Burkina Faso
Compaoré en grande pompe à Paris
Le président burkinabè Blaise Compaoré entame à compter du 12 octobre 2001 une visite officielle en France. Pour Paris, cette invitation signifie que le Burkina est sur la voie de la normalisation.
De notre correspondant au Burkina Faso
C'est la première visite officielle en France pour Blaise Compaoré arrivé au pouvoir il y a exactement 14 ans. Reçu néanmoins plusieurs fois, dans le passé, à l'Elysée et à Matignon, le président burkinabè ne s'était plus rendu en France (si ce n'est de passage) depuis trois ans. Sa dernière invitation par les autorités françaises date de novembre 1998, lors du sommet franco-africain à Paris.
La raison de cette longue absence pour un chef d'Etat d'Afrique francophone: la grave crise née de l'assassinat, le 13 décembre 1998, du journaliste burkinabè Norbert Zongo marquée par une vive contestation du régime et les accusations contre son gouvernement pour ses liens supposés avec des rebellions armées sur le continent. Coincé alors entre une fronde politique intérieure sans précédent et une mauvaise image auprès de plusieurs Etats africains, le régime de Blaise Compaoré avait semblé à un moment donné non fréquentable. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Le pouvoir Compaoré semble avoir bien résisté à la crise intérieure.
La situation politique se normalise peu à peu depuis l'organisation en mars dernier d'une «Journée nationale de pardon» à l'initiative du gouvernement. Certes, sur le plan judiciaire, l'affaire Norbert Zongo n'a pas bougé depuis l'inculpation le 2 février 2001 de l'adjudant Marcel Kafando, ancien chef de la garde rapprochée du président Compaoré. Mais la tension a considérablement baissé. Presque périodiques durant les deux premières années de la crise, les manifestations de rue pour réclamer la fin de l'impunité sont de plus en plus rares. Depuis un an, une certaine accalmie règne, dans les écoles et universités, principaux foyers de la contestation sociale et politique.
Tensions apaisées sur la scène politique burkinabè
Mais comme on pouvait s'y attendre, Reporters sans frontières entend saisir cette occasion engager une "guerilla judiciaire" contre le président burkinabè. Après le rejet d'une première plainte pour «sa responsabilitéà dans des actes de tortures commis par des membres de la garde présidentielle, dont il est le supérieur hiérarchique», l'organisation a décidé de déposer une nouvelle plainte et de se constituer partie civile dans l'affaire David Ouédraogo (chauffeur de François Compaoré, le frère du président du Faso) assassiné en janvier 1998 par des militaires de la sécurité présidentielle. C'est sur cette affaire que Norbert Zongo enquêtait lorsqu'il a été tué.
Sur le plan politique, le fossé qui séparait le pouvoir etl'opposition se rétrécit. D'abord, certains partis de l'opposition et non des moindres comme l'ADF-RDA de Me Hermann Yaméogo ou la tendance PAI regroupée derrière Soumane Touré ont rejoint, avec six autres formations politiques, le gouvernement de «large ouverture» formé il y a un an par le premier ministre Ernest Yonli. Ensuite, l'opposition radicale, qui forme autour du PDP/PS du professeur Joseph Ki-Zerbo le Groupe du 14 février, vient de s'engager dans le processus électoral pour les législatives à venir prévues au printemps prochain. Ce groupe avait boycotté les présidentielles de 1998 et les municipales de l'année dernière. Après l'adoption d'un nouveau code électoral qui prend en compte ses principales revendications comme, par exemple, le bulletin unique, le G 14 a récemment désigné ses représentants à la Commission nationale électorale indépendante (Ceni).
Le contentieux du gouvernement burkinabè avec le conseil de sécurité des Nations unies sur ses accointances avec les rebellions sierra-leonaise et angolaise est en passe d'être réglé. La menace de sanctions comme celles imposées au régime de Charles Taylor au Liberia ne pèsent plus sur Ouagadougou. Pour avoir choisi de collaborer «sans réserve» avec les enquêteurs de l'ONU dans ces deux affaires, le Burkina a reçu début septembre le satisfecit de l'équipe du conseil de sécurité.
A tout point de vue, Blaise Compaoré et son régime semblent devenus fréquentables. Pour cette visite donc, le président burkinabè aura droit à tous les honneurs: il sera reçu, tour à tour, par le président Chirac, le premier ministre, le président de l'Assemblée, celui du Sénat, le secrétaire général du parti socialiste, la présidente du RPR et l'académie française. Prime à ce programme alléchant: un week-end en privé avec la famille Chirac avant de continuer la visite en province.
