Peine de mort
«Mumia» : mobilisation et déception
L'ancien journaliste et militant des Black Panthers Mumia Abu Jamal n'a pas pu assister à l'audience de la Cour d'Etat de Philadelphie, qui examinait vendredi 17 août sa demande d'un nouveau procès. La juge a soulevé des obstacles juridiques et a refusé de statuer sur le fond avant qu'ils ne soient éclaircis.
L'audience a été plutôt expéditive. La juge Pamela Dembe ne s'est pas prononcée sur le fond du dossier : elle a demandé aux avocats de Mumia Abu-Jamal de préparer un dossier d'informations complémentaires pour le 7 septembre prochain. Selon la greffière Martha Alio, interrogées par l'AFP, la juge «a mis en relief certains points de droits relatifs au dossier» et cherche notamment si «M. Jamal a déposé à temps sa requête». En cause notamment, les aveux d'Arnold Beverly, l'homme qui a reconnu être coupable du meurtre pour lequel l'ancien journaliste a été condamné à mort en 1982. Ces aveux arriveraient trop tardivement au regard des délais de prescription en vigueur. «C'est une décision politique», estime Stéphane Pariyski, du collectif français de soutien à Abu-Jamal, dont une délégation avait fait le déplacement à Philadelphie : «La partialité de la justice de Pennsylvanie dans ce dossier n'est plus à démontrer. Tous les argument sont bons pour ne pas entendre Beverly, alors que cet homme est prêt à aller à la barre». Pour les avocats et les partisans du condamné, «c'est la déception: la juge peut très bien ne jamais lire le nouveau rapport qu'elle demande aux avocats ou ne lui donner aucune suite», témoigne Anne-Charlotte Dommartin. Envoyée comme observatrice à l'audience par Ensemble contre la peine de mort, elle évoque un climat d'hostilité à Abu-Jamal extrêmement virulent: «des opposants à Mumia ont déployé des banderoles autour du tribunal sur lesquelles ils avaient écrit 'fry Abu-Jamal' ('faîtes le frire'), et des automobilistes faisaient le salut nazi en passant à proximité du bâtiment».
Autre motif de colère pour les associations : l'absence de «Mumia» à l'audience. Les services administratifs du tribunal se sont en effet refusés à organiser son transfert à Philadelphie. Ils ont notamment évoqué des raisons de sécurité ou encore un manque de place dans les prisons de la ville. Les avocats ont simplement pu donner lecture d'une lettre dans laquelle le condamné dénonce une énième violation des droits de la défense.
Les avocats demandent un nouveau procès
L'équipe de défense d'Abu-Jamal espère malgré tout obtenir l'ouverture d'un nouveau procès. Ils demandent à la justice de prendre en compte les nouveaux témoignages, dont celui d'Arnold Beverly. Un juge fédéral du district de Philadelphie, William Yohn, s'est déjà prononcé sur ces aveux le 13 juillet dernier: il les a rejetés, les estimant peu crédibles et trop tardifs. Aussi le sort de l'ancien journaliste, qui croupit depuis presque vingt ans dans le couloir de la mort et a épuisé toutes les possibilités d'appel, dépend-il aujourd'hui largement de la décision de la Cour d'Etat de Philadelphie.
L'audience de vendredi a provoqué une nouvelle mobilisation internationale des sympathisants de sa cause. A Philadelphie, près de mille cinq cents manifestants s'étaient rassemblés devant le tribunal : parmi eux, le pasteur noir Jesse Jackson et de nombreux militants des droits de l'Homme venus du monde entier. Au même moment, des rassemblements de soutien ont eu lieu dans différentes villes du monde. En France, des centaines de manifestants se sont regroupés à Bordeaux ou à Paris au cri de «Justice et liberté pour Mumia Abu Jamal».
Par deux fois déjà, en 1995 et 1999, la mobilisation internationale avait contraint les juges américains à repousser l'exécution. Les militants de la cause d'Abu-Jamal ne cessent de dénoncer les multiples aberrations du dossier et l'acharnement judiciaire sur ce journaliste, militant de la cause noire et ancien membre des Black Panthers : procès bâclé sans expertises concluantes, droits de la défense bafoués, témoins intimidés et manipulés (la principale témoin, Veronica Jones, a reconnu avoir menti sous la pression des enquêteurs), policiers membres d'organisations d'extrême-droiteà jusqu'au juge lui-même, Albert Sabo, connu pour avoir prononcé un nombre record de condamnations à mort tout au long de sa carrière. Au grand scandale des associations de défense des droits de l'Homme, c'est ce même juge qui avait eu à se prononcer sur la demande de report de l'exécution treize ans plus tard, au moment où Mumia Abu-Jamal, après avoir épuisé toutes les possibilités de recours directs, avait enfin pu réunir les fonds nécessaire pour financer une nouvelle enquête.
