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Argent sale

La Russie reste sous surveillance

Les pays membres du Gafi (Groupe d'action financière sur le blanchiment de capitaux) ont publié, vendredi 7 septembre, la nouvelle liste des pays laxistes en matière de blanchiment d'argent. Ils sont 19, l'Ukraine et la Grenade font leur entrée, la Russie échappe aux sanctions, mais les Philippines sont punies.
Décemment, un membre du G8 ne pouvait pas être trop sévèrement puni par ses pairs. La Russie, conviée à chaque réunion des pays les plus riches de la planète, vient d'échapper in extremis aux sanctions prévues à l'encontre des pays complices de blanchiment d'argent sale, les PTNC (pays et territoires non coopératifs). Elle reste inscrite, toutefois, sur la «liste noire» des Etats accusés de ne pas coopérer. Le cas de Moscou est l'un des plus marquants de la réunion que viennent de tenir à Paris, du mercredi 5 au vendredi 7 septembre, les 29 pays membres du Gafi (Groupe d'action financière sur le blanchiment des capitaux).

Depuis la dernière réunion de cet organisme, le 22 juin dernier, la Russie menaçait d'être sanctionnée à partir du 30 septembre prochain. Cet été, Vladimir Poutine a opportunément fait quelques efforts qualifiés d'«importants» par le Gafi. Le chef du Kremlin a promulgué la première loi russe contre le blanchiment, aux termes de laquelle les transactions d'un montant supérieur ou égal à 600 000 roubles (20 600 dollars) seront désormais contrôlées. La Russie a également adhéré à la Convention européenne sur le blanchiment d'argent.

Bien, mais peut mieux faire. Le Gafi «appelle instamment la Russie à prendre rapidement les mesures nécessaires à la mise en £uvre concrète de cette nouvelle législation, et indique que ce sera une condition au retrait ultérieur de ce pays de la liste des PTNC». Il faut dire que la Russie a grandement besoin de faire le ménage. Pour l'an 2000, elle évalue elle-même les activités financières illégales à 100 milliards de dollars. Les fuites de capitaux dépasseraient 25 milliards, dont la moitié proviendrait du crime organisé.

La Hongrie doit régler un «problème très grave»

Si Moscou montre sa bonne volonté et bénéficie d'encouragements, Manille semble, en revanche, ne rien vouloir entendre. Les Philippines se voient infliger des sanctions pour n'avoir «toujours pas promulgué les réformes juridiques nécessaires et attendues depuis longtemps». Si le gouvernement philippin ne fait rien d'ici le 30 septembre, le Gafi demande à ses membres d'appliquer «des contre-mesures supplémentaires», comme le renforcement des contrôles lors des transactions avec ce pays. L'ouverture d'une filiale bancaire sur son territoire sera également plus compliquée, l'objectif étant d'empêcher le retour de l'argent sale dans le système financier classique.

Cette «liste noire», qui compte désormais 19 membres, voit arriver deux mauvais élèves supplémentaires: l'Ukraine et la Grenade, accusées de présenter «de graves lacunes» en matière de vérifications des mouvements de capitaux. Les autres pays montrés du doigt sont, pour la plupart, des paradis fiscaux notoires (Iles Cook, Saint-Vincent et les Grenadines) ou des plaques tournantes du trafic de drogue (Nigeria), épinglés de longue date par le Gafi.

Israël est maintenu sur la liste. L'Etat hébreu a bien annoncé une législation plus sévère, mais il ne doit la promulguer que début 2002. «Nous ne nous contentons pas de déclarations politiques, prévient Patrick Moulette, secrétaire exécutif du Gafi. Nous exigeons une législation concrète qui, certes, n'est pas la preuve d'une rigueur financière totale, mais qui montre la bonne volonté du pays concerné». Ainsi, le Gafi attend la traduction dans les faits des engagements pris par l'Egypte. Il attend également que la Hongrie adopte une loi mettant fin à un «problème très grave» : l'existence de comptes d'épargne anonymes. Ce pays, candidat à l'entrée dans l'Union européenne, devrait voter un projet dans ce sens à l'automne.



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 07/09/2001