Afghanistan
L'ex-roi au centre des tractations
L'ancien roi d'Afghanistan, Zaher Shah, en exil à Rome depuis 28 ans, à la suite d'un coup d'Etat orchestré par son beau-frère -alors qu'il était en cure thermale à Ischia dans le sud de l'Italie- est parvenu à un projet de gouvernement de transition, à la suite de négociations à Rome, au cours de ces derniers jours, avec des représentants du Congrès américain et une délégation de l'Alliance du Nord, la coalition qui combat depuis cinq ans le régime des Taliban et contrôle aujourd'hui 10 % du territoire. L'entente se fonde sur la formation d'un Conseil suprême d'unité nationale, ouvert à tout le peuple afghan, y compris aux Taliban dissidents.
Ce Conseil aura pour charge la convocation d'une grande assemblée des chefs de tribus et des chefs religieux, la Loya Jirga, laquelle devra élire un chef d'Etat et un gouvernement de transition. L'ancien souverain âgé de 87 ans, qui étudie depuis le début des années 90 le projet d'une Loya Jirga, apparaît comme un élément fédérateur d'un front uni contre le régime des taliban. Entretien à Rome avec le Dr Zolman Rassoul, secrétaire particulier de l'ancien monarque.
Ce Conseil aura pour charge la convocation d'une grande assemblée des chefs de tribus et des chefs religieux, la Loya Jirga, laquelle devra élire un chef d'Etat et un gouvernement de transition. L'ancien souverain âgé de 87 ans, qui étudie depuis le début des années 90 le projet d'une Loya Jirga, apparaît comme un élément fédérateur d'un front uni contre le régime des taliban. Entretien à Rome avec le Dr Zolman Rassoul, secrétaire particulier de l'ancien monarque.
RFI: La rencontre à Rome, dans la perspective d'un renversement du régime des taliban, entre l'ancien roi Mohammed Zaher Shah, des responsables du Congrès américain et des représentants de l'opposition et des tribus afghanes a finalement abouti à un accord. Quels en sont les points les plus saillants ?
Zolman Rassoul: Cet accord prévoit la formation d' un Conseil suprême d'unité nationale dont les portes seront ouvertes à tous les représentants de la société afghane, y compris aux Taliban.
Ce Conseil aura pour tache de convoquer une Loya Jirga, une grande assemblée que nous voulons sous le controle des Nations Unies. Nous sommes convenu de nous réunir à nouveau Rome, dans deux ou trois semaines, pour nommer les 120 membres du Conseil qui doit être capable de créer une administration pour préparer la convocation d'urgence de la Loya Jirga.Entre temps, nous travaillerons pour définir la structure de ce Conseil.
RFI: Pouvez-vous expliquer ce qu'est la Loya Jirga?
ZR: C'est une institution nationale traditionnelle qui existe depuis des siècles en Afghanistan. Ce grand rassemblement de personnalités influentes permet de créer un consensus entre les différentes ethnies et tribus. La Loya Jirga se convoque uniquement dans des moments de décisions très importantes pour le pays.
Vu la situation chaotique dans la quelle nous nous trouvons, sur le plan intérieur mais aussi en raison de la présence de forces étrangères sur notre territoire, nous estimons que seul un gouvernement légitimé par le peuple pourra apporter la paix et la stabilité. Or, c'est la Loya Jirga qui sera chargée de nommer un chef d'Etat et un gouvernement de transition, selon le plan de paix de sa Majesté l'ancien roi de l'Afghanistan.
RFI: Très franchement, n'est-ce pas une utopie de penser que l'ex-souverain, agé de 87 ans et qui vit en exil depuis 28 ans en Italie, peut réellement jouer un rôle concret?
ZR: Certains obstacles doivent encore etre surmontés. Mais nous sommes convaincus qu'il peut jouer un rôle-clef dans le processus de démocratisation du pays. L'ancien roi qui a toujours gardé des contacts avec des représentants de son peuple et s'entretient régulièrement avec des délégations de l'Union européenne, américaines et onusiennes, est fermement décidé à rentrer en Afghanistan pour aider son pays.
C'est un homme d'éthnie pachtoune, respecté par toutes les couches sociales du pays. On le considère comme un père de la nation, comme l'élément unificateur du pays. Il est clair qu'il n'a acune intention de réinstaurer un régime monarchique. Il veut simplement utiliser son influence stratégique en Afghanistan, où il a regné pendant 40 ans, de 1933 à 1973, pour préparer les conditions dans les quelles le peuple afghan pourra choisir librement son gouvernement et son chef d'Etat.
En ce moment, c'est la seule personnalité qui possède le pouvoir moral et populaire, selon la tradition afghane, de convoquer la Loya Jirgaet son âge n'est pas un handicap mais un atout. Sans la convocation de cette assemblée, il sera pratiquement impossible de regrouper tout le peuple afghan sous le même parapluie.
RFI: Quel a été le rôle de l'Italie dans ces négociations?
ZR:Depuis un an et demi, le gouvernement italien a joué un rôle important pour la formation de la Loya Jirga (un projet sur lequel l'ancien roi travaille depuis le début des années 90), sa promotion dans le monde et au particulier au sein de l'Union Européenne. Nous sommes très reconnaissants envers ce pays qui nous a donné la possibilité de nous réunir à plusieurs reprises.
Malheureusement, il a fallu attendre les événements dramatiques du 11 septembre pour que toute la communauté internationale réalise à quel point la situation de l'Afghanistan, en guerre depuis 22 ans, peut avoir des conséquences tragiques sur le plan international.
