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Argent sale

Les Etats-Unis mettent les bouchées doubles

Virage à 180 degrés des Etats-Unis dans lutte contre le blanchiment de l'argent sale et les circuits financiers de la criminalité. Les attentats de New York et Washington ont convaincu l'administration Bush de la nécessité de s'engager résolument dans une telle action. Ce que ni la pression des autres pays industrialisés ni les conventions des Nations unies n'avaient pu obtenir.
En mai dernier, lors d'une réunion de l'OCDE, organisation internationale qui regroupe les pays industrialisés, le divorce apparaissait clairement entre les Etats-Unis et les autres pays développés sur la lutte contre les paradis fiscaux et le blanchiment de l'argent sale. La nouvelle administration Bush, très en retrait sur l'administration Clinton venait de remettre en question, coup sur coup, les accords de Kyoto sur le réchauffement climatique et l'action engagée par l'OCDE contre l'évasion fiscale et le blanchiment. Cette dernière était jugée attentatoire à la souveraineté des Etats, notamment en matière de fixation des niveaux de prélèvements fiscaux. En un mot, au nom du libéralisme, les intérêts des entreprises américaines étaient érigés au rang de priorité des priorités. Et la réprobation des autres pays industrialisés, comme au premier rang la France, demeurait de peu d'écho.

Le ton a bien changé depuis les attentats meurtriers du 11 septembre aux Etats-Unis. De la tiédeur on est passé à l'offensive et de mauvais élève de la classe, les Etats-Unis sont tout à coup devenus leaders en matière de lutte contre l'argent de la criminalité. Une liste de 27 personnes, entreprises ou associations soupçonnées d'avoir des liens avec Oussama Ben Laden a été diffusée afin de procéder au gel de leurs actifs financiers, aux Etats-Unis et dans les autres pays du G8. De même les institutions financières étrangères opérant aux Etats-Unis sont invitées à coopérer avec les services américains sous peine de voir leurs propres actifs également gelés.

Les comptes douteux au peigne fin

Les Etats-Unis entraînent dans leur sillage nombre de pays et l'on recense des décisions de gel d'avoirs suspects en France, en Allemagne et même au Pakistan où les comptes bancaires de deux groupes islamistes ont été gelés mercredi. Ailleurs, on passe au peigne fin les comptes des clients douteux comme au Danemark où sont actuellement contrôlés les opérations des clients d'affaires des banques et institutions financières danoises. Jusqu'au Luxembourg dont des sociétés financières ont été récemment par deux fois impliquées dans des affaires de blanchiment, Clearstream et PanEurolife, qui vient d'interdire à ses établissements financiers toute opération en rapport avec les membres de la liste énoncée par le président américain Bush. Le Liechtenstein, considéré comme un paradis fiscal, a même enquêté sur une société fiduciaire enregistrée dans la principauté dans les années 90 et soupçonnée d'avoir, à l'époque, fait transiter des fonds pour le milliardaire saoudien Ben Laden. Le monde de la finance a été invité à la plus grande prudence. Seule la Suisse n'a pour l'instant, pas trouvé trace de circuits financiers liés à ce mouvement islamiste.

Le gouvernement Bush en profite pour rattraper son retard en matière d'accords internationaux et relancer l'application de résolutions des Nations Unies contre l'argent de Ben Laden. Ainsi, le président américain pousse le Sénat à la ratification de la convention de 2000 sur le gel des actifs du terrorisme. Ce texte a déjà été ratifié par l'Union européenne qui y a adjoint en 2001 une liste de plusieurs centaines de personnes et d'organisation qui se retrouvent pour la plupart sur celle des Américains.



par Francine  Quentin

Article publié le 26/09/2001