Mexique
Fox à la Maison Blanche
Vicente Fox a commencé sa visite officielle par Washington où son ami Georges W. Bush lui a offert un dîner. La situation des 3,5 millions de sans papier et les problèmes de migration seront le thème prioritaire des conversations, même si c'est au Congrès que se jouera la véritable bataille.
De notre correspondant au Mexique
La visite d'Etat que réalise le président mexicain Vicente Fox aux Etats-Unis devrait servir aux deux présidents. Rarement une visite officielle n'a eu autant d'enjeux. George W. Bush, l'amphitryon, comme Fox, devront profiter de chaque moment, en évitant les chausse-trappes, pour parvenir à tirer parti de cette visite qui ne saurait se solder par une simple photo-souvenir du tandem Fox-Bush. Vicente Fox bénéficie d'une très bonne image : les Américains aiment son style, sa taille, ses bottes, son franc-parler, sa manière d'aborder les gens. Il représente le nouveau Mexique démocratique, celui qui a mis fin aux 71 ans d'un régime autoritaire et corrompu qu'ils méprisaient. Fox pourra donc utiliser ce capital de sympathie pour tenter d'arracher des concessions au président américain.
Il arrive bien secondé, avec son ministre des Relations extérieures, Jorge Castaªeda. Ce diplomate pragmatique, grand connaisseur des Etats-Unis, veut changer radicalement la relation de dépendance que le Mexique entretient depuis un siècle avec son puissant voisin. Il veut que le Mexique démocratique négocie d'égal à égal avec la Maison Blanche. L'idée de Jorge Castaªeda est de négocier un accord sur les migrations avec l'administration Bush : près de 8,5 millions de personnes nées au Mexique vivent aux Etats-Unis, 23 % d'entre elles ont la double nationalité, 3,5 millions sont en situation irrégulière, 500 000 Mexicains vont et viennent tous les ans comme saisonniers aux Etats-Unis. Paradoxalement, c'est la première fois que le thème migratoire, qui pourtant a plus de 100 ans, est inscrit sur l'agenda des négociations bilatérales. George W. Bush est le premier président des Etats-Unis a reconnaître le rôle capital du phénomène migratoire. Le gouvernement mexicain lui propose une négociation globale en 5 points:
- Trouver une solution à la situation des 3,5 millions de Mexicains immigrants illégaux.
- Augmenter significativement le nombre de visas que donne le gouvernement américain, en sortant le Mexique et le Canada des quotas, pour établir une catégorie à part.
- mettre en place un accord pour augmenter le nombre de Mexicains saisonniers.
- assurer une sécurité à la frontière pour que celle-ci cesse d'être une zone de tension et ainsi éviter la mort des migrants.
- enfin, le Mexique demande aux Etats-Unis de canaliser des fonds de développements régionaux pour limiter, à moyen terme, l'émigration.
Le vote hispanique
Pour George W. Bush, la visite de Fox est importante car il considère le Mexique comme un allié de poids dans la construction de l'Accord des Amériques (ALEA). Mais surtout, il a besoin de son ami Vicente Fox, pour attirer, aux prochaines élections (Congrès et présidentielle), le vote des latinos qui se porte traditionnellement sur le candidat démocrate. Pour y parvenir, Bush devra donc convaincre les sénateurs républicains qu'il faut lâcher du lest sur les thèmes les plus polémiques comme la migration, la circulation des camions mexicains sur le territoire national, les certificats de bonne conduite dans la lutte anti-drogue, etc. Or, les amis de Bush sont souvent les ennemis du Mexique, comme ce Phil Gramm, qui répète à l'encan que «de tels accord ne seront modifiés que sur son cadavre !».
Bush a sans doute commis une erreur stratégique en suggérant, il y a quelques mois, la possibilité de légaliser les 3,5 millions de Mexicains en situation irrégulière. Il n'a sans doute pas mesuré la mobilisation latine que sa déclaration allait entraîner et a ouvert une porte qu'il sera difficile de refermer. Une position qui agace profondément les démocrates qui ont toujours été les défenseurs de la migration et qui voit un de leurs chevaux de bataille leur échapper. Ce conflit entre Républicains et Démocrates est un grand atout pour Fox car il oblige les deux partis à s'engager. La Maison Blanche, tout comme les Démocrates, ont besoin de lui pour gagner le vote hispanique.
Si les Latino-américains estiment que Bush collabore vraiment avec Fox et propose un bon accord, les deux présidents pourront estimer que la visite aura été un succès. Si Fox repart les mains vides et déclare que rien de concret n'a été signé, ce sera inquiétant pour Bush qui, sans les voix hispaniques, ne sera sans doute pas réélu dans trois ans.
