Burkina Faso
Affaire Norbert Zongo : première inculpation
Le juge chargé de la plainte contre X dans l'assassinat du journaliste Norbert Zongo et de ses trois compagnons le 13 décembre 1998 vient d'inculper l'ancien chef de la sécurité rapprochée du président Blaise Compaoré. C'est le premier acte notable posé par la justice burkinabè depuis plus de deux ans qu'elle instruit cette affaire.
De notre correspondant au Burkina Faso
C'est l'adjudant Marcel Kafando qui a été inculpé pour «assassinat» et «incendie volontaire». Ce dernier était jusqu'en 1999, le tout puissant responsable de la sécurité rapprochée du chef de l'Etat burkinabè. Son inculpation n'est pas une surprise d'autant qu'une commission d'enquête indépendante l'avait désigné en mai 1999, de même que cinq autres soldats de la garde présidentielle, comme «suspect sérieux» dans cette affaire. L'adjudant Kafando et deux autres de ces mêmes militaires avaient été condamnés à vingt ans de prison en août 2 000 pour une toute autre affaire : celle du chauffeur du frère du président Compaoré mort torturé dans les locaux de la sécurité présidentielle pour une histoire de coup d'Etat mal éclaircie. C'est sur cette dernière affaire que le journaliste Norbert Zongo enquêtait lorsqu'il a été tué.
Le juge d'instruction qui a entendu Marcel Kafando le 2 février dernier a relevé des contradictions dans ses déclarations quant à son calendrier de la journée du 13 décembre 1998. «Ce qui fait peser des soupçons sur lui», indique Abdoulaye Barry, le procureur général près la cour d'appel de Ouagadougou. Cette inculpation est le premier geste significatif de la justice burkinabè dans cette affaire Norbert Zongo qui a plongé depuis plus de deux ans le Burkina dans une crise sans précédent. «A partir de maintenant, explique le procureur général, le juge d'instruction doit pouvoir procéder à des interrogatoires plus approfondis et même à des confrontations entre Kafando et d'autres personnes.»
Halidou Ouédraogo : «Nous avons fait pression sur la justice pour qu'elle en arrive là»
Alors que le pouvoir ne cesse de crier haut et fort l'indépendance de l'appareil judiciaire, le Collectif contre l'impunité, créé au lendemain de l'assassinat du journaliste pour exiger vérité et justice, a toujours dénoncé une justice aux ordres. Dans ce cas, l'acte que vient de poser le juge d'instruction Wenceslas Ilboudo peut apparaître comme un geste de bonne volonté du pouvoir en direction de l'opposition. Celle-ci a multiplié, ces deux dernières années, manifestations de protestation, grèves et autres actes de défiance à l'égard du pouvoir soupçonné de vouloir étouffer le dossier. Le nouveau gouvernement élargi à certaines forces de l'opposition qui, dès sa nomination, a affirmé sa volonté de décrisper la vie sociale et politique est donc en train de joindre l'acte à la parole. Pour l'instant, le Collectif veut le croire. «Nous avons fait pression sur la justice pour qu'elle en arrive là, souligne Halidou Ouédraogo, le président du Collectif. Si elle continue, on peut la féliciter. Si justice et vérité sont dites, il n'y a pas de raison que la décrispation ne s'installe pas au Burkina Faso.» L'organisation qui regroupe des partis politiques et organisations de la société civile espère qu'on aboutit très vite à d'autres inculpations. De son côté, l'Association Reporters sans frontières qui avait activement participé à la commission d'enquête indépendante s'est également félicitée de l'inculpation de l'adjudant Marcel Kafando mais demande que l'enquête s'étende à Blaise Compaoré et à son frère. RSF et le Collectif ont toujours réclamé, dans cette affaire, la tête du frère du chef de l'Etat François Compaoré et de plusieurs proches du président accusés par les deux organisations d'être les commanditaires de l'assassinat de Norbert Zongo.
C'est l'adjudant Marcel Kafando qui a été inculpé pour «assassinat» et «incendie volontaire». Ce dernier était jusqu'en 1999, le tout puissant responsable de la sécurité rapprochée du chef de l'Etat burkinabè. Son inculpation n'est pas une surprise d'autant qu'une commission d'enquête indépendante l'avait désigné en mai 1999, de même que cinq autres soldats de la garde présidentielle, comme «suspect sérieux» dans cette affaire. L'adjudant Kafando et deux autres de ces mêmes militaires avaient été condamnés à vingt ans de prison en août 2 000 pour une toute autre affaire : celle du chauffeur du frère du président Compaoré mort torturé dans les locaux de la sécurité présidentielle pour une histoire de coup d'Etat mal éclaircie. C'est sur cette dernière affaire que le journaliste Norbert Zongo enquêtait lorsqu'il a été tué.
Le juge d'instruction qui a entendu Marcel Kafando le 2 février dernier a relevé des contradictions dans ses déclarations quant à son calendrier de la journée du 13 décembre 1998. «Ce qui fait peser des soupçons sur lui», indique Abdoulaye Barry, le procureur général près la cour d'appel de Ouagadougou. Cette inculpation est le premier geste significatif de la justice burkinabè dans cette affaire Norbert Zongo qui a plongé depuis plus de deux ans le Burkina dans une crise sans précédent. «A partir de maintenant, explique le procureur général, le juge d'instruction doit pouvoir procéder à des interrogatoires plus approfondis et même à des confrontations entre Kafando et d'autres personnes.»
Halidou Ouédraogo : «Nous avons fait pression sur la justice pour qu'elle en arrive là»
Alors que le pouvoir ne cesse de crier haut et fort l'indépendance de l'appareil judiciaire, le Collectif contre l'impunité, créé au lendemain de l'assassinat du journaliste pour exiger vérité et justice, a toujours dénoncé une justice aux ordres. Dans ce cas, l'acte que vient de poser le juge d'instruction Wenceslas Ilboudo peut apparaître comme un geste de bonne volonté du pouvoir en direction de l'opposition. Celle-ci a multiplié, ces deux dernières années, manifestations de protestation, grèves et autres actes de défiance à l'égard du pouvoir soupçonné de vouloir étouffer le dossier. Le nouveau gouvernement élargi à certaines forces de l'opposition qui, dès sa nomination, a affirmé sa volonté de décrisper la vie sociale et politique est donc en train de joindre l'acte à la parole. Pour l'instant, le Collectif veut le croire. «Nous avons fait pression sur la justice pour qu'elle en arrive là, souligne Halidou Ouédraogo, le président du Collectif. Si elle continue, on peut la féliciter. Si justice et vérité sont dites, il n'y a pas de raison que la décrispation ne s'installe pas au Burkina Faso.» L'organisation qui regroupe des partis politiques et organisations de la société civile espère qu'on aboutit très vite à d'autres inculpations. De son côté, l'Association Reporters sans frontières qui avait activement participé à la commission d'enquête indépendante s'est également félicitée de l'inculpation de l'adjudant Marcel Kafando mais demande que l'enquête s'étende à Blaise Compaoré et à son frère. RSF et le Collectif ont toujours réclamé, dans cette affaire, la tête du frère du chef de l'Etat François Compaoré et de plusieurs proches du président accusés par les deux organisations d'être les commanditaires de l'assassinat de Norbert Zongo.
par Alpha Barry
Article publié le 06/02/2001