Mexique
Premier bras de fer avec les Etats-Unis
Le président mexicain Vicente Fox a engagé son premier bras de fer avec son voisin et ami américain, en le menaçant de représailles s'il continuait à chercher à bloquer les accès aux Etats-Unis aux camionneurs mexicains et leur fermer la frontière.
De notre correspondant au Mexique
Le président mexicain Vicente Fox a lancé vendredi un avertissement au gouvernement américain sous le regard de Tony Blair, le Premier ministre britannique, en visite officielle au Mexique : «Si on ne parvient pas à un accord mutuel et équitable sur le thème des transports» a prévenu Fox, «c'est très simple, il n'y aura peut-être pas de camions mexicains aux Etats Unis, mais il n'y aura plus de camions nord -américain chez nous».
Cette déclaration intervient un jour après que le Sénat américain, à majorité démocrate, adopte un projet de loi qui, dans la pratique, restreint toute circulation des camions mexicains sur le territoire américain, faisant valoir qu'ils ne répondent pas aux normes de sécurité et que les chauffeurs sont mal formés. Or l'Accord de Libre Echange Nord-Américain (ALENA) prévoyait une libre circulation des transports entre les deux pays et l'ANTP (Association mexicaine des transports privés) assurent que ses 150 000 camions satisfont à toutes les réglementation quant à l'émission des polluants, la formation des opérateurs et l'entretien des véhicules. Cette loi a été votée par le Sénat sous la pression du syndicat des camionneurs (Teamsters), que dirige Jimmy Hoffa Jr. lequel sait qu'en ouvrant les portes aux camionneurs mexicains, ceux-ci seront très compétitifs et mettront en danger l'emploi des camionneurs américains.
Mauvaise foi américaine
Cette mauvaise foi est donc la goutte qui a fait déborder le vase. Les Mexicains en ont assez de voir leurs puissants voisins appliquer l'Alena à leur convenance. Ces dispositions de «sécurité» que veulent imposer les Etats-Unis, constituent, en réalité, un protectionnisme déguisé dont le Mexique a déjà souvent fait les frais. Par exemple, il ne peut vendre son thon en boite, car sous couvert d'écologie, les Etats-Unis estiment qu'il contient du dauphin. Argumentant des lois anti-dumping le ciment et l'acier mexicain ne peuvent entrer dans le pays. Grâce à des prétextes phyto-sanitaires, les importations de tomates et d'avocats sont interdites. Les camionneurs américains ont donc réussi à ce que les autorités suspendent, de manière unilatérale, l'ouverture des frontière aux transports mexicains.
Le président George W. Bush, partisan de l'ouverture totale des frontières, pourrait mettre un veto aux dispositions du Sénat, mais Vicente Fox, a choisi de ne pas attendre. Il veut profiter de cette décision arbitraire pour changer le rapport de force entre le Mexique et les Etats-Unis. Il veut que Washington considère le Mexique démocratique comme un partenaire à part entière, estimant que le pays a changé et qu'il ne doit plus être à la botte des Etats-Unis qui doivent appliquer à la lettre le traité de libre commerce, signé il y a plus de 7 ans. Vicente Fox en fait une question de dignité et de principe. Tous les partis politiques du Mexique ont applaudi la menace présidentielle : une première, l'ancien régime, trop corrompu, n'avait pas la légitimité pour mettre ainsi son poing sur la table. Le PRI (ancien régime) et le PRD (centre gauche) estiment que c'est le moment opportun pour réviser à fond l'ALENA, mais Fox veut surtout changer l'esprit des relations bilatérales avec son puissant voisin du Nord.
Washington ne prend pas la déclaration de Mexico à la légère. Le Congrès a informé qu'il définirait sa position en septembre. Rien de facile car traditionnellement, les démocrates sont plutôt en faveur des Mexicains, or ce sont eux, qui au Sénat, ont pris l'initiative d'empêcher la circulation des camions mexicains. Dans une colonne du journal The Washington Post, le leader hispanique Ruben Navarrete souligne que «les démocrates vont à l'encontre de leurs propre intérêts en propageant des notions racistes de l'infériorité mexicaine».
