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Affaires politico-financières

Le château de tous les tracas

Après l'affaire des billets d'avion, celle qui pourrait devenir celle du château de Bity. Jacques Chirac, qui en est le propriétaire, doit faire face depuis une quinzaine de jours, à des révélations concernant l'achat par la Fondation Claude Pompidou d'un terrain de 5 hectares jouxtant son château corrézien. Un terrain acquis, semble-t-il, pour ne pas troubler la tranquillité du couple Chirac.
A moins d'un an de la présidentielle, les ennuis continuent de s'accumuler pour Jacques Chirac. Après les voyages privés payés en espèces, c'est au tour de l'achat d'un terrain jouxtant le château privé que le président de la République possède en Corrèze de soulever quelques interrogations.

Selon Le Canard enchaîné daté du 1er août, Jacques Chirac aurait fait acheter en 1978 par la fondation Claude Pompidou, dont il était alors trésorier, un terrain de 5 hectares, jouxtant le château de Bity, dont il est propriétaire. Ce terrain, acheté 500 000 FF à l'époque soit 1,4 MF actuel, est désormais «en friche». L'hebdomadaire satirique affirme que cet achat n'avait d'autre but pour Jacques Chirac - devenu depuis vice-président de la fondation - que d'«empêcher les manants de passer devant son domaine». Mis en vente en 1977, ce lopin de terre intéresse alors un acheteur qui envisage d'y construire une colonie de vacances ou un centre d'hébergement estival pour personnes âgées. Mais c'était sans compter l'intervention de la Fondation Claude Pompidou qui l'a acquis pour, semble-t-il, contribuer à la tranquillité du couple Chirac.

Le silence de l'Elysée

Le Canard enchaîné a poursuivit ses investigations et dans son édition datée du 15 août, il affirme que Jacques Chirac serait intervenu en personne pour que la Fondation Claude Pompidou achète le terrain. L'hebdomadaire publie ainsi le fac-similé d'un extrait des délibérations du conseil d'administration de la Fondation daté du 12 mai 1977. «M. Chirac fait part aux membres du Conseil d'administration d'un projet de dons manuels qui devraient être affectés au profit de la Fondation pour une somme de 500 000 FF», indique le document. «Ce don est fait sous réserve de l'affecter à l'achat d'un terrain situé à Bity, dépendant de la commune de Sarran en Corrèze», précise le compte-rendu qui ajoute que le terrain pourra éventuellement «être utilisé ultérieurement pour l'implantation d'un centre de vacances pour personnes âgées».

Or, comme l'avait déjà souligné le journal dans ses précédentes éditions, le centre de vacances n'a jamais vu le jour. Le Monde dans son édition datée de ce mardi rapporte d'ailleurs des témoignages de personnes habitant à Bity qui ont affirmé n'avoir jamais entendu parler d'un tel projet. Le Canard enchaîné précise également que 23 ans plus tard, le terrain est toujours en friche. Les dirigeants de la Fondation indiquent pour leur part ne pas retrouver la trace d'un tel don. La semaine dernière, celle-ci avait publié un communiqué indiquant que la Fondation avait réalisé cet achat avec ses deniers propres et que la transaction «n'avait donné lieu ni à un emprunt, ni à l'utilisation de subventions de l'administration parisienne». Le journal satirique publie en outre un extrait de l'acte de vente de la maison dans lequel la Fondation s'engage à employer et à rémunérer pendant 15 ans l'ancien propriétaire du terrain, Henri Joly, depuis décédé.

Alors que Le Canard enchaîné distille ses révélations depuis une quinzaine de jours, l'Elysée demeure muet.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 14/08/2001