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Attentats: la riposte

Comment Washington veut faire tomber les Taliban

Le président américain George W. Bush promet une victoire contre le terrorisme mais il appelle ses compatriotes à la patience. Dans le même temps, les Etats-Unis tentent d'organiser la chute du régime des Taliban à Kaboul.
Dans son allocution hebdomadaire à la radio, George Bush s'est abstenu de commenter les informations de la chaîne de télévision Al Jazira affirmant qu'un commando composé de trois soldats américains et deux supplétifs afghans avait été capturé en Afghanistan. Officieusement, un responsable américain a démenti l'information. Officiellement, le Pentagone s'est refusé à réagir.

L'essentiel de l'intervention du président américain a été consacré au combat contre le terrorisme engagé depuis les attentats du 11 septembre. «Nous allons gagner ce conflit que nous n'avons pas cherché» a lancé George Bush en ajoutant qu'il faudrait pour cela «la patience et la résolution» du peuple américain.

Dans ce conflit d'un nouveau genre, les armes ne sont pas seulement entre les mains des militaires. La guerre contre le terrorisme aura lieu aussi sur les terrains «financier, juridique, et diplomatique» a indiqué le chef de l'Etat.

Une guerre qui vise bel et bien le milliardaire Oussama Ben Laden. Le premier ministre britannique, Tony Blair, affirme en effet avoir "vu des preuves absolument fortes et incontestables de ses liens avec les événements du 11 septembre".

En réponse, l'ambassadeur du régime de Kaboul au Pakistan a déclaré ce dimanche, qu'Oussama Ben Laden se trouvait en Afghanistan et qu'il y était caché sous la protection des Taliban, "pour sa propre sécurité".

Difficile constitution d'un front uni autour du roi

Désormais, les Etats-Unis affichent un peu plus précisément leurs buts de guerre. Outre la capture d'Oussama Ben Laden «mort ou vif», Washington entend voir les Taliban chassés du pouvoir en Afghanistan. «Les Taliban ne représentent pas le peuple afghan qui n'a jamais élu ou choisi la faction des Taliban» affirme l'administration américaine qui dit «ne pas vouloir choisir qui dirige l'Afghanistan» mais se dit prête à aider «ceux qui sont pour un Afghanistan pacifique, économiquement développé et libéré du terrorisme».

C'est dans ce contexte que Washington entend s'appuyer sur l'ex-roi Zaher Shah qui vit en exil en Italie depuis qu'il a été renversé au début des années 70. Une délégation de 11 membres du Congrès américain a rencontré ce dimanche à Rome le souverain déchu tandis que les diverses factions de l'opposition afghane tentent d'organiser un front uni autour de la personnalité du roi.

La tâche s'annonce rude même si la proposition du souverain déchu de convoquer la Loja Jirga (assemblée traditionnelle des chefs afghans) semble rencontrer un écho grandissant. Des tensions sont apparues avec les représentants de l'alliance du Nord qui tiennent environ 5% du territoire afghan et qui s'alarment de l'attention portée par les Etats-Unis à l'ex-roi et qui réclament toujours des armes pour combattre les Taliban. Des tensions qui ne devraient pas diminuer avec l'intention affichée par Zaher Shah de voir les Taliban jouer un rôle dans une future coalition gouvernementale.

Sur le terrain, la tâche pourrait toutefois s'annoncer plus facile que prévu. Les rares informations qui parviennent de Kaboul indiquent que nombre de responsables Taliban ont quitté la ville. La journaliste Karen Lajon, du Journal du Dimanche, qui a pu se rendre dans la capitale afghane cachée sous le long voile imposé aux femmes par les Taliban témoigne de l'atmosphère de débandade qui règne chez les «maîtres de Kaboul».

Une situation qui n'a toutefois pas empêché la reprise du procès des huit Occidentaux membres d'une organisation humanitaire et qui risquent la peine de mort pour «propagation du christianisme». Par ailleurs, une enquête a été ouverte dans la région de Jalabad après l'arrestation de la journaliste britannique Yvonne Ridley qui était entrée dans le pays sans autorisation et que les Taliban disent soupçonner d'espionnage.

Lire également:
Riposte non militaire (la chronique de Philippe Leymarie)





par Philippe  Couve

Article publié le 30/09/2001