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Afghanistan

Les taliban de plus en plus isolés

Alors que les Etats-Unis multiplient les pressions sur les pays limitrophes de l'Afghanistan et déploient ses forces armées dans la région, les taliban voient leurs anciens alliés les lâcher les uns après les autres. Seule l'Arabie saoudite résiste à l'Amérique.
Dimanche, les taliban ont réitéré leur refus de livrer Oussama Ben Laden aux Etats-Unis, alors qu'ils annonçaient que le milliardaire d'origine saoudienne, considéré comme le principal suspect dans les attentats du 11 septembre dernier, avait disparu. Sur ce point le plus sensible et le moins négociable, Kaboul entend bien ne pas céder aux autorités américaines : «Il n'y a pas de changement concernant notre décision. Les exigences américaines ne sont pas dans l'intérêt des musulmans et des Afghans et nous ne sommes pas prêts à accepter cela» a, une nouvelle fois, déclaré le porte-parole des taliban en rappelant également que le régime de Kaboul avait fait plusieurs ouvertures, ces derniers jours, pour régler le problème Ben Laden de manière pacifique alors que les Etats-Unis se préparaient à la guerre.

Les Etats-Unis insatisfaits de cette position semblent désormais prêts à des frappes qu'ils jugent inévitables. Les forces armées américaines continuent de se déployer dans la région. Des avions militaires de reconnaissance seraient arrivés samedi sur un aéroport ouzbek. Une information que le Pentagone a refusée de confirmer. George W. Bush a, par ailleurs, appelé 5 000 réservistes pour renforcer son dispositif humain. Le président américain, qui peaufine ses plans depuis Camp David, a décidé de s'adresser à la nation, via les médias, une fois par semaine pour galvaniser ses troupes.

Les Etats-Unis comptent ses alliés

Les Etats-Unis ont d'ores et déjà obtenu l'isolement quasi-total de Kaboul. Ils peuvent compter sur le soutien déterminé de l'Europe et de l'OTAN. Vladimir Poutine, le président russe, qui a eu samedi des entretiens téléphoniques avec son homologue américain, a fait savoir qu'il ne s'opposerait pas à une coopération entre les Etats-Unis et les Républiques d'Asie centrale. Par ailleurs, après Israël, la Turquie a annoncé samedi qu'elle était prête à ouvrir son espace aérien aux Américains. De plus, le Tadjikistan s'est dit prêt à coopérer avec Washington ainsi que le Kirghizstan. L'Inde, de son côté, a déclaré qu'elle pourrait apporter un soutien logistique à l'armée américaine après l'annonce de George W. Bush de lever les sanctions contre New Delhi imposées après leurs essais nucléaires en 1998. Quant au Népal, il a décidé de permettre aux avions américains de survoler son territoire, de s'y poser et de s'y ravitailler dans le cadre d'une éventuelle action en Afghanistan.

Seul pays avec le Pakistan et l'Arabie saoudite à reconnaître le régime taliban, les Emirats arabes unis ont rompu leurs relations diplomatiques avec Kaboul et sommé les membres de l'ambassade des taliban à Abou Dhabi de quitter le pays «dans les 24 heures». Le Pakistan a lui indiqué qu'il ne suivrait pas l'exemple des Emirats, justifiant sa décision par des «considérations humanitaires et politiques».

En revanche, plusieurs Etats du Golfe se sont montrés réticents à accueillir des renforts militaires américains sur leurs territoires. Ainsi Bahreïn et le Koweït ont officiellement nié avoir accordé des facilités aéroportuaires aux Etats-Unis. Très sollicitée, l'Iran, opposé à Kaboul, qui recevra le 24 septembre, la visite de Jack Straw, le ministre britannique des Affaires étrangères, s'est dit prête à lutter contre le terrorisme international en demandant toutefois qu'une riposte militaire contre l'Afghanistan soit évitée mettant en garde contre «une catastrophe humaine» dans la région.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 23/09/2001