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Burkina Faso

Méningite: SOS pour des vaccins

Depuis le début de l'année, une épidémie de méningite a fait plus de 900 morts. Chaque jour, des dizaines de personnes meurent faute de vaccins et de médicaments. La pénurie de vaccins semble totale à Ouagadougou.
De notre correspondant au Burkina Faso

C'est en janvier dernier que la méningite s'est signalée avec moins d'une centaine de cas et quelques décès enregistrés dans certaines localités de l'est du pays, région frontalière avec le Niger. Ce qui apparaissait comme un phénomène courant aux yeux des services de santé s'est très vite mué en épidémie se propageant à d'autres régions, y compris la capitale Ouagadougou.

Même des provinces moins exposées à la poussière et au vent de l'Harmattan, qui entraîne le germe, comme le Poni (situé au sud-ouest vers le Ghana) ou les Balé (presqu'à l'ouest) ont été touchées. Aujourd'hui, toute la moitié Est du pays et les régions du Nord sont sévèrement frappées par l'épidémie. Sur 53 districts sanitaires du pays, une trentaine ont dépassé le seuil épidémique. Le dernier bilan communiqué à la date du 27 mars 2001 faisait état de 907 morts sur plus de 5000 cas officiellement notifiés. Des chiffres qui ne sont pas près de baisser d'autant qu'on enregistre plus de cents nouveaux cas chaque semaine. «La tendance est même très en hausse cette semaine», confie un expert de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) au Burkina.

A l'évidence, le ministère de la Santé est dépassé par l'ampleur de l'épidémie. «En fait, l'épidémie arrive sur un terrain favorable puisque la dernière vaccination générale de la population contre la méningite remonte à 1996 alors que le temps de validité du vaccin est de trois ans», fait remarquer un autre responsable de l'OMS. C'est d'ailleurs sur insistance de cette organisation que le gouvernement a annoncé officiellement l'épidémie seulement le 15 mars alors qu'on comptait déjà plus 3200 cas et 560 décès. C'est donc à partir de cette date que le gouvernement a décidé de lancer une large campagne de vaccination gratuite sur tout le territoire.

Il était sans doute trop tard pour faire face efficacement à la catastrophe, surtout que le pays dispose de peu de moyens. Le fonds national de lutte contre les épidémies n'est doté que de 200 millions de FCFA. Ce qui suffit à peine pour vacciner un million de personnes. Or, les besoins pour une couverture nationale sont estimés à 7,5 millions de doses de vaccins calculés sur la base de la population à risque comprise entre 2 et 30 ans soit 70 % de la population totale. Le gouvernement n'a pu réunir que 2,2 millions de doses. Devant l'insuffisance criante des vaccins, il s'est associé à l'OMS pour lancer un appel à l'aide internationale. L'urgence est telle que l'Oms elle-même a dû prélever 140 millions F CFA sur d'autres volets de sa coopération avec le Burkina pour les engager dans la lutte contre la méningite.

Il n'y a pas de vaccin

Mais le constat reste le même: il n'y a pas suffisamment de vaccins pour protéger les populations à risque. Pis, on en trouve pratiquement pas sur le marché international. La plupart des pays d'Afrique de l'ouest étant aussi affecté par la même épidémie en ce moment, la demande en vaccin contre la méningite dépasse de loin l'offre. Face à cette situation, le Burkina a revu ses besoins à la baisse : 2,5 millions de doses au lieu de 7,5 millions pour vacciner prioritairement les populations des zones sinistrées. Mais le problème reste le même : où trouver les doses de vaccins ? Conséquence : les dispensaires du pays refoulent chaque jour des centaines de personnes désireuses de se vacciner. Ce qui n'est pas pour diminuer le nombre de cas.

En attendant, les autorités sanitaires ont décidé de stopper les vaccinations dans les régions non encore affectées dans le but de collecter tous les vaccins qui se trouvent sur le territoire pour les envoyer dans les zones épidémiques. Il reste que les actions d'information et de sensibilisation qui, selon les observateurs, auraient pu aider les populations à prendre des précautions pour éviter d'être contaminées sont inexistants. «C'est ce manque d'initiative qui a conduit à la situation actuelle», dénonce-t-on dans les couloirs du siège de la représentation de l'OMS au Burkina.

Pour en savoir plus sur la méningite :

Sur le site de l'OMS
http://www.who.int/inf-fs/fr/am105.html
Les épidémies de méningite
http://www.hc-sc.gc.ca/hpb/lcdc/osh/men_f.html
A l'intention des professionnels de la santé :
http://www.chu-rouen.fr/ssf/pathol/meningitemeningococcique.html



par Alpha  Barry

Article publié le 28/03/2001