Cet incident surgit au moment où George W. Bush tente d'améliorer les relations avec le Mexique et l'Amérique latine, pour amplifier l'Alena et préparer le grand marché américain. Le porte-parole de la Maison Blanche a fait savoir que le président était déterminé à trouver rapidement une solution au problème.
Le président mexicain Vicente Fox a lancé vendredi un avertissement au gouvernement américain sous le regard de Tony Blair, le Premier ministre britannique, en visite officielle au Mexique : «Si on ne parvient pas à un accord mutuel et équitable sur le thème des transports» a prévenu Fox, «c'est très simple, il n'y aura peut-être pas de camions mexicains aux Etats Unis, mais il n'y aura plus de camions nord -américain chez nous».
Cette déclaration intervient un jour après que le Sénat américain, à majorité démocrate, adopte un projet de loi qui, dans la pratique, restreint toute circulation des camions mexicains sur le territoire américain, faisant valoir qu'ils ne répondent pas aux normes de sécurité et que les chauffeurs sont mal formés. Or l'Accord de Libre Echange Nord-Américain (ALENA) prévoyait une libre circulation des transports entre les deux pays et l'ANTP (Association mexicaine des transports privés) assurent que ses 150 000 camions satisfont à toutes les réglementation quant à l'émission des polluants, la formation des opérateurs et l'entretien des véhicules. Cette loi a été votée par le Sénat sous la pression du syndicat des camionneurs (Teamsters), que dirige Jimmy Hoffa Jr. lequel sait qu'en ouvrant les portes aux camionneurs mexicains, ceux-ci seront très compétitifs et mettront en danger l'emploi des camionneurs américains.
Mauvaise foi américaine
Cette mauvaise foi est donc la goutte qui a fait déborder le vase. Les Mexicains en ont assez de voir leurs puissants voisins appliquer l'Alena à leur convenance. Ces dispositions de «sécurité» que veulent imposer les Etats-Unis, constituent, en réalité, un protectionnisme déguisé dont le Mexique a déjà souvent fait les frais. Par exemple, il ne peut vendre son thon en boite, car sous couvert d'écologie, les Etats-Unis estiment qu'il contient du dauphin. Argumentant des lois anti-dumping le ciment et l'acier mexicain ne peuvent entrer dans le pays. Grâce à des prétextes phyto-sanitaires, les importations de tomates et d'avocats sont interdites. Les camionneurs américains ont donc réussi à ce que les autorités suspendent, de manière unilatérale, l'ouverture des frontière aux transports mexicains.
Le président George W. Bush, partisan de l'ouverture totale des frontières, pourrait mettre un veto aux dispositions du Sénat, mais Vicente Fox, a choisi de ne pas attendre. Il veut profiter de cette décision arbitraire pour changer le rapport de force entre le Mexique et les Etats-Unis. Il veut que Washington considère le Mexique démocratique comme un partenaire à part entière, estimant que le pays a changé et qu'il ne doit plus être à la botte des Etats-Unis qui doivent appliquer à la lettre le traité de libre commerce, signé il y a plus de 7 ans. Vicente Fox en fait une question de dignité et de principe. Tous les partis politiques du Mexique ont applaudi la menace présidentielle : une première, l'ancien régime, trop corrompu, n'avait pas la légitimité pour mettre ainsi son poing sur la table. Le PRI (ancien régime) et le PRD (centre gauche) estiment que c'est le moment opportun pour réviser à fond l'ALENA, mais Fox veut surtout changer l'esprit des relations bilatérales avec son puissant voisin du Nord.
Washington ne prend pas la déclaration de Mexico à la légère. Le Congrès a informé qu'il définirait sa position en septembre. Rien de facile car traditionnellement, les démocrates sont plutôt en faveur des Mexicains, or ce sont eux, qui au Sénat, ont pris l'initiative d'empêcher la circulation des camions mexicains. Dans une colonne du journal The Washington Post, le leader hispanique Ruben Navarrete souligne que «les démocrates vont à l'encontre de leurs propre intérêts en propageant des notions racistes de l'infériorité mexicaine».
Cet incident surgit au moment où George W. Bush tente d'améliorer les relations avec le Mexique et l'Amérique latine, pour amplifier l'Alena et préparer le grand marché américain. Le porte-parole de la Maison Blanche a fait savoir que le président était déterminé à trouver rapidement une solution au problème.
Article publié le 04/08/2001