jeu du président qui leur a quand même offert de partager un footing, «s'ils pensent qu'ils peuvent tenir le rythme». Les infortunés journaliste savent qu'ils devront passer le mois entier dans le bled poussiéreux, ce qui explique en partie leurs critiques à l'égard des vacances trop longues du président. «C'est comme ça, le Texas, leur a rappelé, un rien ironique, le président. Je sais que beaucoup d'entre vous préfèreraient se retrouver sur la côte est, à se prélasser sur les plages en respirant l'air iodé. Mais quand on est du Texas, et qu'on aime le Texas, c'est ici qu'on revient à la maison». Les Américains ne semblent eux guère convaincus des bienfaits du grand air pour leur président. A 55%, selon un sondage USA TODAY/CNN/Gallup, ils estiment qu'il prend trop de vacances.



par Philippe  Bolopion

Article publié le 12/08/2001