Nations unies
L'ONU donne carte blanche aux Etats-Unis
Kofi Annan et le Conseil de sécurité de l'ONU ont de nouveau reconnu hier le droit des Etats-Unis à la légitime défense. Les Américains se sont contentés d'informer les Etats membres de nouvelles actions possibles contre d'autres pays. Pour ménager leur coalition, ils ne se sont pas opposés à l'élection de la Syrie au Conseil.
De notre correspondant à New York (Nations Unies)
Dès le lendemain des attentats du 11 septembre, le conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution reconnaissant le droit des Etats-Unis à la légitime défense. Votée dans l'urgence, sous le coup de l'émotion d'un drame qui venait de se jouer à quelques centaines de mètres des diplomates onusiens, le texte a rapidement été comparé comme un chèque en blanc signé par l'ONU aux Etats-Unis. Il leur reconnaissait le droit de répondre militairement sans demander d'autorisation au Conseil de sécurité. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne en on fait usage. Simplement, conformément à la charte des Nations Unies, ils ont tenu le Conseil informé de leurs opérations militaires.
Dans sa lettre, l'ambassadeur américain affirme que son gouvernement a obtenu «des informations claires et convaincantes» selon lesquelles le réseau Al Qaïda, avec le soutien des Taliban, «a joué un rôle central dans les attentats du 11 septembre». Reconnaissant que l'enquête n'en est qu'à ses débuts et que qu'il y «a encore beaucoup de choses que nous ne savons pas», John Negroponte affirme : «nous pourrions déterminer que notre légitime défense nécessite de nouvelles actions concernant d'autres organisations et d'autres pays». Sans plus de détails, la lettre informe le conseil que l'armée américaine a entrepris des actions pour empêcher de nouvelles attaques contre les Etats-Unis. Elle précise que les Etats-Unis s'engagent à «minimiser»les pertes civiles et poursuivront leur aide humanitaire à la population.
Hier soir, le Conseil de Sécurité s'est réuni en consultations privées sur ces questions.«L'unanimité des membres du Conseil pour exprimer leur compréhension des actions entreprises m'a beaucoup frappé, a déclaré à RFI le représentant de la France à l'ONU Jean-David Levitte. Tous ont compris que les populations afghanes n'étaient en aucun cas visées par ces frappes ciblées». Il est rare que le Conseil, dont trois des membres sont des pays musulmans, s'exprime d'une seule voix. «J'y vois une des conséquences du choc profond produit par l'agression armée du 11 septembre, qui a été ressentie comme une action contre la communauté internationale toute entière», explique Jean-David Levitte.
Kofi Annan du même avis
De son coté, Kofi Annan a également reconnu le droit des Etats-Unis à la légitime défense, tout en appelant la communauté internationale à rester «unie» pour «tenir en échec le terrorisme» en «usant de nombreux moyens y compris politiques, juridiques diplomatiques et financiers». Il a également encouragé la communauté internationale à «travailler plus dur que jamais pour trouver une solution politique» à la crise.
Sur un plan plus général, le Conseil travaille également avec une célérité inhabituelle à la mise en oeuvre de la résolution 1373, votée voilà 10 jours. Elle va beaucoup plus loin que toutes les conventions internationales contre le terrorisme votées à ce jour et prévoit des sanctions contre les pays qui ne coopèreraient pas activement dans la lutte contre le terrorisme.
Un hasard de calendrier a voulu que l'élection de la Syrie au Conseil de sécurité intervienne le même jour. La nouvelle a quelque chose d'incongru. A compter du 1er janvier, les Etats-Unis siègeront à la même table que la Syrie, pour discuter de la paix dans le monde. Ce pays figure pourtant sur la liste américaine des Etats qui soutiennent le terrorisme. Malgré cela, la Syrie a remporté une victoire facile en obtenant les votes de 160 pays sur 177 à l'assemblée générale de l'ONU. Durant deux ans, la Syrie fera donc partie des dix membres non permanents du Conseil de sécurité, l'organe le plus puissant des Nations unies. Elle a été élue en même temps que la Guinée, le Cameroun, la Bulgarie et le Mexique.
Dans un contexte similaire, l'an dernier, les Etats-Unis avaient tout fait pour s'opposer à l'élection au même siège du Soudan, un Etat également accusé par eux de soutenir le terrorisme. Cette année, les Etats-Unis n'ont rien fait pour s'opposer à cette élection. La raison en est simple : dans leur coalition anti-terroriste, la Syrie est une pièce de choix -le pays a condamné les attentats sanglants du 11 septembre. Ce réalisme en politique n'a pas convaincu un groupe de 38 membres du Congrès qui ont écrit une lettre de protestation au président Bush. Selon le représentant Eliot Engel, un démocrate new-yorkais à l'origine de l'initiative, autoriser la Syrie à accéder au Conseil revient à «donner le mauvais signal à la communauté internationale en ces temps difficiles» et se révèle «contre-productif par rapport aux efforts américains pour mettre un terme à la terreur globale».
