Attentats
«<i>Les passagers montent à bord avec des couteaux</i>»
Emmanuelle Cassan, ex-employée de la compagnie aérienne United Airlines témoigne de l'absence de contrôle dans les aéroports américains avant les attentats du 11 septembre 2001.
RFI: Quelle était votre poste chez United Airlines ?
Emmanuelle Cassan: J'ai travaillé chez United Airlines en tant qu'hôtesse de l'air entre novembre 1996 et le 31 août dernier. Pour les vols intérieurs aux Etats-Unis, j'ai constaté que la sécurité n'était pas très présente. Le problème est assez profond parce que la sécurité dans les aéroports est assurée par des compagnies privées. Les salariés de ces compagnies sont sous-formés et sous-payés. Selon les Etats, ils touchent 4 dollars ou 5 dollars de l'heure, donc ils ne se sentent pas impliqués. Souvent on passe la sécurité sans qu'ils nous regardent.
RFI: Est-ce que vous avez des exemples précis de ces lacunes en matière de contrôle?
E.C.: Un jour où j'allais au travail, j'ai oublié de laisser dans ma voiture ma bombe lacrymogène. C'est une petite bombe lacrymogène de 15 cm de long environ. Et je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite. J'ai traversé tout l'aéroport et un poste de sécurité. La bombe était dans la poche de mon imperméable. Personne ne m'a regardée. Le portique de détection des métaux n'a même pas sonné. Je suis allé dans mes bureaux en passant un deuxième contrôle. Et au moment d'embarquer dans l'avion, je me suis aperçue que j'avais cette bombe lacrymogène sur moi et je l'ai jetée à la poubelle. Mais rien ne m'aurait empêchée de monter à bord de l'avion avec.
RFI: Est-ce que cela arrive également pour les passagers ?
E.C.: Les passagers ont fréquemment des couteaux du type Opinel. Il y a des gens qui veulent manger avec leur propre couteau et qui l'emportent avec eux dans l'avion, et personne ne les en empêche. En 5 ans, ça m'est arrivé à de nombreuses reprises de voir les gens avec leurs couteaux personnels. Hier soir mon mari qui est steward a pris un avion de Minneapolis à San Francisco et il a pu voir que cela avait changé. Maintenant les gens sont fouillés avant de monter dans les avions.
RFI: A quoi étaient dus ces manquements de sécurité ?
E.C.: Chaque compagnie aérienne essayait désespérément d'être celle qui ferait passer les passagers le plus rapidement, qui offrirait le meilleur service commercial. Dans une compagnie aussi énorme que United Airlines avec 100000 salariés, c'était crucial d'arriver à accélérer le processus d'embarquement de manière à être aussi efficace qu'une compagnie comme Southwest Airlines. Il y avait donc cet aspect rentabilité. Et puis il y avait le manque de motivation des employés chargés du contrôle. Beaucoup d'entre eux n'en avaient rien à faire. On pouvait passer et ils tournaient la tête.
RFI: Est-ce que c'était différent sur les vols internationaux ?
E.C.:Oui, pour nous les équipages déjà c'était différent. Nous déjà, on avait deux contrôles. Tous les bagages des passagers passent dans des systèmes de scanner. Les gens sont fouillés plus régulièrement que sur les vols intérieurs. Il m'est arrivé à de multiples reprises d'être fouillée sur des vols internationaux parce qu'il y avait dans mes bagages un objet qui paraissait suspect alors que ça ne m'est jamais arrivé sur les vols intérieurs.
Emmanuelle Cassan: J'ai travaillé chez United Airlines en tant qu'hôtesse de l'air entre novembre 1996 et le 31 août dernier. Pour les vols intérieurs aux Etats-Unis, j'ai constaté que la sécurité n'était pas très présente. Le problème est assez profond parce que la sécurité dans les aéroports est assurée par des compagnies privées. Les salariés de ces compagnies sont sous-formés et sous-payés. Selon les Etats, ils touchent 4 dollars ou 5 dollars de l'heure, donc ils ne se sentent pas impliqués. Souvent on passe la sécurité sans qu'ils nous regardent.
RFI: Est-ce que vous avez des exemples précis de ces lacunes en matière de contrôle?
E.C.: Un jour où j'allais au travail, j'ai oublié de laisser dans ma voiture ma bombe lacrymogène. C'est une petite bombe lacrymogène de 15 cm de long environ. Et je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite. J'ai traversé tout l'aéroport et un poste de sécurité. La bombe était dans la poche de mon imperméable. Personne ne m'a regardée. Le portique de détection des métaux n'a même pas sonné. Je suis allé dans mes bureaux en passant un deuxième contrôle. Et au moment d'embarquer dans l'avion, je me suis aperçue que j'avais cette bombe lacrymogène sur moi et je l'ai jetée à la poubelle. Mais rien ne m'aurait empêchée de monter à bord de l'avion avec.
RFI: Est-ce que cela arrive également pour les passagers ?
E.C.: Les passagers ont fréquemment des couteaux du type Opinel. Il y a des gens qui veulent manger avec leur propre couteau et qui l'emportent avec eux dans l'avion, et personne ne les en empêche. En 5 ans, ça m'est arrivé à de nombreuses reprises de voir les gens avec leurs couteaux personnels. Hier soir mon mari qui est steward a pris un avion de Minneapolis à San Francisco et il a pu voir que cela avait changé. Maintenant les gens sont fouillés avant de monter dans les avions.
RFI: A quoi étaient dus ces manquements de sécurité ?
E.C.: Chaque compagnie aérienne essayait désespérément d'être celle qui ferait passer les passagers le plus rapidement, qui offrirait le meilleur service commercial. Dans une compagnie aussi énorme que United Airlines avec 100000 salariés, c'était crucial d'arriver à accélérer le processus d'embarquement de manière à être aussi efficace qu'une compagnie comme Southwest Airlines. Il y avait donc cet aspect rentabilité. Et puis il y avait le manque de motivation des employés chargés du contrôle. Beaucoup d'entre eux n'en avaient rien à faire. On pouvait passer et ils tournaient la tête.
RFI: Est-ce que c'était différent sur les vols internationaux ?
E.C.:Oui, pour nous les équipages déjà c'était différent. Nous déjà, on avait deux contrôles. Tous les bagages des passagers passent dans des systèmes de scanner. Les gens sont fouillés plus régulièrement que sur les vols intérieurs. Il m'est arrivé à de multiples reprises d'être fouillée sur des vols internationaux parce qu'il y avait dans mes bagages un objet qui paraissait suspect alors que ça ne m'est jamais arrivé sur les vols intérieurs.
par Propos recueillis par Philippe Couve
Article publié le 14/09/2001