Ces nouveaux développements sur l'affaire Abu-Jamal interviennent au moment où le débat sur la peine de mort revient à la une de l'actualité aux Etats-Unis. Le 16 août dernier, une cour d'appel du Texas a décidé in extremis de reporter l'exécution du jeune Napoleon Beazley, condamné à la peine capitale pour un meurtre commis alors qu'il était mineur.
Bernard Birsinger, maire et député communiste de Bobigny, fondateur du réseau des maires de France pour Mumia Abu-Jamal, invité de Pierre Ganz sur l'antenne de RFI le 17 août 2001.
Autre motif de colère pour les associations : l'absence de «Mumia» à l'audience. Les services administratifs du tribunal se sont en effet refusés à organiser son transfert à Philadelphie. Ils ont notamment évoqué des raisons de sécurité ou encore un manque de place dans les prisons de la ville. Les avocats ont simplement pu donner lecture d'une lettre dans laquelle le condamné dénonce une énième violation des droits de la défense.
Les avocats demandent un nouveau procès
L'équipe de défense d'Abu-Jamal espère malgré tout obtenir l'ouverture d'un nouveau procès. Ils demandent à la justice de prendre en compte les nouveaux témoignages, dont celui d'Arnold Beverly. Un juge fédéral du district de Philadelphie, William Yohn, s'est déjà prononcé sur ces aveux le 13 juillet dernier: il les a rejetés, les estimant peu crédibles et trop tardifs. Aussi le sort de l'ancien journaliste, qui croupit depuis presque vingt ans dans le couloir de la mort et a épuisé toutes les possibilités d'appel, dépend-il aujourd'hui largement de la décision de la Cour d'Etat de Philadelphie.
L'audience de vendredi a provoqué une nouvelle mobilisation internationale des sympathisants de sa cause. A Philadelphie, près de mille cinq cents manifestants s'étaient rassemblés devant le tribunal : parmi eux, le pasteur noir Jesse Jackson et de nombreux militants des droits de l'Homme venus du monde entier. Au même moment, des rassemblements de soutien ont eu lieu dans différentes villes du monde. En France, des centaines de manifestants se sont regroupés à Bordeaux ou à Paris au cri de «Justice et liberté pour Mumia Abu Jamal».
Par deux fois déjà, en 1995 et 1999, la mobilisation internationale avait contraint les juges américains à repousser l'exécution. Les militants de la cause d'Abu-Jamal ne cessent de dénoncer les multiples aberrations du dossier et l'acharnement judiciaire sur ce journaliste, militant de la cause noire et ancien membre des Black Panthers : procès bâclé sans expertises concluantes, droits de la défense bafoués, témoins intimidés et manipulés (la principale témoin, Veronica Jones, a reconnu avoir menti sous la pression des enquêteurs), policiers membres d'organisations d'extrême-droiteà jusqu'au juge lui-même, Albert Sabo, connu pour avoir prononcé un nombre record de condamnations à mort tout au long de sa carrière. Au grand scandale des associations de défense des droits de l'Homme, c'est ce même juge qui avait eu à se prononcer sur la demande de report de l'exécution treize ans plus tard, au moment où Mumia Abu-Jamal, après avoir épuisé toutes les possibilités de recours directs, avait enfin pu réunir les fonds nécessaire pour financer une nouvelle enquête.
Ces nouveaux développements sur l'affaire Abu-Jamal interviennent au moment où le débat sur la peine de mort revient à la une de l'actualité aux Etats-Unis. Le 16 août dernier, une cour d'appel du Texas a décidé in extremis de reporter l'exécution du jeune Napoleon Beazley, condamné à la peine capitale pour un meurtre commis alors qu'il était mineur.
Bernard Birsinger, maire et député communiste de Bobigny, fondateur du réseau des maires de France pour Mumia Abu-Jamal, invité de Pierre Ganz sur l'antenne de RFI le 17 août 2001.
par Nicolas Sur
Article publié le 20/08/2001