Dès le lendemain des attentats du 11 septembre, le conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution reconnaissant le droit des Etats-Unis à la légitime défense. Votée dans l'urgence, sous le coup de l'émotion d'un drame qui venait de se jouer à quelques centaines de mètres des diplomates onusiens, le texte a rapidement été comparé comme un chèque en blanc signé par l'ONU aux Etats-Unis. Il leur reconnaissait le droit de répondre militairement sans demander d'autorisation au Conseil de sécurité. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne en on fait usage. Simplement, conformément à la charte des Nations Unies, ils ont tenu le Conseil informé de leurs opérations militaires.
Dans sa lettre, l'ambassadeur américain affirme que son gouvernement a obtenu «des informations claires et convaincantes» selon lesquelles le réseau Al Qaïda, avec le soutien des Taliban, «a joué un rôle central dans les attentats du 11 septembre». Reconnaissant que l'enquête n'en est qu'à ses débuts et que qu'il y «a encore beaucoup de choses que nous ne savons pas», John Negroponte affirme : «nous pourrions déterminer que notre légitime défense nécessite de nouvelles actions concernant d'autres organisations et d'autres pays». Sans plus de détails, la lettre informe le conseil que l'armée américaine a entrepris des actions pour empêcher de nouvelles attaques contre les Etats-Unis. Elle précise que les Etats-Unis s'engagent à «minimiser»les pertes civiles et poursuivront leur aide humanitaire à la population.
Hier soir, le Conseil de Sécurité s'est réuni en consultations privées sur ces questions.«L'unanimité des membres du Conseil pour exprimer leur compréhension des actions entreprises m'a beaucoup frappé, a déclaré à RFI le représentant de la France à l'ONU Jean-David Levitte. Tous ont compris que les populations afghanes n'étaient en aucun cas visées par ces frappes ciblées». Il est rare que le Conseil, dont trois des membres sont des pays musulmans, s'exprime d'une seule voix. «J'y vois une des conséquences du choc profond produit par l'agression armée du 11 septembre, qui a été ressentie comme une action contre la communauté internationale toute entière», explique Jean-David Levitte.
Kofi Annan du même avis
De son coté, Kofi Annan a également reconnu le droit des Etats-Unis à la légitime défense, tout en appelant la communauté internationale à rester «unie» pour «tenir en échec le terrorisme» en «usant de nombreux moyens y compris politiques, juridiques diplomatiques et financiers». Il a également encouragé la communauté internationale à «travailler plus dur que jamais pour trouver une solution politique» à la crise.
Sur un plan plus général, le Conseil travaille également avec une célérité inhabituelle à la mise en oeuvre de la résolution 1373, votée voilà 10 jours. Elle va beaucoup plus loin que toutes les conventions internationales contre le terrorisme votées à ce jour et prévoit des sanctions contre les pays qui ne coopèreraient pas activement dans la lutte contre le terrorisme.
Un hasard de calendrier a voulu que l'élection de la Syrie au Conseil de sécurité intervienne le même jour. La nouvelle a quelque chose d'incongru. A compter du 1er janvier, les Etats-Unis siègeront à la même table que la Syrie, pour discuter de la paix dans le monde. Ce pays figure pourtant sur la liste américaine des Etats qui soutiennent le terrorisme. Malgré cela, la Syrie a remporté une victoire facile en obtenant les votes de 160 pays sur 177 à l'assemblée générale de l'ONU. Durant deux ans, la Syrie fera donc partie des dix membres non permanents du Conseil de sécurité, l'organe le plus puissant des Nations unies. Elle a été élue en même temps que la Guinée, le Cameroun, la Bulgarie et le Mexique.
Dans un contexte similaire, l'an dernier, les Etats-Unis avaient tout fait pour s'opposer à l'élection au même siège du Soudan, un Etat également accusé par eux de soutenir le terrorisme. Cette année, les Etats-Unis n'ont rien fait pour s'opposer à cette élection. La raison en est simple : dans leur coalition anti-terroriste, la Syrie est une pièce de choix -le pays a condamné les attentats sanglants du 11 septembre. Ce réalisme en politique n'a pas convaincu un groupe de 38 membres du Congrès qui ont écrit une lettre de protestation au président Bush. Selon le représentant Eliot Engel, un démocrate new-yorkais à l'origine de l'initiative, autoriser la Syrie à accéder au Conseil revient à «donner le mauvais signal à la communauté internationale en ces temps difficiles» et se révèle «contre-productif par rapport aux efforts américains pour mettre un terme à la terreur globale».
par Philippe Bolopion
Article publié le 09/10/2001