Or, je vous le dis sincèrement sans vouloir dramatiser à outrance, ce qui s'est passé a Washington et New York, n'est que le début d'événements beaucoup plus graves. Il faut agir très vite. Pour cela, nous avons besoin du soutien politique et économique de toute la communauté internationale. Mais attention, il est clair que si les Etats-Unis (qui soutiennent le projet de l'ancien roi ndlr) ont le droit de combattre le terrorisme et de punir les coupables des attentats, nous n'accepterons aucune ingérence dans nos affaires intérieures et aucune attaque contre le peuple afghan.
Il est fondamental d'établir une distinction très nette entre les terroristes étrangers à l'intérieur de l'Afghanistan et les afghans qui sont des victimes. Tout comme il est aussi fondamental de comprendre que ce sont les Afghans qui sont le mieux placés pour faire le ménage sur leur territoire. C'est à eux de prendre en main leur destin.
Zolman Rassoul: Cet accord prévoit la formation d' un Conseil suprême d'unité nationale dont les portes seront ouvertes à tous les représentants de la société afghane, y compris aux Taliban.
Ce Conseil aura pour tache de convoquer une Loya Jirga, une grande assemblée que nous voulons sous le controle des Nations Unies. Nous sommes convenu de nous réunir à nouveau Rome, dans deux ou trois semaines, pour nommer les 120 membres du Conseil qui doit être capable de créer une administration pour préparer la convocation d'urgence de la Loya Jirga.Entre temps, nous travaillerons pour définir la structure de ce Conseil.
RFI: Pouvez-vous expliquer ce qu'est la Loya Jirga?
ZR: C'est une institution nationale traditionnelle qui existe depuis des siècles en Afghanistan. Ce grand rassemblement de personnalités influentes permet de créer un consensus entre les différentes ethnies et tribus. La Loya Jirga se convoque uniquement dans des moments de décisions très importantes pour le pays.
Vu la situation chaotique dans la quelle nous nous trouvons, sur le plan intérieur mais aussi en raison de la présence de forces étrangères sur notre territoire, nous estimons que seul un gouvernement légitimé par le peuple pourra apporter la paix et la stabilité. Or, c'est la Loya Jirga qui sera chargée de nommer un chef d'Etat et un gouvernement de transition, selon le plan de paix de sa Majesté l'ancien roi de l'Afghanistan.
RFI: Très franchement, n'est-ce pas une utopie de penser que l'ex-souverain, agé de 87 ans et qui vit en exil depuis 28 ans en Italie, peut réellement jouer un rôle concret?
ZR: Certains obstacles doivent encore etre surmontés. Mais nous sommes convaincus qu'il peut jouer un rôle-clef dans le processus de démocratisation du pays. L'ancien roi qui a toujours gardé des contacts avec des représentants de son peuple et s'entretient régulièrement avec des délégations de l'Union européenne, américaines et onusiennes, est fermement décidé à rentrer en Afghanistan pour aider son pays.
C'est un homme d'éthnie pachtoune, respecté par toutes les couches sociales du pays. On le considère comme un père de la nation, comme l'élément unificateur du pays. Il est clair qu'il n'a acune intention de réinstaurer un régime monarchique. Il veut simplement utiliser son influence stratégique en Afghanistan, où il a regné pendant 40 ans, de 1933 à 1973, pour préparer les conditions dans les quelles le peuple afghan pourra choisir librement son gouvernement et son chef d'Etat.
En ce moment, c'est la seule personnalité qui possède le pouvoir moral et populaire, selon la tradition afghane, de convoquer la Loya Jirgaet son âge n'est pas un handicap mais un atout. Sans la convocation de cette assemblée, il sera pratiquement impossible de regrouper tout le peuple afghan sous le même parapluie.
RFI: Quel a été le rôle de l'Italie dans ces négociations?
ZR:Depuis un an et demi, le gouvernement italien a joué un rôle important pour la formation de la Loya Jirga (un projet sur lequel l'ancien roi travaille depuis le début des années 90), sa promotion dans le monde et au particulier au sein de l'Union Européenne. Nous sommes très reconnaissants envers ce pays qui nous a donné la possibilité de nous réunir à plusieurs reprises.
Malheureusement, il a fallu attendre les événements dramatiques du 11 septembre pour que toute la communauté internationale réalise à quel point la situation de l'Afghanistan, en guerre depuis 22 ans, peut avoir des conséquences tragiques sur le plan international.
Or, je vous le dis sincèrement sans vouloir dramatiser à outrance, ce qui s'est passé a Washington et New York, n'est que le début d'événements beaucoup plus graves. Il faut agir très vite. Pour cela, nous avons besoin du soutien politique et économique de toute la communauté internationale. Mais attention, il est clair que si les Etats-Unis (qui soutiennent le projet de l'ancien roi ndlr) ont le droit de combattre le terrorisme et de punir les coupables des attentats, nous n'accepterons aucune ingérence dans nos affaires intérieures et aucune attaque contre le peuple afghan.
Il est fondamental d'établir une distinction très nette entre les terroristes étrangers à l'intérieur de l'Afghanistan et les afghans qui sont des victimes. Tout comme il est aussi fondamental de comprendre que ce sont les Afghans qui sont le mieux placés pour faire le ménage sur leur territoire. C'est à eux de prendre en main leur destin.
par A Rome, propos recueillis par Anne Le Nir
Article publié le 03/10/2001