Iran
Téhéran somme Bush d'arrêter les bombardements
Le président iranien exige l'arrêt des bombardements américains contre l'Afghanistan. Mohammad Khatami, que l'on considère comme un modéré, estime que «ce n'est pas la bonne manière de lutter contre le terrorisme».
De notre correspondant en Iran
En demandant aux Américains d'arrêter immédiatement la guerre, le président Khatami a opté pour une position de fermeté vis à vis de Washington. «Il faut arrêter immédiatement la guerre» a-t-il affirmé. «Quand la guerre crée la guerre, que la terreur se développe à la faveur de la guerre et que des innocents sont brûlés dans le feu, cela montre un grand fossé entre la politique et la morale. Aujourd'hui, le monde doit voir que des humains immoraux commettent des crimes et font d'innocents les victimes de leur politique», a ajouté le président iranien.
«Ce n'est pas la bonne manière pour lutter contre le terrorisme. S'il y a de la bonne volonté, il faudrait utiliser ce climat favorable au niveau international pour s'attaquer à la racine du terrorisme», a affirmé le président iranien. Depuis le début de la crise, tout en condamnant les attaques terroristes du 11 septembre, Téhéran s'est opposé à une action militaire américaine contre l'Afghanistan. Mais le gouvernement iranien s'était bien gardé de condamner l'attaque américaine. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Kamal Kharazi, avait affirmé simplement que les attaques militaires «étaient inacceptables» à ses yeux.
Cette position avait tranché avec la position du guide suprême, l'ayatollah Ali Khameneï. Le numéro un iranien a condamné vigoureusement l'attaque américaine contre le peuple afghan et l'Afghanistan. Il avait même fait le parallèle entre le sort des Afghans et celui des Palestiniens, accusant les Etats-Unis de créer une nouvelle Palestine en Afghanistan. Il y avait donc deux positions parallèles parmi les dirigeants iraniens. Après avoir adopté une position plutôt modérée au lendemain des attaques du 11 septembre, Téhéran a durci sa position à la veille des frappes américaines. En effet, dans les deux premières semaines qui ont suivi l'attaque, il y a eu de nombreux gestes de sympathie avec les Américains et les familles des victimes.
Déjà 2 millions et demi de réfugiés afghans en Iran
Comment expliquer cette évolution ? «L'Iran et son chef suprême se veulent le leader du monde musulman. Ils ne peuvent accepter une attaque directe contre un pays musulman,» affirme un journaliste iranien. De même, l'Iran qui compte une frontière commune de 900 kilomètres avec l'Afghanistan ne peut se désintéresser du sort de ce pays. Téhéran veut avoir son mot à dire sur le futur régime afghan. «L'Afghanistan a un pouvoir légal, c'est-à-dire le gouvernement de Rabbani, qui est reconnu par les Nations unies» a affirmé le président Khatami. A l'heure où l'on parle de Zaher Shah comme le sauveur de l'Afghanistan, l'Iran semble rejeter cette solution. En effet, Téhéran craint que les Américains et leurs alliés ne tiennent pas compte de la volonté et des intérêts de l'Iran. «Un régime stable et représentatif en Afghanistan garanti nos intérêts» a affirmé il y a quelques jours, Mohsen Mirdamadi, le président de la Commission des Affaires étrangères au parlement. «Nous avons des intérêts communs avec les Etats-Unis en Afghanistan». Une thèse qui n'a pas été reprise par les dirigeants du régime, même on ne cache pas à Téhéran que la chute des Talibans est un point important pour l'Iran.
En effet, au-delà même des problèmes de sécurité, il y a le problème des réfugiés. Depuis le début des opérations, plus de vingt milles réfugiés afghans ont traversé la frontière iranienne. Selon les Nations unies, quelques 400 000 réfugiés supplémentaires pourraient venir en Iran, qui compte déjà plus de deux millions et demi de réfugiés. Ce que Téhéran veut empêcher à tout prix. Officiellement, l'Iran a fermé sa frontière. Mais l'arrivée de nouveaux réfugiés menacerait l'équilibre de l'économie iranienne. C'est sans doute pour cela aussi que l'Iran a rejeté les opérations militaires. Mais Téhéran ne sait pas comment s'intégrer dans ce puzzle où les Américains jouent le principal rôle.
