Mexique
La colère des Indiens contre Fox
Vicente Fox a finalement signé la promulgation de la loi sur les droits et culture indigène au Mexique malgré les protestations des Indiens. Une décision qui va à l'encontre d'un règlement rapide du conflit du Chiapas.
De notre correspondant au Mexique
La discrimination contre les peuples indigènes acquiert un rang constitutionnel.
Les communautés indigènes du Mexique sont en colère et bien déçues par le président Vicente Fox. Jusqu'au bout, elles ont cru que l'entrée en vigueur de la loi sur les droits et culture indigène serait de nouveau discutée. En effet, cette loi qui a été repoussée par tous les congrès locaux des Etats les plus indiens du Mexique, ne représente pour les communautés indigènes aucun progrès, tout au contraire, c'est un recul par rapport à la législation antérieure.
Le Conseil des 500 ans de résistance indigène de l'Etat du Guerrero et 12 organisation sociales ont appelé toutes les organisations indigènes, paysannes du Mexique à réagir. Ils ont qualifié dans un texte envoyé à plusieurs parlementaires, le président Fox de «raciste, hypocrite et excluant». Ils proposent de réaliser un «soulèvement indigène pour la Paix et la Reconnaissance totale de leurs droits» et demandent aux parlementaires, gouverneurs, maires et autres autorités honnêtes ayant les facultés juridiques, de promouvoir une controverse constitutionnelle devant la Cour suprême de justice de la Nation, faisant valoir que la loi promulguée va à l'encontre de la Convention 169 de l'OIT signée et ratifiée par le gouvernement mexicain.
Le Congrès national indigène qui regroupe toutes les ethnies du Mexique, considère lui aussi que cette promulgation est une trahison. Il se réunira la semaine prochaine pour affiner une nouvelle stratégie. Il n'écarte pas que des indiens, exaspérés par la pseudo-démocratie qui leur est offerte, ne réagissent par des actions violentes. Une opinion que partage le Centre Fray Bartolomeo de las Casas qui estime que la publication de la loi indigène pourrait générer «une plus grande décomposition sociale». Don Samuel Ruiz, ancien évêque de San Cristobal de las Casas, constate pour sa part que «la paix et la véritable insertion des indiens dans la société ne sont plus à l'ordre du jour». Une déclaration qui fait écho à celle du Gouverneur de Oaxaca, José Murat, qui tout en étant au PRI, (ancien régime) ne mâche pas ses mots : «la promulgation de cette loi consiste à élever la discrimination et la racisme qui s'exercent contre les indigènes, au rang constitutionnel».
Virage présidentiel
Vicente Fox qui avait fait du règlement du conflit indien sa priorité de campagne et de ses 100 premiers jours de gouvernement, témoigne d'un changement total d'attitude . En acceptant de promulguer cette loi, sans attendre les propositions que la Cocopa (Commission de concordance et pacification) devait faire aux instances fédérales et en refusant d'écouter Luis H. Alvarez, son commissaire pour la paix, il démontre son peu d'intérêt à trouver une solution pacifique au conflit du Chiapas et à répondre aux demandes des 10 millions d'indigènes que compte le Mexique (10% de la population). Une position qui lui fait perdre le rôle protagonique qu'il semblait vouloir jouer.
Cette loi sur les droits et culture indigène, morte avant d'être née, est une défaite pour la paix et les institutions, un retour à la case départ. Néanmoins, la Cocopa ne s'estime pas battu, considérant que seule une modification de la loi permettra de mettre fin à la polémique. Elle a donc entrepris un travail auprès des parlementaires pour engager une «réforme de la réforme constitutionnelle». Rien de facile : le PRD (centre gauche) vient de sonder les sénateurs, il propose d'abandonner les rivalités de partis et d'engager une nouvelle discussion.
Loin de provoquer un nouveau débat, la proposition n'a suscité que les sarcasmes de la part du PAN (droite) et du PRI (ancien régime) qui estiment la loi juridiquement parfaite. La Cocopa en appelle donc au président Fox. Elle lui demande de réunir les représentants des partis politiques au parlement et les gouverneurs des Etats, pour étudier la manière de reformuler la loi indigène afin que les 10 millions d'indiens puissent trouver une place qui ne soit pas d'exclus dans la société mexicaine et que le conflit du Chiapas trouve enfin une solution.
