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Afghanistan

Les taliban parlent de «<i>centaines de morts</i>»

Après une intensification des frappes durant la nuit, les Américains maintiennent une pression très forte sur l'Afghanistan et continuent les raids durant la journée. Kaboul, Kandahar et Jalalabad sont toujours les principales cibles des attaques.
L'opération «Liberté immuable» n'en est qu'à son début. Selon l'amiral Sir Michael Boyce, chef d'état-major britannique, elle devrait se poursuivre «pendant l'hiver et même jusqu'à l'été». Pour l'heure, les responsables américains ou britanniques confirment, chaque jour et à tour de rôle, «les progrès» réalisés pour atteindre leurs objectifs. A savoir, détruire les infrastructures militaires de contrôle et de commandement des taliban, mais aussi les camps d'entraînement du réseau Ben Laden en Afghanistan. Ainsi l'amiral Boyce a affirmé que la coalition anti-terroristes a d'ores et déjà atteint «plus de 40 cibles», que les «systèmes d'alerte avancée et de défense anti-aérienne ont été disloqués» et que les résultats sont donc «encourageants».

Dans la campagne de communication sélective menée en parallèle des interventions militaires, quelques informations semblent avoir filtré sur la prochaine étape de l'offensive américano-britannique. Après les avions de chasse et les bombardiers, les hélicoptères de combat pourraient entrer en action pour mener des attaques à basse altitude, sous forme de raids surprise, dont l'objectif serait d'atteindre les principaux responsables taliban ou de traquer Oussama Ben Laden, là où il se cache.

Quarante cibles détruites

L'installation de troupes américaines au Pakistan a, dans ce contexte, provoqué un certain nombre de réactions. Jusqu'à présent, le gouvernement d'Islamabad avait affirmé que son soutien à la coalition passait exclusivement par l'ouverture de son espace aérien pour les appareils américains mais qu'aucune attaque terrestre contre l'Afghanistan ne serait menée à partir de son sol. La mise à disposition des soldats américains de deux aéroports au sud du pays, confirmée par les autorités, est ainsi censée permettre des opérations de sauvetage des troupes envoyées sur le territoire afghan à partir de bases situées hors du Pakistan. Les soldats présents dans ce pays auraient donc pour seule mission d'assurer un soutien logistique.

Dans le même temps, les taliban affirment avoir déployé 10 000 hommes le long de la frontière avec l'Ouzbékistan, au nord. Des troupes américaines ont été envoyées dans cet Etat voisin de l'Afghanistan, dès le début des frappes. Pour les taliban, il s'agit d'assurer «la défense» du pays face à la menace constituée par la présence de soldats de la coalition à ses portes. Mais Kaboul avait déjà menacé l'Ouzbékistan de représailles s'il apportait son soutien aux Etats-Unis.

Bien qu'aucun bilan fiable et indépendant n'ait pu être dressé pour le moment (les seules informations disponibles émanent des taliban eux-mêmes), il semble que le nombre de victimes civiles augmente rapidement. Les dernières annonces avançaient le chiffre de trois cents morts. Deux cents personnes auraient notamment été tuées dans un village de l'est du pays, après des bombardements qui visaient à détruire un camp d'entraînement déserté par les terroristes. Trois villes, Kaboul, la capitale, Kandahar, le fief des taliban situé au sud, et Jalalabad, la grande ville de l'Est, sont toujours les principales cibles des attaques depuis le début de l'offensive américaine. Une mosquée, présentée par les autorités afghanes comme «appartenant au patrimoine national», a aussi été détruite. L'ambassadeur des taliban à Islamabad, Abdul Salam Zaeef, a d'ailleurs accusé les Etats-Unis de «viser» de plus en plus les civils présentés comme des «martyrs». L'amiral Boyce a, pour sa part, réfuté ces accusations en estimant qu'il était impossible de vérifier les affirmations des taliban pour le moment et a renouvelé ses regrets concernant la mort de civils à la suite des frappes.



par Valérie  Gas

Article publié le 11/10/2001