Burkina Faso
Blaise Compaoré donne des gages de réconciliation
L'adjudant Hyacinthe Kafando, porté disparu depuis cinq ans après une tentative de coup d'Etat est rentré samedi 14 avril à Ouagadougou. Ce retour inattendu au bercail, deux semaines seulement après l'organisation d'une journée nationale de pardon par le président Blaise Compaoré apparaît comme un gage de réconciliation pour le pouvoir Burkinabè confronté depuis deux ans à une forte contestation populaire.
De notre correspondant à Ouagadougou
C'est dans le plus grand secret que l'adjudant Hyacinthe Kafando, ancien tout puissant chef de la sécurité rapprochée du président Compaoré, est rentré le 14 avril à Ouagadougou en provenance de Dakar après un exil de cinq ans. Accueilli au bas de l'avion par une délégation conduite par des responsables du comité d'organisation de la journée nationale de pardon, Hyacinthe Kafando a, dès le tarmac de l'aéroport, pris place à bord d'un véhicule qui l'a conduit discrètement chez lui.
C'est en octobre 1996, en plein préparatifs du XIXe sommet franco-africain de Ouagadougou, que l'adjudant Kafando (à ne pas confondre avec Marcel Kafando, cet autre adjudant qui lui a succédé à ce poste et qui est poursuivi dans l'affaire Norbert Zongo) est accusé de fomenter un coup d'Etat. Alors qu'il est en stage au Maroc, plusieurs de ses proches sont arrêtés à Ouagadougou. Recherché, Hyacinthe Kafando, apparemment victime d'une guerre de clans qui l'opposait, au sein de la garde présidentielle, à l'actuel chef d'état-major particulier de la présidence, le lieutenant-colonel Gilbert Diendéré, se réfugie à l'ambassade de France à Abidjan où il est en transit vers le Burkina. Quelques jours plus tard, il quitte son refuge sans laisser la moindre trace. Le mystère sur sa disparition est tel que beaucoup le donnaient pour mort d'autant plus que l'un de ses adjoints et bras droit, le sergent Ardjouma Ouédraogo dit «Otis», a été tué lors de son transfert vers une garnison de l'intérieur du pays.
Un témoin des années sombres du régime
Alors que le régime Compaoré est confronté depuis deux ans à une vive contestation à la suite de l'assassinat du journaliste Norbert Zongo, les rumeurs se faisaient plus persistantes sur le retour de Kafando. Surtout depuis le 26 avril 2000, lorsque le gouvernement s'est engagé, dans le cadre d'un
processus de réconciliation nationale, à £uvrer pour le retour des «exilés volontaires». Mais celui de l'adjudant Kafando était aussi redouté par le pouvoir dans la mesure où cet ancien para-commando proche, dit-on, du président Compaoré depuis le début des années 80, est, selon plusieurs sources, un témoin privilégié des affaires sombres du régime. Les mêmes sources indiquent qu'il aurait notamment joué un rôle important dans le coup d'Etat du 15 octobre 1987 qui a porté au pouvoir Blaise Compaoré et dans lequel l'ancien président, le capitaine Thomas Sankara et une douzaine de ses proches ont perdu la vie.
En le faisant revenir, le pouvoir Burkinabè s'est-il d'abord assuré que son ancien bras droit n'ira pas grossir, comme d'autres anciens alliés du régime, les rangs de l'opposition? Quelles assurances Kafando a-t-il eu à son tour pour mettre fin à son exil? Interrogé par RFI, l'abbé Dieudonné Kalmogo qui a joué les bons offices dans cette affaire refuse de se prononcer sur les conditions de retour du sous-officier. En revanche, le ministre d'Etat Ram Ouédraogo, président du comité de mise en £uvre de la réconciliation nationale reconnaît que «la journée de pardon a été le déclic qui a permis à monsieur Kafando de rentrer aujourd'hui dans sa famille au Burkina». Ce dernier précise que des démarches sont également entreprises à l'endroit d'autres exilés. Les plus célèbres d'entre eux restent sans conteste l'épouse et les enfants Sankara qui vivent en France, à Montpellier. Mais avant la tenue de la journée de pardon, Mariam Sankara a, dans une lettre datée du 6 mars dernier et adressée au gouvernement, rejeté le processus de réconciliation tel qu'engagé par le pouvoir. Comme d'autres parents des victimes des 176 crimes répertoriés, elle exige d'abord la vérité et la justice sur l'assassinat de son mari. Reste qu'en permettant le retour de Kafando, l'occasion est belle pour le gouvernement de donner des gages de sa bonne foi dans le processus de réconciliation.