C'est la première visite officielle en France pour Blaise Compaoré arrivé au pouvoir il y a exactement 14 ans. Reçu néanmoins plusieurs fois, dans le passé, à l'Elysée et à Matignon, le président burkinabè ne s'était plus rendu en France (si ce n'est de passage) depuis trois ans. Sa dernière invitation par les autorités françaises date de novembre 1998, lors du sommet franco-africain à Paris.
La raison de cette longue absence pour un chef d'Etat d'Afrique francophone: la grave crise née de l'assassinat, le 13 décembre 1998, du journaliste burkinabè Norbert Zongo marquée par une vive contestation du régime et les accusations contre son gouvernement pour ses liens supposés avec des rebellions armées sur le continent. Coincé alors entre une fronde politique intérieure sans précédent et une mauvaise image auprès de plusieurs Etats africains, le régime de Blaise Compaoré avait semblé à un moment donné non fréquentable. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Le pouvoir Compaoré semble avoir bien résisté à la crise intérieure.
La situation politique se normalise peu à peu depuis l'organisation en mars dernier d'une «Journée nationale de pardon» à l'initiative du gouvernement. Certes, sur le plan judiciaire, l'affaire Norbert Zongo n'a pas bougé depuis l'inculpation le 2 février 2001 de l'adjudant Marcel Kafando, ancien chef de la garde rapprochée du président Compaoré. Mais la tension a considérablement baissé. Presque périodiques durant les deux premières années de la crise, les manifestations de rue pour réclamer la fin de l'impunité sont de plus en plus rares. Depuis un an, une certaine accalmie règne, dans les écoles et universités, principaux foyers de la contestation sociale et politique.
Tensions apaisées sur la scène politique burkinabè
Mais comme on pouvait s'y attendre, Reporters sans frontières entend saisir cette occasion engager une "guerilla judiciaire" contre le président burkinabè. Après le rejet d'une première plainte pour «sa responsabilitéà dans des actes de tortures commis par des membres de la garde présidentielle, dont il est le supérieur hiérarchique», l'organisation a décidé de déposer une nouvelle plainte et de se constituer partie civile dans l'affaire David Ouédraogo (chauffeur de François Compaoré, le frère du président du Faso) assassiné en janvier 1998 par des militaires de la sécurité présidentielle. C'est sur cette affaire que Norbert Zongo enquêtait lorsqu'il a été tué.
Sur le plan politique, le fossé qui séparait le pouvoir etl'opposition se rétrécit. D'abord, certains partis de l'opposition et non des moindres comme l'ADF-RDA de Me Hermann Yaméogo ou la tendance PAI regroupée derrière Soumane Touré ont rejoint, avec six autres formations politiques, le gouvernement de «large ouverture» formé il y a un an par le premier ministre Ernest Yonli. Ensuite, l'opposition radicale, qui forme autour du PDP/PS du professeur Joseph Ki-Zerbo le Groupe du 14 février, vient de s'engager dans le processus électoral pour les législatives à venir prévues au printemps prochain. Ce groupe avait boycotté les présidentielles de 1998 et les municipales de l'année dernière. Après l'adoption d'un nouveau code électoral qui prend en compte ses principales revendications comme, par exemple, le bulletin unique, le G 14 a récemment désigné ses représentants à la Commission nationale électorale indépendante (Ceni).
Le contentieux du gouvernement burkinabè avec le conseil de sécurité des Nations unies sur ses accointances avec les rebellions sierra-leonaise et angolaise est en passe d'être réglé. La menace de sanctions comme celles imposées au régime de Charles Taylor au Liberia ne pèsent plus sur Ouagadougou. Pour avoir choisi de collaborer «sans réserve» avec les enquêteurs de l'ONU dans ces deux affaires, le Burkina a reçu début septembre le satisfecit de l'équipe du conseil de sécurité.
A tout point de vue, Blaise Compaoré et son régime semblent devenus fréquentables. Pour cette visite donc, le président burkinabè aura droit à tous les honneurs: il sera reçu, tour à tour, par le président Chirac, le premier ministre, le président de l'Assemblée, celui du Sénat, le secrétaire général du parti socialiste, la présidente du RPR et l'académie française. Prime à ce programme alléchant: un week-end en privé avec la famille Chirac avant de continuer la visite en province.
par Alpha Barry
Article publié le 11/10/2001