Iran
La crainte des réfugiés afghans
Les autorités iraniennes ont fermé la frontière, dans la crainte que des frappes américaines contre l'Afghanistan précipite un afflux de réfugiés.
De notre correspondant en Iran
Alors que les menaces d'attaques américaines contre le régime des taliban se précisent, les autorités iraniennes ont décidé de fermer la frontière iranienne avec l'Afghanistan longue de 900 kilomètres. Cette décision est intervenue alors que certaines informations font état de mouvements de réfugiés afghans vers la frontière iranienne. «Nous avons donné l'ordre à la police des frontières de ne laisser entrer aucun Afghan sur le sol iranien. Si cela s'avère nécessaire, nous aideront les citoyens afghans qui seront installés dans des camps de réfugiés situés de l'autre côté de la frontière», a affirmé un responsable iranien. Téhéran a même souligné que le HCR serait prêt à aider l'Iran dans cette tâche.
Depuis l'invasion de l'Afghanistan par l'Armée rouge en 1979, l'Iran a accueilli plus de 3 millions de réfugiés. Une partie d'entre eux sont rentrés en Afghanistan depuis le départ des forces soviétiques. Mais l'arrivée au pouvoir des taliban a de nouveau jeté sur les routes de l'exode les Afghans. Selon le dernier recensement, il y a actuellement plus de deux millions de réfugiés afghans en Iran. Mais en réalité, leur nombre dépasserait les 2,5 millions. Ce qui pose à l'Iran un énorme problème.
Le gouvernement iranien, qui doit gérer une situation économique difficile et un taux de chômage qui dépasse les 15%, cherche depuis deux ans à encourager les réfugiés afghans à rentrer chez eux. Mais la sécheresse qui frappe très durement les pays de la région, en particulier l'Afghanistan, a poussé de nombreux Afghans à venir se réfugier en Iran. Ce qui explique les craintes et les mesures prises par le gouvernement iranien pour empêcher l'arrivée de nouveaux réfugiés. En effet, l'Iran et l'Afghanistan ont des affinités culturelles et historiques. Il y a deux cents ans, l'Afghanistan faisait partie de l'Iran. De même, une grande partie des Afghans parlent le persan, qui est la langue officielle de l'Iran. Sans compter que les chiites forment plus de 15% de la population afghane.
Une attaque contre les taliban sert les intérêts de l'Iran
En tout cas, si Téhéran craint un nouvel exode des Afghans, en revanche malgré le discours officiel contre une guerre contre le monde musulman, une attaque des Américains et de leurs alliés contre les taliban ne peut que réjouir l'Iran. En effet, les taliban, qui sont des sunnites extrémistes, n'ont jamais caché leur hostilité à l'égard de l'Iran, dont la population est majoritairement chiite. D'ailleurs, le gouvernement iranien soutient la coalition de l'opposition au régime des taliban. Dans ces conditions la mort d'Ahmad Shah Massoud a constitué un revers important pour la politique iranienne dans la région. Autre élément satisfaisant pour l'Iran, les taliban étaient soutenus par le Pakistan, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite et même les Américains, qui voulaient ainsi affaiblir le rôle de Téhéran dans la région. Du coup, une attaque contre les taliban ne peut que servir les intérêts de l'Iran dans la région.
Dernier élément, l'Iran est la principale victime de la drogue produite en Afghanistan. En effet, selon les Nations unies, chaque année, 2000 tonnes de drogue entrent clandestinement en Iran depuis ce pays. Une partie de cette drogue est acheminée vers les pays européens et vers le monde arabe. Mais une partie de plus en plus importante de cette drogue est distribuée en Iran même. Selon les chiffres officiels, il y a deux millions de toxicomanes et quelques trois millions de consommateurs occasionnels dans le pays.
Si le 11 septembre dernier, le gouvernement iranien a immédiatement condamné les attaques terroristes contre les Etats-Unis, en revanche, les dirigeants du pays se contentent aujourd'hui de lancer simplement une ne mise en garde contre les Etats-Unis et les pays occidentaux contre toute précipitation dans leur réaction. Signe qui ne trompe pas, la coalition de l'opposition afghane, alliée de l'Iran, a proposé son aide aux Américains pour lutter contre les taliban.
Les Iraniens ne peuvent s'empêcher de faire le parallèle entre une éventuelle attaque américaine contre les taliban et la guerre du Golfe. En effet, après avoir soutenu le régime de Saddam Hussein pour affaiblir l'Iran, les Américains et leurs alliés occidentaux ont détruit le potentiel militaire de l'Irak, qui était le principal ennemi de l'Iran dans la région. Aujourd'hui, ils pourraient débarrasser l'Iran d'un autre ennemi, cette fois-ci sur sa frontière orientale.