C'est dans le plus grand secret que l'adjudant Hyacinthe Kafando, ancien tout puissant chef de la sécurité rapprochée du président Compaoré, est rentré le 14 avril à Ouagadougou en provenance de Dakar après un exil de cinq ans. Accueilli au bas de l'avion par une délégation conduite par des responsables du comité d'organisation de la journée nationale de pardon, Hyacinthe Kafando a, dès le tarmac de l'aéroport, pris place à bord d'un véhicule qui l'a conduit discrètement chez lui.
C'est en octobre 1996, en plein préparatifs du XIXe sommet franco-africain de Ouagadougou, que l'adjudant Kafando (à ne pas confondre avec Marcel Kafando, cet autre adjudant qui lui a succédé à ce poste et qui est poursuivi dans l'affaire Norbert Zongo) est accusé de fomenter un coup d'Etat. Alors qu'il est en stage au Maroc, plusieurs de ses proches sont arrêtés à Ouagadougou. Recherché, Hyacinthe Kafando, apparemment victime d'une guerre de clans qui l'opposait, au sein de la garde présidentielle, à l'actuel chef d'état-major particulier de la présidence, le lieutenant-colonel Gilbert Diendéré, se réfugie à l'ambassade de France à Abidjan où il est en transit vers le Burkina. Quelques jours plus tard, il quitte son refuge sans laisser la moindre trace. Le mystère sur sa disparition est tel que beaucoup le donnaient pour mort d'autant plus que l'un de ses adjoints et bras droit, le sergent Ardjouma Ouédraogo dit «Otis», a été tué lors de son transfert vers une garnison de l'intérieur du pays.
Un témoin des années sombres du régime
Alors que le régime Compaoré est confronté depuis deux ans à une vive contestation à la suite de l'assassinat du journaliste Norbert Zongo, les rumeurs se faisaient plus persistantes sur le retour de Kafando. Surtout depuis le 26 avril 2000, lorsque le gouvernement s'est engagé, dans le cadre d'un
processus de réconciliation nationale, à £uvrer pour le retour des «exilés volontaires». Mais celui de l'adjudant Kafando était aussi redouté par le pouvoir dans la mesure où cet ancien para-commando proche, dit-on, du président Compaoré depuis le début des années 80, est, selon plusieurs sources, un témoin privilégié des affaires sombres du régime. Les mêmes sources indiquent qu'il aurait notamment joué un rôle important dans le coup d'Etat du 15 octobre 1987 qui a porté au pouvoir Blaise Compaoré et dans lequel l'ancien président, le capitaine Thomas Sankara et une douzaine de ses proches ont perdu la vie.
En le faisant revenir, le pouvoir Burkinabè s'est-il d'abord assuré que son ancien bras droit n'ira pas grossir, comme d'autres anciens alliés du régime, les rangs de l'opposition? Quelles assurances Kafando a-t-il eu à son tour pour mettre fin à son exil? Interrogé par RFI, l'abbé Dieudonné Kalmogo qui a joué les bons offices dans cette affaire refuse de se prononcer sur les conditions de retour du sous-officier. En revanche, le ministre d'Etat Ram Ouédraogo, président du comité de mise en £uvre de la réconciliation nationale reconnaît que «la journée de pardon a été le déclic qui a permis à monsieur Kafando de rentrer aujourd'hui dans sa famille au Burkina». Ce dernier précise que des démarches sont également entreprises à l'endroit d'autres exilés. Les plus célèbres d'entre eux restent sans conteste l'épouse et les enfants Sankara qui vivent en France, à Montpellier. Mais avant la tenue de la journée de pardon, Mariam Sankara a, dans une lettre datée du 6 mars dernier et adressée au gouvernement, rejeté le processus de réconciliation tel qu'engagé par le pouvoir. Comme d'autres parents des victimes des 176 crimes répertoriés, elle exige d'abord la vérité et la justice sur l'assassinat de son mari. Reste qu'en permettant le retour de Kafando, l'occasion est belle pour le gouvernement de donner des gages de sa bonne foi dans le processus de réconciliation.
par Alpha Barry
Article publié le 17/04/2001