En demandant aux Américains d'arrêter immédiatement la guerre, le président Khatami a opté pour une position de fermeté vis à vis de Washington. «Il faut arrêter immédiatement la guerre» a-t-il affirmé. «Quand la guerre crée la guerre, que la terreur se développe à la faveur de la guerre et que des innocents sont brûlés dans le feu, cela montre un grand fossé entre la politique et la morale. Aujourd'hui, le monde doit voir que des humains immoraux commettent des crimes et font d'innocents les victimes de leur politique», a ajouté le président iranien.
«Ce n'est pas la bonne manière pour lutter contre le terrorisme. S'il y a de la bonne volonté, il faudrait utiliser ce climat favorable au niveau international pour s'attaquer à la racine du terrorisme», a affirmé le président iranien. Depuis le début de la crise, tout en condamnant les attaques terroristes du 11 septembre, Téhéran s'est opposé à une action militaire américaine contre l'Afghanistan. Mais le gouvernement iranien s'était bien gardé de condamner l'attaque américaine. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Kamal Kharazi, avait affirmé simplement que les attaques militaires «étaient inacceptables» à ses yeux.
Cette position avait tranché avec la position du guide suprême, l'ayatollah Ali Khameneï. Le numéro un iranien a condamné vigoureusement l'attaque américaine contre le peuple afghan et l'Afghanistan. Il avait même fait le parallèle entre le sort des Afghans et celui des Palestiniens, accusant les Etats-Unis de créer une nouvelle Palestine en Afghanistan. Il y avait donc deux positions parallèles parmi les dirigeants iraniens. Après avoir adopté une position plutôt modérée au lendemain des attaques du 11 septembre, Téhéran a durci sa position à la veille des frappes américaines. En effet, dans les deux premières semaines qui ont suivi l'attaque, il y a eu de nombreux gestes de sympathie avec les Américains et les familles des victimes.
Déjà 2 millions et demi de réfugiés afghans en Iran
Comment expliquer cette évolution ? «L'Iran et son chef suprême se veulent le leader du monde musulman. Ils ne peuvent accepter une attaque directe contre un pays musulman,» affirme un journaliste iranien. De même, l'Iran qui compte une frontière commune de 900 kilomètres avec l'Afghanistan ne peut se désintéresser du sort de ce pays. Téhéran veut avoir son mot à dire sur le futur régime afghan. «L'Afghanistan a un pouvoir légal, c'est-à-dire le gouvernement de Rabbani, qui est reconnu par les Nations unies» a affirmé le président Khatami. A l'heure où l'on parle de Zaher Shah comme le sauveur de l'Afghanistan, l'Iran semble rejeter cette solution. En effet, Téhéran craint que les Américains et leurs alliés ne tiennent pas compte de la volonté et des intérêts de l'Iran. «Un régime stable et représentatif en Afghanistan garanti nos intérêts» a affirmé il y a quelques jours, Mohsen Mirdamadi, le président de la Commission des Affaires étrangères au parlement. «Nous avons des intérêts communs avec les Etats-Unis en Afghanistan». Une thèse qui n'a pas été reprise par les dirigeants du régime, même on ne cache pas à Téhéran que la chute des Talibans est un point important pour l'Iran.
En effet, au-delà même des problèmes de sécurité, il y a le problème des réfugiés. Depuis le début des opérations, plus de vingt milles réfugiés afghans ont traversé la frontière iranienne. Selon les Nations unies, quelques 400 000 réfugiés supplémentaires pourraient venir en Iran, qui compte déjà plus de deux millions et demi de réfugiés. Ce que Téhéran veut empêcher à tout prix. Officiellement, l'Iran a fermé sa frontière. Mais l'arrivée de nouveaux réfugiés menacerait l'équilibre de l'économie iranienne. C'est sans doute pour cela aussi que l'Iran a rejeté les opérations militaires. Mais Téhéran ne sait pas comment s'intégrer dans ce puzzle où les Américains jouent le principal rôle.
par Siavosh Ghazi
Article publié le 10/10/2001