Iran
La justice s'inspire des Talibans
La multiplication des flagellations et exécutions publiques provoque des protestations au sein de la population. La justice, dominée par les conservateurs insiste sur le caractère exemplaire des sanctions. Mais les réformateurs y voient une volonté de saper l'autorité du président Khatami auprès de la jeunesse.
De notre correspondant à Téhéran
«On dit beaucoup de mal des Talibans, mais eux au moins ont réussi à instaurer la sécurité pour leur peuple, nous ne sommes pas inférieurs à eux.» Cette petite phrase prononcée par l'ancien ministre des Renseignements, l'hodjatoleslam Dori Najafabadi, un des leaders de la droite conservatrice, constitue une première. En effet, c'est la première fois qu'un responsable iranien ose affirmer publiquement que la politique répressive des Talibans est un bon modèle pour l'Iran. En prononçant cette phrase, l'hodjatolesam Dori Najafabadi a voulu justifier les récentes flagellations et pendaisons publiques qui sont devenues depuis plusieurs semaines le principal sujet de discussion des Iraniens mais aussi d'affrontement entre réformateurs et conservateurs.
Les flagellations et les pendaisons publiques étaient fréquentes au début de la révolution, mais très vite l'imam Khomeiny le fondateur de la République islamique avait ordonné leur arrêt sauf pour des cas très rares. Mais depuis quelques mois, le chef du pouvoir judiciaire, l'ayatollah Hashemi Shahroudi a décidé de remettre à l'ordre du jour l'application publique de ces peines. Il est soutenu par la majorité des conservateurs. «C'est la seule façon de lutter contre la corruption sociale et culturelle, qui s'est développé ces dernières années», affirment en substance les conservateurs. Selon le vice-ministre des Affaires étrangères, l'un des hauts responsables de la justice a même récemment affirmé qu'il fallait suivre le modèle des Talibans.
Au total, deux cents jeunes accusés d'avoir consommé de l'alcool ont été fouettés en public depuis mi-juillet. De même, une quinzaine de condamnés ont été pendus sur les places publiques à Téhéran et en province. La même scène se reproduit à chaque fois. La justice choisit une heure de grande affluence sur une grande place pour appliquer les peines. En quelques minutes, un car de la police arrive. Les policiers ferment la circulation. Ensuite, les jeunes, torses nus, sont descendus du car de police. Un par an, ils sont fouettés jusqu'au sang. Leur crime : avoir consommé de l'alcool et importuné des filles dans la rue. Selon la charia en vigueur en Iran, l'adultère, la consommation d'alcool ou encore le vol à main armée sont punis de flagellation.
L'image du pouvoir islamique est atteinte
Les conservateurs s'inquiètent de l'augmentation de la prostitution, des relations sexuelles hors mariages en particulier chez les jeunes mais aussi la consommation d'alcool. Deux chiffres sont significatifs de l'état de la société iranienne. Il y a un mois, la police a annoncé l'arrestation de 500 prostituées dans la ville sainte de Machad. Selon le chef du pouvoir judiciaire, la police a saisi ces trois derniers mois plus d'un million de bouteilles d'alcool importées en Iran clandestinement. Pour un pays où la consommation d'alcool est totalement interdite depuis plus de vingt ans, cela fait beaucoup.
Pour les réformateurs, flagellations et pendaisons publiques ne font que donner une image négative de l'islam aussi bien en Iran qu'à l'étranger. «Dans un pays où existent la corruption, la discrimination et les profits illégaux, il ne faut pas s'attendre à ce que les jeunes aient un comportement exemplaire», a affirmé récemment le président Khatami en critiquant la nouvelle politique du pouvoir judiciaire. De nombreux responsables du pays, notamment les ministres de l'Intérieur, des Renseignements, des Affaires étrangères, ont adopté la même position. Plusieurs religieux conservateurs de premier rang ont critiqué l'application publique de ces peines qui porte atteinte à l'image de l'islam et du pouvoir islamique.
En effet, à chaque fois que ces peines sont appliquées, il y a des protestations de la part des spectateurs qui sont obligés d'assister à ces scènes malgré eux. Selon un témoin, cité par le quotidien Nowrouz, après les protestations de la foule contre une flagellation publique sur la place de Tajrish dans le nord de Téhéran, l'un des bourreaux a même dû disperser les gens en les menaçant avec son fouet. Il y a deux semaines, plusieurs centaines de personnes ont même attaqué à coup de pierres les policiers après une exécution publique. La police a dû employer du gaz lacrymogène pour les disperser.
«Que les Occidentaux n'aiment pas ça, c'est leur problème, mais la peine de mort et l'application des flagellations sont des principes fondamentaux de notre religion», avait déclaré vendredi l'ayatollah Mohammad-Taghi Mesbah Yazdi, considéré comme le théoricien de la droite conservatrice. Mais dans le même il reconnaissait que «99% des universitaires et des étudiants étaient hostiles à genre de pratique.» Un aveu lourd de sens. Pour les analystes politiques, la nouvelle politique du pouvoir judiciaire, contrôlé par les conservateurs, n'est pas sans rapport avec le vote massif des électeurs pour le président Khatami et son programme de réformes. «Ils veulent dire à la population qu'ils n'abandonneront pas aussi facilement le pouvoir», affirme un journaliste iranien. Le Conseil suprême de la sécurité nationale, instance dirigée par M. Khatami, doit se pencher sur cette question et limiter l'application de ces peines.
