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Afghanistan

Des bombardements de nuit comme de jour

Après une troisième nuit de bombardements, des avions américains ont mené ce mercredi un nouveau raid de jour sur Kandahar, au coeur du pouvoir taliban.
"Avec le succès des raids précédents, nous pensons être en mesure de mener des bombardements 24 heures sur 24 si nous le souhaitons", affirme Donald Rumsfeld, le ministre américain de la Défense au terme de trois nuits et d'une journée de bombardements contre des objectifs situés en Afghanistan.

Les Etats-Unis affirment disposer désormais d'une total suprématie aérienne dans le ciel afghan. "Nous avons frappé plusieurs camps d'entraînement terroristes. Nous avons
endommagé la plupart des aérodromes (...) ainsi que leurs radars et canons de défense anti-aérienne", ajoute Donald
Rumsfeld. Autant de déclarations qui sont impossible à vérifier de source indépendante.

Un responsable du régime de Kaboul a déclaré de son côté que des avions américains ont mené ce mercredi matin un nouveau raid de jour sur Kandahar, bastion des taliban dans le sud du pays, déclenchant des tirs intenses de la défense anti-aérienne. "Il y a quatre ou cinq avions qui tournent autour de la ville", a-t-il déclaré par téléphone, alors que le bruit des canons anti-aériens pouvait être entendu en arrière-plan.

Dans la nuit de lundi à mardi, la région de Kaboul avait été de nouveau la cible des bombardements américains auxquels les forces britanniques n'ont, cette fois, pas participé directement. Les habitants ont entendu plusieurs explosions, l'électricité et les lignes téléphoniques ont encore été coupées. La riposte des canons anti-aériens des taliban semble avoir été localisée au nord-ouest de la ville, ce qui pourrait signifier qu'une partie de leur armement a déjà été détruite lors des précédentes attaques. De nouveaux bombardements ont aussi touché les villes de Jalabad (est), Mazar-e-Saharif (nord) et Kandahar (sud-est).

Le bilan humain des ces opérations est encore incertain. Des responsables taliban joints par l'AFP font état de 35 morts ou blessés depuis lundi soir. L'Agence officielle iranienne, IRNA, a quant à elle annoncé avoir reçu des informations selon lesquelles le commandant des forces aériennes taliban, Akthar Mohammad Mansour, avait succombé à la suite des raids américains de dimanche soir. De même que le commandant du premier bataillon de Nangarhar, le général Omar Ataie. D'autre part, au moins quatre civils, employés d'une agence de déminage, Afghan consultant déminage, qui avait cessé ses activités après le départ de son personnel étranger en même temps que celui des Nations unies, il y a quinze jours, ont trouvé la mort à Kaboul. Un missile s'est, en effet, abattu sur leur bureau situé dans un quartier de la capitale où n'existe, selon les habitants, aucun site militaire qui aurait pu être pris pour cible.

L'opposition profite des bombardements

Selon le chef d'état major interarmes, Richard Myers, ces frappes ont été effectuées grâce à cinq bombardiers B-1 et B-2, et dix avions de combat. Une quinzaine de missiles ont d'autre part été tirés de deux porte-avions et d'un sous-marin. Cette deuxième offensive nocturne a donc été moins importante que celle de la nuit précédente pendant laquelle une quarantaine de bombardiers ou de chasseurs avaient décollé et près de 50 missiles avaient été tirés. Les cibles étaient similaires à celles qui avaient été visées la veille, aéroports, centres de commandement, de contrôle et de communication, bases militaires des taliban, camps d'entraînement des terroristes.

Dès l'aube, les forces américaines ont repris leurs opérations sans qu'il y ait presque d'interruption. Ces premières frappes effectuées de jour ont touché Kandahar et Kunduz. Dans la première ville, des témoins ont affirmé que les avions avaient fait plusieurs passages avant de bombarder leurs cibles. Selon l'état-major, «depuis les premières frappes dimanche après-midi, il n'y a pas eu d'arrêt des opérationsà Qu'il fasse jour ou nuit ne change rien». La décision de passer à des attaques en plein jour pourrait, malgré tout, vouloir dire que les américains estiment avoir détruit le potentiel de défense antiaérien des taliban dans ces villes.

Pour Donald Rumsfeld, secrétaire d'Etat américain à la Défense, qui s'est félicité de l'impact des premiers raids effectués: «Nous avons fait des progrès dans l'élimination des sites de défense anti-aérienne». Il ne semble pas pour autant que la phase des bombardements soit terminée ni même qu'elle sera suffisante pour atteindre les objectifs que se sont fixés les Etats-Unis, à savoir éliminer les réseaux terroristes d'Oussama Ben Laden et les responsables taliban qui les ont accueillis et protégés. Selon Donald Rumsfeld: «Il est peu probable que les frappes aériennes suffiront à déséquilibrer les taliban». Par contre, le secrétaire à la Défense estime qu'elles devraient permettre «d'accentuer la pression et de rendre leur vie plus difficile».

La deuxième phase de l'offensive américaine devrait ainsi passer, selon le Washington Post, par un déploiement plus important de troupes en Asie centrale et au Proche-Orient. Les bombardements actuels ne seraient que la première phase d'une opération de longue durée, dont l'objectif est de préparer les conditions pour d'autres interventions, vraisemblablement terrestres, destinées à débusquer les terroristes et chasser les taliban du pouvoir.

Dans le Nord du pays, l'opposition afghane a profité de la déstabilisation provoquée par les bombardements américains pour lancer des attaques contre certaines positions des taliban. Notamment en bombardant des points stratégiques autour d'une ville clef, Mazar-e-Sharif mais aussi en menant des offensives dans les régions de Badghis, Ghor, Balkh et Samangan.



par Valérie  Gas

Article publié le 10/10/2001