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Timor-oriental

Victoire pour les anciens rebelles

Les résultats des élections du 30 août consacrent la victoire du parti historique de la résistance anti-indonésienne au Timor oriental, le Fretilin.
La publication des résultats des élections du 30 août confirme le choix des habitants du Timor oriental et leurs intentions déjà exprimées deux ans plutôt, et qui leur ont valu la furie des forces gouvernementales indonésiennes. Ils avaient opté en 1999 pour l'indépendance. Aujourd'hui c'est dans une joie contenue qu'ils ont envoyé à l'assemblée constituante une majorité de députés indépendantistes. Le Front révolutionnaire pour l'indépendance du Timor (Fretilin) a remporté 55 des 88 sièges de la nouvelle assemblée qui aura pour mission essentielle d'écrire la constitution de la future république.

Mais le Fretilin n'a pas la majorité qualifiée, 60 sièges, qui lui aurait permis d'avoir un total pouvoir de décision. Une alliance avec le Parti démocratique arrivé deuxième, avec sept sièges, le Parti social démocrate et l'Association démocratique sociale du Timor, qui se partagent six sièges, est d'ores et déjà envisagée. Ces partis et mouvements de gauche sont des alliés objectifs du Fretilin qui incarne la résistance est-timoraise à l'occupation indonésienne.

Selon les vainqueurs, ce ne sont pas les députés de la dizaine d'autres partis ayant participé à la consultation qui empêcheraient la machine de fonctionner. Tout le monde, administration de l'ONU comprise fait le pari du sursaut d'orgueil des Timorais qui sauront faire prévaloir l'intérêt national. Le danger viendrait plutôt du Timor occidental toujours indonésien. Les milices pro-indonésiennes discrètes depuis le déploiement de la force internationale de l'ONU, essentiellement composée d'australiens, pourraient reprendre du service en s'infiltrant dans la partie est du territoire. Et pour une fois, l'unicité de territoire et de peuple n'est pas à l'avantage du futur Etat.

Protéger la frontière

Une présence massive et vigilante des casques bleus est maintenant essentielle le long de la frontière terrestre longue d'une centaine de kilomètres qui scinde l'île en deux parties distinctes. La partie n'est pas gagnée pour les 8000 casques bleus et les 1500 policiers timorais placés sous l'autorité de Sergio Vieira de Mello, l'administrateur de l'ONU, qui se félicite déjà du bon travail accompli. Il est parfois plus difficile de maintenir la paix que de combattre une rébellion dans un pays meurtri par des siècles de colonisation -portugaise- et une occupation militaire indonésienne.

C'est justement sur le terrain de la paix que devront s'illustrer les vainqueurs du 30 août. Leur chef de file et probable futur président José «xanana» Gusmào a, d'ores et déjà, promis d'£uvrer pour la réconciliation nationale. Figure charismatique de la lutte anti-indonésienne et pour l'indépendance c'est son histoire qui finalement nourrit son discours. Son ton apaisé et loin de la verve revancharde rassure les siens et la communauté internationale qui est tout aussi préoccupée par la question de la reconstruction du territoire, pour l'instant sous perfusion des Nations unies.

Le 15 septembre prochain, on sera fixé sur les vraies capacités de la nouvelle assemblée constituante à conduire le pays sur les voies d'une indépendance et d'une démocratie réelles. Elle tiendra à cette date sa première réunion et décidera de la marche à suivre pour rendre dans un délai de trois mois sa copie sur la nouvelle constitution. L'administrateur de l'ONU, Sergio Vieira de Mello, nommera aussi dans les prochains jours un cabinet qui sera contrôlé par «une commission politique» et qui déterminera par ailleurs les choix prioritaires du futur nouvel Etat.



par Didier  Samson

Article publié le 06/09/2001