Alors que les menaces d'attaques américaines contre le régime des taliban se précisent, les autorités iraniennes ont décidé de fermer la frontière iranienne avec l'Afghanistan longue de 900 kilomètres. Cette décision est intervenue alors que certaines informations font état de mouvements de réfugiés afghans vers la frontière iranienne. «Nous avons donné l'ordre à la police des frontières de ne laisser entrer aucun Afghan sur le sol iranien. Si cela s'avère nécessaire, nous aideront les citoyens afghans qui seront installés dans des camps de réfugiés situés de l'autre côté de la frontière», a affirmé un responsable iranien. Téhéran a même souligné que le HCR serait prêt à aider l'Iran dans cette tâche.
Depuis l'invasion de l'Afghanistan par l'Armée rouge en 1979, l'Iran a accueilli plus de 3 millions de réfugiés. Une partie d'entre eux sont rentrés en Afghanistan depuis le départ des forces soviétiques. Mais l'arrivée au pouvoir des taliban a de nouveau jeté sur les routes de l'exode les Afghans. Selon le dernier recensement, il y a actuellement plus de deux millions de réfugiés afghans en Iran. Mais en réalité, leur nombre dépasserait les 2,5 millions. Ce qui pose à l'Iran un énorme problème.
Le gouvernement iranien, qui doit gérer une situation économique difficile et un taux de chômage qui dépasse les 15%, cherche depuis deux ans à encourager les réfugiés afghans à rentrer chez eux. Mais la sécheresse qui frappe très durement les pays de la région, en particulier l'Afghanistan, a poussé de nombreux Afghans à venir se réfugier en Iran. Ce qui explique les craintes et les mesures prises par le gouvernement iranien pour empêcher l'arrivée de nouveaux réfugiés. En effet, l'Iran et l'Afghanistan ont des affinités culturelles et historiques. Il y a deux cents ans, l'Afghanistan faisait partie de l'Iran. De même, une grande partie des Afghans parlent le persan, qui est la langue officielle de l'Iran. Sans compter que les chiites forment plus de 15% de la population afghane.
Une attaque contre les taliban sert les intérêts de l'Iran
En tout cas, si Téhéran craint un nouvel exode des Afghans, en revanche malgré le discours officiel contre une guerre contre le monde musulman, une attaque des Américains et de leurs alliés contre les taliban ne peut que réjouir l'Iran. En effet, les taliban, qui sont des sunnites extrémistes, n'ont jamais caché leur hostilité à l'égard de l'Iran, dont la population est majoritairement chiite. D'ailleurs, le gouvernement iranien soutient la coalition de l'opposition au régime des taliban. Dans ces conditions la mort d'Ahmad Shah Massoud a constitué un revers important pour la politique iranienne dans la région. Autre élément satisfaisant pour l'Iran, les taliban étaient soutenus par le Pakistan, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite et même les Américains, qui voulaient ainsi affaiblir le rôle de Téhéran dans la région. Du coup, une attaque contre les taliban ne peut que servir les intérêts de l'Iran dans la région.
Dernier élément, l'Iran est la principale victime de la drogue produite en Afghanistan. En effet, selon les Nations unies, chaque année, 2000 tonnes de drogue entrent clandestinement en Iran depuis ce pays. Une partie de cette drogue est acheminée vers les pays européens et vers le monde arabe. Mais une partie de plus en plus importante de cette drogue est distribuée en Iran même. Selon les chiffres officiels, il y a deux millions de toxicomanes et quelques trois millions de consommateurs occasionnels dans le pays.
Si le 11 septembre dernier, le gouvernement iranien a immédiatement condamné les attaques terroristes contre les Etats-Unis, en revanche, les dirigeants du pays se contentent aujourd'hui de lancer simplement une ne mise en garde contre les Etats-Unis et les pays occidentaux contre toute précipitation dans leur réaction. Signe qui ne trompe pas, la coalition de l'opposition afghane, alliée de l'Iran, a proposé son aide aux Américains pour lutter contre les taliban.
Les Iraniens ne peuvent s'empêcher de faire le parallèle entre une éventuelle attaque américaine contre les taliban et la guerre du Golfe. En effet, après avoir soutenu le régime de Saddam Hussein pour affaiblir l'Iran, les Américains et leurs alliés occidentaux ont détruit le potentiel militaire de l'Irak, qui était le principal ennemi de l'Iran dans la région. Aujourd'hui, ils pourraient débarrasser l'Iran d'un autre ennemi, cette fois-ci sur sa frontière orientale.
par Siavosh Ghazi
Article publié le 17/09/2001