Proche-Orient
L'inexorable engrenage
Les Européens s'efforcent toujours d'organiser une rencontre entre Shimon Peres et Yasser Arafat, alors que la journée de dimanche a vu s'enchaîner attentats anti-israéliens et représailles contre les Palestiniens.
Sept morts et une quarantaine de blessés : le bilan des attentats de dimanche en Israël est lourd et la quasi-simultanéité des attaques, dont deux attentats-suicide, inquiétante. Et pourtant, nul ne s'en est étonné, tant la situation se dégrade inexorablement. Sans surprise également, le gouvernement israélien a riposté par des attaques ciblées contre des locaux de l'Autorité palestinienne qui s'étaient vidés dès l'annonce des attentats, dans l'attente des inévitables représailles.
Même l'apparente «retenue» dont fait preuve Ariel Sharon dans ses représailles ne parvient plus à surprendre. Le Premier ministre israélien a compris que des frappes massives suscitaient de vives réactions internationales et réduisaient sa marge de man£uvre. Depuis plusieurs mois déjà, il a choisi une stratégie d'affaiblissement progressif de l'Autorité palestinienne. Chaque épisode de tension dramatique donne l'occasion de détruire, petit à petit, l'ensemble du dispositif administratif de l'Autorité palestinienne à commencer par ses services de sécurité. Tout comme dans une corrida, les picadors affaiblissent les résistances du taureau avant la mise à mort finale, Ariel Sharon et l'armée israélienne s'emploient méthodiquement à détruire l'infrastructure palestinienne, tout en poursuivant une politique d'assassinats ciblés qui est désormais ouvertement assumée, ainsi qu'on l'a vu notamment lors du meurtre du chef du FPLP, Abou Ali Moustapha.
La destruction physique des moyens et des hommes s'accompagne d'une délégitimation politique. A chaque attentat, avant même que les détails en soient connus, un porte-parole israélien déclare qu'«Arafat et l'Autorité palestinienne» en porte la pleine responsabilité. «Arafat», jamais «Yasser Arafat» ou «M. Arafat». Encore moins le «président Arafat» que depuis son élection le 6 février dernier, Ariel Sharon s'est toujours refusé à rencontrer. Il n'a d'ailleurs donné son accord à Shimon Peres pour le rencontrer qu'à condition que ce dernier soit chaperonné par un général de l'armée et que l'on n'y parle pas politique, mais seulement de sécurité.
La passivité américaine inquiète
Dans ces conditions, à quoi bon une rencontre Arafat-Peres que rejette catégoriquement une partie du gouvernement israélien et dont les Palestiniens disent ouvertement ne pas voir l'utilité dans le contexte actuel. Côté israélien, seul Shimon Peres insiste pour une telle rencontre (trois, en fait) au cours de laquelle il espère pouvoir donner la mesure de ses talents de diplomates. Ariel Sharon, qui ne croit en rien au succès de cet entretien et qui, le cas échéant, fera tout pour s'assurer de son échec, n'a aucune raison de l'en dissuader dans la mesure où il souhaite conserver Shimon Peres au sein de la coalition gouvernementale. Quant à Arafat, il ne peut se permettre de mécontenter les Européens, très en pointe dans l'organisation de ce sommet, ni les Arabes modérés (Egypte, Jordanie) qui l'y encouragent.
Les Américains, eux, ne font rien en ce sens, mais leur passivité dans la crise actuelle commence à inquiéter sérieusement, même à Washington. La fureur des opinions publiques arabes contre les Etats-Unis commence à se refléter très négativement sur les rapports avec les Etats arabes, qui pressent notamment George Bush de consentir enfin à recevoir Yasser Arafat, ce qu'il s'est jusqu'à présent refusé à faire alors qu'il a reçu deux fois Ariel Sharon à la Maison Blanche.
Mais surtout, de plus en plus d'observateurs, ou d'anciens responsables comme Sandy Berger, conseiller à la sécurité de Bill Clinton, observent que la crise israélo-palestinienne joue le rôle de détonateur au milieu d'une région, le Moyen-Orient, qui a retrouvé tout son potentiel explosif depuis le début de l'année.
Même l'apparente «retenue» dont fait preuve Ariel Sharon dans ses représailles ne parvient plus à surprendre. Le Premier ministre israélien a compris que des frappes massives suscitaient de vives réactions internationales et réduisaient sa marge de man£uvre. Depuis plusieurs mois déjà, il a choisi une stratégie d'affaiblissement progressif de l'Autorité palestinienne. Chaque épisode de tension dramatique donne l'occasion de détruire, petit à petit, l'ensemble du dispositif administratif de l'Autorité palestinienne à commencer par ses services de sécurité. Tout comme dans une corrida, les picadors affaiblissent les résistances du taureau avant la mise à mort finale, Ariel Sharon et l'armée israélienne s'emploient méthodiquement à détruire l'infrastructure palestinienne, tout en poursuivant une politique d'assassinats ciblés qui est désormais ouvertement assumée, ainsi qu'on l'a vu notamment lors du meurtre du chef du FPLP, Abou Ali Moustapha.
La destruction physique des moyens et des hommes s'accompagne d'une délégitimation politique. A chaque attentat, avant même que les détails en soient connus, un porte-parole israélien déclare qu'«Arafat et l'Autorité palestinienne» en porte la pleine responsabilité. «Arafat», jamais «Yasser Arafat» ou «M. Arafat». Encore moins le «président Arafat» que depuis son élection le 6 février dernier, Ariel Sharon s'est toujours refusé à rencontrer. Il n'a d'ailleurs donné son accord à Shimon Peres pour le rencontrer qu'à condition que ce dernier soit chaperonné par un général de l'armée et que l'on n'y parle pas politique, mais seulement de sécurité.
La passivité américaine inquiète
Dans ces conditions, à quoi bon une rencontre Arafat-Peres que rejette catégoriquement une partie du gouvernement israélien et dont les Palestiniens disent ouvertement ne pas voir l'utilité dans le contexte actuel. Côté israélien, seul Shimon Peres insiste pour une telle rencontre (trois, en fait) au cours de laquelle il espère pouvoir donner la mesure de ses talents de diplomates. Ariel Sharon, qui ne croit en rien au succès de cet entretien et qui, le cas échéant, fera tout pour s'assurer de son échec, n'a aucune raison de l'en dissuader dans la mesure où il souhaite conserver Shimon Peres au sein de la coalition gouvernementale. Quant à Arafat, il ne peut se permettre de mécontenter les Européens, très en pointe dans l'organisation de ce sommet, ni les Arabes modérés (Egypte, Jordanie) qui l'y encouragent.
Les Américains, eux, ne font rien en ce sens, mais leur passivité dans la crise actuelle commence à inquiéter sérieusement, même à Washington. La fureur des opinions publiques arabes contre les Etats-Unis commence à se refléter très négativement sur les rapports avec les Etats arabes, qui pressent notamment George Bush de consentir enfin à recevoir Yasser Arafat, ce qu'il s'est jusqu'à présent refusé à faire alors qu'il a reçu deux fois Ariel Sharon à la Maison Blanche.
Mais surtout, de plus en plus d'observateurs, ou d'anciens responsables comme Sandy Berger, conseiller à la sécurité de Bill Clinton, observent que la crise israélo-palestinienne joue le rôle de détonateur au milieu d'une région, le Moyen-Orient, qui a retrouvé tout son potentiel explosif depuis le début de l'année.
par Olivier Da Lage
Article publié le 10/09/2001
