Mexique
Vers la régularisation des sans-papiers aux Etats-Unis
George W. Bush réfléchit à la légalisation des quelque 3 millions d'immigrants mexicains illégaux. Une perche aussitôt saisie par le président Vicente Fox.
De notre correspondant au Mexique
La Maison Blanche semble avoir écarté la possibilité de légaliser la situation migratoire de trois millions de Mexicains qui résident illégalement aux Etats-Unis, mais a déclaré que George W. Bush commencerait à étudier, dès cette semaine, le dossier pour parvenir à un accord avec le Mexique. Le président Vicente Fox, en visite aux Etats-Unis, se présentant comme l'homme qui a rendu le Mexique à la démocratie, a immédiatement saisi la perche tendu par George Bush. Dans son discours à Chicago, la seconde ville mexicaine des Etats-Unis après Los Angeles, puis à Milwaukee, Wisconsin, à la «Convention Nationale de la Race», il a déclaré qu'il pensait parvenir à un accord qui ne soit pas qu'une simple régularisation du statut des travailleurs illégaux, mais qui jette les bases d'une véritable politique migratoire. Ce thème empoisonne les relations bilatérales depuis plus de 50 ans : chaque fois que les Etats-Unis vont mal, c'est de la faute du Mexique : la drogue, la délinquance bien sûr, la crise énergétique, mais surtout, les travailleurs illégaux, sans lesquels pourtant, les Etats-Unis ne pourraient pas se développer, sont les boucs-émissaires des américains.
Vicente Fox a reconnu que les politiques actuelles n'ont pas permis de réduire l'émigration aux Etats-Unis, au contraire, elles n'ont fait qu'amplifier les difficultés pour passer les frontières et favoriser le trafic humain. Pour faire face à cet échec, le président mexicain estime que d'autres relations doivent s'instaurer. Avec son adhésion à l'ALENA (1994), le Mexique est devenu le second partenaire commercial des Etats-Unis (ils échangent 340 milliards de dollars), ce qui incite Vicente Fox a demander son ami Georges Bush de considérer son pays comme un véritable partenaire. Il estime «qu'il ne faut pas penser à ce qui convient le mieux à chacun, sinon, à ce qui convient le mieux aux deux parties, la frontière devant être un lieu d'unité et de développement économique».
Il propose une réflexion sur six points :
1. Légaliser les 3 millions de sans papiers qui vivent et travaillent aux Etats-Unis afin qu'ils aient un statut légal, puissent payer des impôts et être protégés par les lois du travail.
2. Faciliter les démarches pour que les Mexicains illégaux de longue date puissent s'installer définitivement aux Etats-Unis.
3. Mettre en place des structures pour augmenter le nombre de travailleurs saisonniers de manière à leur permettre de passer la frontière légalement et sans risque.
4. Renforcer la coopération bilatérales pour éviter le trafic des personnes.
5. Promouvoir le développement économique du Mexique pour que dans les quinze ans à venir, on assiste à une baisse significative du nombre de migrants.
6. Faciliter aux enfants des travailleurs émigrés un accès à l'éducation secondaire et supérieure.
Humanitaire ou politique ?
Cet accord entre Mexico et Washington peut être analysé comme une nouvelle stratégie politique du président américain. George W. Bush, pour être réélu en 2004, aura besoin des voix hispaniques qui se sont portées, l'an dernier, à 64 % sur le démocrate Al Gore. Pragmatique, il semble prêt à offrir au lobby latino qui monte en puissance, ce que les Démocrates ont toujours refusé : un nouveau plan migratoire. Un tel accord ferait basculer en faveur des Républicains 10 à 15 % du vote hispanique et leur assurerait une nouvelle victoire.
Pour Vicente Fox, régler ce problème est également primordial. Une des premières mesures adoptées par son gouvernement a été de créer une bureau spécialisé des problèmes migratoires. Les travailleurs mexicains envoient à leurs familles pas moins de 8 milliards de dollars par an, c'est la première source de devises du Mexique. Pour cette première raison, le pays se devait de reconnaître ceux que Fox appelle nos «héros». La seconde raison est tout autant économique : cette communauté mexicaine compte 10 millions de personnes ayant souvent la double nationalité. Les fils des émigrés peuvent être un formidable lien pour les échanges commerciaux bilatéraux, en particulier dans le sud des Etats-Unis. Il y a peut-être aussi une arrière pensée. Lors de sa campagne électorale, Vicente Fox a promis aux Mexicains de l'étranger qu'ils pourraient voter aux prochaines élections. Or, s'il règle le problème migratoire, il s'assure la reconnaissance de ces millions d'Américano-Mexicains et celle de leurs familles restées au pays. Un potentiel de voix qui semblait jusqu'alors devoir profiter aux partis de centre-gauche, défenseurs de longue date des travailleurs sans papier.