La discrimination contre les peuples indigènes acquiert un rang constitutionnel.
Les communautés indigènes du Mexique sont en colère et bien déçues par le président Vicente Fox. Jusqu'au bout, elles ont cru que l'entrée en vigueur de la loi sur les droits et culture indigène serait de nouveau discutée. En effet, cette loi qui a été repoussée par tous les congrès locaux des Etats les plus indiens du Mexique, ne représente pour les communautés indigènes aucun progrès, tout au contraire, c'est un recul par rapport à la législation antérieure.
Le Conseil des 500 ans de résistance indigène de l'Etat du Guerrero et 12 organisation sociales ont appelé toutes les organisations indigènes, paysannes du Mexique à réagir. Ils ont qualifié dans un texte envoyé à plusieurs parlementaires, le président Fox de «raciste, hypocrite et excluant». Ils proposent de réaliser un «soulèvement indigène pour la Paix et la Reconnaissance totale de leurs droits» et demandent aux parlementaires, gouverneurs, maires et autres autorités honnêtes ayant les facultés juridiques, de promouvoir une controverse constitutionnelle devant la Cour suprême de justice de la Nation, faisant valoir que la loi promulguée va à l'encontre de la Convention 169 de l'OIT signée et ratifiée par le gouvernement mexicain.
Le Congrès national indigène qui regroupe toutes les ethnies du Mexique, considère lui aussi que cette promulgation est une trahison. Il se réunira la semaine prochaine pour affiner une nouvelle stratégie. Il n'écarte pas que des indiens, exaspérés par la pseudo-démocratie qui leur est offerte, ne réagissent par des actions violentes. Une opinion que partage le Centre Fray Bartolomeo de las Casas qui estime que la publication de la loi indigène pourrait générer «une plus grande décomposition sociale». Don Samuel Ruiz, ancien évêque de San Cristobal de las Casas, constate pour sa part que «la paix et la véritable insertion des indiens dans la société ne sont plus à l'ordre du jour». Une déclaration qui fait écho à celle du Gouverneur de Oaxaca, José Murat, qui tout en étant au PRI, (ancien régime) ne mâche pas ses mots : «la promulgation de cette loi consiste à élever la discrimination et la racisme qui s'exercent contre les indigènes, au rang constitutionnel».
Virage présidentiel
Vicente Fox qui avait fait du règlement du conflit indien sa priorité de campagne et de ses 100 premiers jours de gouvernement, témoigne d'un changement total d'attitude . En acceptant de promulguer cette loi, sans attendre les propositions que la Cocopa (Commission de concordance et pacification) devait faire aux instances fédérales et en refusant d'écouter Luis H. Alvarez, son commissaire pour la paix, il démontre son peu d'intérêt à trouver une solution pacifique au conflit du Chiapas et à répondre aux demandes des 10 millions d'indigènes que compte le Mexique (10% de la population). Une position qui lui fait perdre le rôle protagonique qu'il semblait vouloir jouer.
Cette loi sur les droits et culture indigène, morte avant d'être née, est une défaite pour la paix et les institutions, un retour à la case départ. Néanmoins, la Cocopa ne s'estime pas battu, considérant que seule une modification de la loi permettra de mettre fin à la polémique. Elle a donc entrepris un travail auprès des parlementaires pour engager une «réforme de la réforme constitutionnelle». Rien de facile : le PRD (centre gauche) vient de sonder les sénateurs, il propose d'abandonner les rivalités de partis et d'engager une nouvelle discussion.
Loin de provoquer un nouveau débat, la proposition n'a suscité que les sarcasmes de la part du PAN (droite) et du PRI (ancien régime) qui estiment la loi juridiquement parfaite. La Cocopa en appelle donc au président Fox. Elle lui demande de réunir les représentants des partis politiques au parlement et les gouverneurs des Etats, pour étudier la manière de reformuler la loi indigène afin que les 10 millions d'indiens puissent trouver une place qui ne soit pas d'exclus dans la société mexicaine et que le conflit du Chiapas trouve enfin une solution.
Article publié le 18/08/2001