Tout va donc dépendre de comment les deux cow-boys qui ne craignent pas de montrer leurs connivences et leur amitié, parviennent à utiliser les médias qui ont tous un a priori favorable pour cette visite mexicaine.
La visite d'Etat que réalise le président mexicain Vicente Fox aux Etats-Unis devrait servir aux deux présidents. Rarement une visite officielle n'a eu autant d'enjeux. George W. Bush, l'amphitryon, comme Fox, devront profiter de chaque moment, en évitant les chausse-trappes, pour parvenir à tirer parti de cette visite qui ne saurait se solder par une simple photo-souvenir du tandem Fox-Bush. Vicente Fox bénéficie d'une très bonne image : les Américains aiment son style, sa taille, ses bottes, son franc-parler, sa manière d'aborder les gens. Il représente le nouveau Mexique démocratique, celui qui a mis fin aux 71 ans d'un régime autoritaire et corrompu qu'ils méprisaient. Fox pourra donc utiliser ce capital de sympathie pour tenter d'arracher des concessions au président américain.
Il arrive bien secondé, avec son ministre des Relations extérieures, Jorge Castaªeda. Ce diplomate pragmatique, grand connaisseur des Etats-Unis, veut changer radicalement la relation de dépendance que le Mexique entretient depuis un siècle avec son puissant voisin. Il veut que le Mexique démocratique négocie d'égal à égal avec la Maison Blanche. L'idée de Jorge Castaªeda est de négocier un accord sur les migrations avec l'administration Bush : près de 8,5 millions de personnes nées au Mexique vivent aux Etats-Unis, 23 % d'entre elles ont la double nationalité, 3,5 millions sont en situation irrégulière, 500 000 Mexicains vont et viennent tous les ans comme saisonniers aux Etats-Unis. Paradoxalement, c'est la première fois que le thème migratoire, qui pourtant a plus de 100 ans, est inscrit sur l'agenda des négociations bilatérales. George W. Bush est le premier président des Etats-Unis a reconnaître le rôle capital du phénomène migratoire. Le gouvernement mexicain lui propose une négociation globale en 5 points:
- Trouver une solution à la situation des 3,5 millions de Mexicains immigrants illégaux.
- Augmenter significativement le nombre de visas que donne le gouvernement américain, en sortant le Mexique et le Canada des quotas, pour établir une catégorie à part.
- mettre en place un accord pour augmenter le nombre de Mexicains saisonniers.
- assurer une sécurité à la frontière pour que celle-ci cesse d'être une zone de tension et ainsi éviter la mort des migrants.
- enfin, le Mexique demande aux Etats-Unis de canaliser des fonds de développements régionaux pour limiter, à moyen terme, l'émigration.
Le vote hispanique
Pour George W. Bush, la visite de Fox est importante car il considère le Mexique comme un allié de poids dans la construction de l'Accord des Amériques (ALEA). Mais surtout, il a besoin de son ami Vicente Fox, pour attirer, aux prochaines élections (Congrès et présidentielle), le vote des latinos qui se porte traditionnellement sur le candidat démocrate. Pour y parvenir, Bush devra donc convaincre les sénateurs républicains qu'il faut lâcher du lest sur les thèmes les plus polémiques comme la migration, la circulation des camions mexicains sur le territoire national, les certificats de bonne conduite dans la lutte anti-drogue, etc. Or, les amis de Bush sont souvent les ennemis du Mexique, comme ce Phil Gramm, qui répète à l'encan que «de tels accord ne seront modifiés que sur son cadavre !».
Bush a sans doute commis une erreur stratégique en suggérant, il y a quelques mois, la possibilité de légaliser les 3,5 millions de Mexicains en situation irrégulière. Il n'a sans doute pas mesuré la mobilisation latine que sa déclaration allait entraîner et a ouvert une porte qu'il sera difficile de refermer. Une position qui agace profondément les démocrates qui ont toujours été les défenseurs de la migration et qui voit un de leurs chevaux de bataille leur échapper. Ce conflit entre Républicains et Démocrates est un grand atout pour Fox car il oblige les deux partis à s'engager. La Maison Blanche, tout comme les Démocrates, ont besoin de lui pour gagner le vote hispanique.
Si les Latino-américains estiment que Bush collabore vraiment avec Fox et propose un bon accord, les deux présidents pourront estimer que la visite aura été un succès. Si Fox repart les mains vides et déclare que rien de concret n'a été signé, ce sera inquiétant pour Bush qui, sans les voix hispaniques, ne sera sans doute pas réélu dans trois ans.
Tout va donc dépendre de comment les deux cow-boys qui ne craignent pas de montrer leurs connivences et leur amitié, parviennent à utiliser les médias qui ont tous un a priori favorable pour cette visite mexicaine.
Article publié le 05/09/2001