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Attentats

La France solidaire, mais...

Jusqu'où la France doit-elle marquer, militairement, sa solidarité avec les Etats-Unis dans leur riposte aux attentats islamistes? Au delà du consensus entre les partis politiques sur l' «éradication» du terrorisme et la lutte contre les injustices dans le monde, la participation française à des actions militaires est plus discutée. A cela s'ajoute la «différence» française, réaffirmée à droite comme à gauche : la laïcité.
Peu avant que le Premier ministre Lionel Jospin prenne la parole devant les députés sur la situation après les attentats du 11 septembre, la présidence de la République annonçait que la France avait donné son accord de principe pour le survol de son territoire par des avions américains et accepté une coopération navale dans l'Océan Indien. La France doit-elle en faire plus ? Pour Lionel Jospin si la participation militaire de la France était demandée, «cela impliquerait que notre pays soit pleinement associé à la définition des objectifs politiques et à la planification des actions». Favorable à une mission de courte durée des Etats-Unis et Britanniques en Afghanistan, «sans chercher à résoudre les problèmes internes à ce pays», l'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing a souhaité, au nom du groupe UDF, une réponse positive de la France à une demande de moyens militaires, «sous réserve de leur emploi judicieux». C'est aussi l'avis de Edouard Balladur, ancien Premier ministre RPR, à condition d'une concertation préalable approfondie sur les objectifs et les moyens.

En revanche, du côté des communistes, leur secrétaire national Robert Hue s'est montré méfiant quant à la tentation des Américains de répondre à l'humiliation par l'affirmation de leur puissance militaire. Dès lors, il s'est opposé à des opérations «lourdes» en général et à la participation de la France en particulier. Jean-Pierre Chevènement (Mouvement des citoyens) reconnaît aux Etats-Unis le droit légitime de renverser le régime des Taliban, mais, dans la mesure où la France n'est pas associée à la définition des objectifs ni à la mise en ouvre des moyens militaires elle doit conserver «sa liberté de jugement, de proposition et d'action».

La riposte militaire ne suffit pas

Le consensus est net, à droite comme à gauche, sur la nécessité de lutter contre le terrorisme, pas seulement dans une riposte militaire, mais en asséchant les réseaux financiers qui le soutiennent et en s'attaquant aux inégalités, aux différences de développement, aux conflits dont celui du Proche-Orient. Car, a affirmé le Premier ministre, l'union contre le terrorisme «ne vise pas à imposer aux peuples qui souffrent d'oublier leurs frustrations, de dépouiller leur identité».

Lionel Jospin a également annoncé, à cette occasion un renforcement des dispositions légales contre le terrorisme. Sur autorisation des juges, pendant une période déterminée, les contrôles sur les véhicules, les perquisitions, les contrôles des personnes dans les lieux publics seront facilités.

Ne pas confondre islam et islamisme, islam et terrorisme, tout le monde en convient dans l'hémicycle. Avec la revendication de laïcité dont la France a fait sa marque distinctive. De Valery Giscard d'Estaing, rappelant que la liberté de culte «interdit la pression religieuse sur la vie civique et sociale» au socialiste Jean-Marc Ayrault, appelant à défendre la laïcité qui prémunit des communautarismes.



par Francine  Quentin

Article publié le 03/10/2001