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Proche-Orient

Tsahal évacue Beit Jala et mène de nouvelles incursions

Les blindés de l'armée israélienne ont finalement évacué la localité palestinienne de Beit Jala au terme de la plus longue incursion en territoire autonome depuis le début de l'Intifada. Les protestations de la communauté internationale après cette occupation n'ont pas empêché Tsahal de mener de nouvelles intrusions en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Les forces israéliennes ont achevé ce jeudi à l'aube leur retrait des quartiers de Beit Jala, qu'ils occupaient depuis plus de quarante-huit heures. La veille, Israéliens et Palestiniens avaient finalement pu parvenir à un accord: l'évacuation de Beit Jala contre un arrêt des tirs sur Gilo. Cette incursion en territoire palestinien, la plus longue depuis le début de la nouvelle Intifada avait provoqué un concert de protestations dans la communauté internationale et avait même été sévèrement condamnée par la Maison Blanche. Mais malgré le retrait de ses troupes, le gouvernement israélien est resté ferme: le porte-parole a rappelé que Tsahal restait «déployé tout près de Beit Jala et pourrait intervenir de façon différente en cas de reprise des tirs».

Pour Washington, «des incursions comme celle de Beit Jala ne font qu'aggraver les choses»

Mardi 28 août à l'aube, des blindés de l'armée israélienne étaient entrés dans certains secteurs de la localité d'où des obus de mortier avaient été tirés sur la proche colonie de Gilo, que les Israéliens considèrent comme partie intégrante du Grand Jérusalem. Depuis le début de l'Intifada, l'implantation juive était régulièrement prise pour cible par les activistes palestiniens de Beit Jala et Ariel Sharon avait déjà brandi la menace d'une invasion le 14 août dernier. L'entrée de Tsahal dans certains secteurs de Beit Jala dans la nuit de lundi à mardi et l'occupation de quelques maisons de la ville (dont les habitants ne peuvent plus sortir, comme en témoigne cette habitante de Beit Jala, jointe par RFI) n'avaient pas suffi à ramener le calme: mardi et mercredi, des obus de mortier sont à nouveau tombés sur Gilo et ont endommagé de nombreux appartements, un centre commercial et un école, à la grande terreur des colons juifs.

Au-delà d'une tentative de protection des colons israéliens, l'opération «Maison protégée» apparaît comme un véritable défi lancé par l'Etat hébreu aux Palestiniens et à la communauté internationale, unanimement opposée à l'occupation de Beit Jala. L'Autorité palestinienne s'est ainsi indignée d'une «réoccupation de fait» d'un territoire passé sous son administration en 1995 qui pourrait provoquer une nouvelle guerre israélo-arabe. A l'étranger, Paris, Moscou et surtout Washington ont demandé le retrait immédiat des troupes israéliennes. Richard Boucher, le porte-parole du département d'Etat, n'a pas ménagé ses critiques: «Les Israéliens doivent comprendre que des incursions comme celles-ci ne résolvent pas les problèmes de sécurité mais ne font qu'aggraver les choses». Les Etats-Unis, qui avaient déjà dénoncé l'assassinat du secrétaire général du FPLP et la politique de meurtres ciblés menée par l'Etat hébreu, ont mis en garde Israël contre la tentation de réoccuper de manière permanente les territoires autonomes palestiniens, contraire aux accords d'autonomie palestinienne en vigueur.

En dépit de toutes ces protestations, Tsahal a multiplié les incursions dans des zones palestiniennes. Des chars israéliens sont ainsi entrés mercredi dans le camp de réfugiés palestiniens d'Aïda et à Rafah, dans le sud de la bande de Gazah, où ils ont rasé six maisons. Et quelques heures après l'évacuation totale de Beit Jala, on annonçait une nouvelle incursion israélienne dans le centre d'Hébron, en Cisjordanie.



par Nicolas  Sur

Article publié le 30/08/2001