«On dit beaucoup de mal des Talibans, mais eux au moins ont réussi à instaurer la sécurité pour leur peuple, nous ne sommes pas inférieurs à eux.» Cette petite phrase prononcée par l'ancien ministre des Renseignements, l'hodjatoleslam Dori Najafabadi, un des leaders de la droite conservatrice, constitue une première. En effet, c'est la première fois qu'un responsable iranien ose affirmer publiquement que la politique répressive des Talibans est un bon modèle pour l'Iran. En prononçant cette phrase, l'hodjatolesam Dori Najafabadi a voulu justifier les récentes flagellations et pendaisons publiques qui sont devenues depuis plusieurs semaines le principal sujet de discussion des Iraniens mais aussi d'affrontement entre réformateurs et conservateurs.
Les flagellations et les pendaisons publiques étaient fréquentes au début de la révolution, mais très vite l'imam Khomeiny le fondateur de la République islamique avait ordonné leur arrêt sauf pour des cas très rares. Mais depuis quelques mois, le chef du pouvoir judiciaire, l'ayatollah Hashemi Shahroudi a décidé de remettre à l'ordre du jour l'application publique de ces peines. Il est soutenu par la majorité des conservateurs. «C'est la seule façon de lutter contre la corruption sociale et culturelle, qui s'est développé ces dernières années», affirment en substance les conservateurs. Selon le vice-ministre des Affaires étrangères, l'un des hauts responsables de la justice a même récemment affirmé qu'il fallait suivre le modèle des Talibans.
Au total, deux cents jeunes accusés d'avoir consommé de l'alcool ont été fouettés en public depuis mi-juillet. De même, une quinzaine de condamnés ont été pendus sur les places publiques à Téhéran et en province. La même scène se reproduit à chaque fois. La justice choisit une heure de grande affluence sur une grande place pour appliquer les peines. En quelques minutes, un car de la police arrive. Les policiers ferment la circulation. Ensuite, les jeunes, torses nus, sont descendus du car de police. Un par an, ils sont fouettés jusqu'au sang. Leur crime : avoir consommé de l'alcool et importuné des filles dans la rue. Selon la charia en vigueur en Iran, l'adultère, la consommation d'alcool ou encore le vol à main armée sont punis de flagellation.
L'image du pouvoir islamique est atteinte
Les conservateurs s'inquiètent de l'augmentation de la prostitution, des relations sexuelles hors mariages en particulier chez les jeunes mais aussi la consommation d'alcool. Deux chiffres sont significatifs de l'état de la société iranienne. Il y a un mois, la police a annoncé l'arrestation de 500 prostituées dans la ville sainte de Machad. Selon le chef du pouvoir judiciaire, la police a saisi ces trois derniers mois plus d'un million de bouteilles d'alcool importées en Iran clandestinement. Pour un pays où la consommation d'alcool est totalement interdite depuis plus de vingt ans, cela fait beaucoup.
Pour les réformateurs, flagellations et pendaisons publiques ne font que donner une image négative de l'islam aussi bien en Iran qu'à l'étranger. «Dans un pays où existent la corruption, la discrimination et les profits illégaux, il ne faut pas s'attendre à ce que les jeunes aient un comportement exemplaire», a affirmé récemment le président Khatami en critiquant la nouvelle politique du pouvoir judiciaire. De nombreux responsables du pays, notamment les ministres de l'Intérieur, des Renseignements, des Affaires étrangères, ont adopté la même position. Plusieurs religieux conservateurs de premier rang ont critiqué l'application publique de ces peines qui porte atteinte à l'image de l'islam et du pouvoir islamique.
En effet, à chaque fois que ces peines sont appliquées, il y a des protestations de la part des spectateurs qui sont obligés d'assister à ces scènes malgré eux. Selon un témoin, cité par le quotidien Nowrouz, après les protestations de la foule contre une flagellation publique sur la place de Tajrish dans le nord de Téhéran, l'un des bourreaux a même dû disperser les gens en les menaçant avec son fouet. Il y a deux semaines, plusieurs centaines de personnes ont même attaqué à coup de pierres les policiers après une exécution publique. La police a dû employer du gaz lacrymogène pour les disperser.
«Que les Occidentaux n'aiment pas ça, c'est leur problème, mais la peine de mort et l'application des flagellations sont des principes fondamentaux de notre religion», avait déclaré vendredi l'ayatollah Mohammad-Taghi Mesbah Yazdi, considéré comme le théoricien de la droite conservatrice. Mais dans le même il reconnaissait que «99% des universitaires et des étudiants étaient hostiles à genre de pratique.» Un aveu lourd de sens. Pour les analystes politiques, la nouvelle politique du pouvoir judiciaire, contrôlé par les conservateurs, n'est pas sans rapport avec le vote massif des électeurs pour le président Khatami et son programme de réformes. «Ils veulent dire à la population qu'ils n'abandonneront pas aussi facilement le pouvoir», affirme un journaliste iranien. Le Conseil suprême de la sécurité nationale, instance dirigée par M. Khatami, doit se pencher sur cette question et limiter l'application de ces peines.
par Siavosh Ghazi
Article publié le 03/09/2001