La Maison Blanche semble avoir écarté la possibilité de légaliser la situation migratoire de trois millions de Mexicains qui résident illégalement aux Etats-Unis, mais a déclaré que George W. Bush commencerait à étudier, dès cette semaine, le dossier pour parvenir à un accord avec le Mexique. Le président Vicente Fox, en visite aux Etats-Unis, se présentant comme l'homme qui a rendu le Mexique à la démocratie, a immédiatement saisi la perche tendu par George Bush. Dans son discours à Chicago, la seconde ville mexicaine des Etats-Unis après Los Angeles, puis à Milwaukee, Wisconsin, à la «Convention Nationale de la Race», il a déclaré qu'il pensait parvenir à un accord qui ne soit pas qu'une simple régularisation du statut des travailleurs illégaux, mais qui jette les bases d'une véritable politique migratoire. Ce thème empoisonne les relations bilatérales depuis plus de 50 ans : chaque fois que les Etats-Unis vont mal, c'est de la faute du Mexique : la drogue, la délinquance bien sûr, la crise énergétique, mais surtout, les travailleurs illégaux, sans lesquels pourtant, les Etats-Unis ne pourraient pas se développer, sont les boucs-émissaires des américains.
Vicente Fox a reconnu que les politiques actuelles n'ont pas permis de réduire l'émigration aux Etats-Unis, au contraire, elles n'ont fait qu'amplifier les difficultés pour passer les frontières et favoriser le trafic humain. Pour faire face à cet échec, le président mexicain estime que d'autres relations doivent s'instaurer. Avec son adhésion à l'ALENA (1994), le Mexique est devenu le second partenaire commercial des Etats-Unis (ils échangent 340 milliards de dollars), ce qui incite Vicente Fox a demander son ami Georges Bush de considérer son pays comme un véritable partenaire. Il estime «qu'il ne faut pas penser à ce qui convient le mieux à chacun, sinon, à ce qui convient le mieux aux deux parties, la frontière devant être un lieu d'unité et de développement économique».
Il propose une réflexion sur six points :
1. Légaliser les 3 millions de sans papiers qui vivent et travaillent aux Etats-Unis afin qu'ils aient un statut légal, puissent payer des impôts et être protégés par les lois du travail.
2. Faciliter les démarches pour que les Mexicains illégaux de longue date puissent s'installer définitivement aux Etats-Unis.
3. Mettre en place des structures pour augmenter le nombre de travailleurs saisonniers de manière à leur permettre de passer la frontière légalement et sans risque.
4. Renforcer la coopération bilatérales pour éviter le trafic des personnes.
5. Promouvoir le développement économique du Mexique pour que dans les quinze ans à venir, on assiste à une baisse significative du nombre de migrants.
6. Faciliter aux enfants des travailleurs émigrés un accès à l'éducation secondaire et supérieure.
Humanitaire ou politique ?
Cet accord entre Mexico et Washington peut être analysé comme une nouvelle stratégie politique du président américain. George W. Bush, pour être réélu en 2004, aura besoin des voix hispaniques qui se sont portées, l'an dernier, à 64 % sur le démocrate Al Gore. Pragmatique, il semble prêt à offrir au lobby latino qui monte en puissance, ce que les Démocrates ont toujours refusé : un nouveau plan migratoire. Un tel accord ferait basculer en faveur des Républicains 10 à 15 % du vote hispanique et leur assurerait une nouvelle victoire.
Pour Vicente Fox, régler ce problème est également primordial. Une des premières mesures adoptées par son gouvernement a été de créer une bureau spécialisé des problèmes migratoires. Les travailleurs mexicains envoient à leurs familles pas moins de 8 milliards de dollars par an, c'est la première source de devises du Mexique. Pour cette première raison, le pays se devait de reconnaître ceux que Fox appelle nos «héros». La seconde raison est tout autant économique : cette communauté mexicaine compte 10 millions de personnes ayant souvent la double nationalité. Les fils des émigrés peuvent être un formidable lien pour les échanges commerciaux bilatéraux, en particulier dans le sud des Etats-Unis. Il y a peut-être aussi une arrière pensée. Lors de sa campagne électorale, Vicente Fox a promis aux Mexicains de l'étranger qu'ils pourraient voter aux prochaines élections. Or, s'il règle le problème migratoire, il s'assure la reconnaissance de ces millions d'Américano-Mexicains et celle de leurs familles restées au pays. Un potentiel de voix qui semblait jusqu'alors devoir profiter aux partis de centre-gauche, défenseurs de longue date des travailleurs sans papier.
Article publié le 19/07/2001