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Afghanistan

Bush : «<i>Cela peut prendre un an ou deux</i>»

Lors de sa première véritable conférence de presse depuis les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, George W. Bush, le président américain s'est voulu à la fois optimiste et réaliste. Il a réaffirmé sa détermination à éradiquer le terrorisme et ses réseaux, Oussama Ben Laden en tête. Mais il a aussi prévenu ses concitoyens de la persistance du danger d'attentats.
George W. Bush a reçu la presse dans le grand salon oriental de la Maison Blanche, jeudi 11 octobre. Un mois après les terribles attaques qui ont coûté la vie à près de 6000 personnes aux Etats-Unis, et cinq jours après le début de l'opération de riposte menée contre l'Afghanistan qui héberge le commanditaire de ces actes, Oussama Ben Laden, le président américain a fait le point sur la situation.

Confirmant les déclarations des responsables militaires et politiques américains, il s'est montré satisfait du déroulement de la campagne menée par les forces des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, en Afghanistan. Concernant la guerre contre le terrorisme, le président a estimé : «Nous avons accompli beaucoup de progrès en un mois», ajoutant que les missions militaires engagées depuis dimanche soir avaient été «exécutées selon les plans prévus».

Déterminé, George W. Bush a affirmé : «Cette campagne durera le temps nécessaire pour que Al Qaïda [l'organisation terroriste d'Oussama Ben Laden] soit jugée. Cela peut se passer demain. Cela peut se passer dans un mois. Cela peut prendre un an ou deux. Mais nous gagnerons». Le président a malgré tout laissé une porte ouverte à la discussion en offrant une «une deuxième chance» aux taliban et en promettant, s'ils acceptent de livrer Ben Laden, de «reconsidérer» leur action en Afghanistan.

«Nous devons mieux plaider notre cause»

Face à une opinion musulmane dans le monde, dont il sait qu'elle est pour le moins extrêmement réticente par rapport aux Etats-Unis malgré l'adhésion officielle de la plupart des Etats à la coalition anti-terroriste, George W. Bush a marqué son étonnement : «Je suis impressionné qu'il y ait une telle haine de notre pays, et que des gens puissent nous détester». Mais il a aussi, d'une certaine manière, tiré la conclusion de cette attitude : «Nous devons mieux plaider notre cause. Nous devons mieux expliquer aux gens du Proche-Orient, par exemple, que nous ne menons pas une guerre contre l'Islam ou les musulmans. Nous ne tenons aucune religion pour responsable. Nous luttons contre le diable.» Et surtout, il a voulu montrer sa compassion envers le peuple afghan, pris au piège des bombardements, en lançant un appel à tous les enfants américains pour qu'ils donnent chacun un dollar pour venir en aide aux enfants d'Afghanistan. George W. Bush a prolongé cette analyse en estimant qu'il «devrait y avoir un Etat palestinienà à partir du moment où un Etat palestinien reconnaît le droit d'Israël à exister».

Si les Etats-Unis ont pris l'offensive pour essayer de débusquer Oussama Ben Laden des montagnes afghanes, il n'en sont pas moins encore fragilisés sur leur territoire national. George W. Bush a, en effet, relayé devant la presse les alertes du FBI concernant une menace «persistante» d'attentats soit directement sur le sol national, soit contre des intérêts américains dans le monde. «Notre gouvernement est en état d'alerte maximum.» Le président a incité chaque Américain à une vigilance de tous les instants mais, rassurant, il a expliqué que tout était mis en £uvre pour «assurer leur protection».

Cette intervention médiatique du président américain s'est déroulée alors qu'en Afghanistan, les frappes continuent. Pour la cinquième nuit consécutive, des bombardements ont eu lieu, notamment sur Kaboul, la capitale. Quatre explosions ont d'abord été entendues, puis dix lors d'une nouvelle vague de raids, plus tard dans la nuit. Les attaques de jour ont aussi repris dans les premières heures de la matinée de vendredi. La pression s'accentue, d'autant que depuis hier des superbombes extrêmement puissantes ont été utilisées. Ces armes de 2,5 tonnes appelées GBU-28, sont capables de pénétrer dans la terre et de détruire une grotte ou un bunker. Leur utilisation vise à essayer de déloger de leur refuge des responsables taliban, comme le chef spirituel du pays, le mollah Omar, ou, bien sûr, Ben Laden et ses lieutenants. Les rumeurs qui se sont propagées, jeudi, concernant la capture de ce dernier n'ont pas été confirmées par le Pentagone.

Le bilan humain des ces attaques est toujours incertain. Hier, des sources proches des taliban annonçaient que trois cents personnes avaient péri. Ce matin, l'agence de presse afghane (AIP), parle de quelque 160 corps qui auraient été retrouvés dans les décombres du village de Kadam (est), touché hier par les bombardements. Face aux accusations des taliban qui estiment que les Américains «visent» les civils, Donald Rumsfeld, secrétaire à la Défense, a expliqué : «Quand on est engagé militairement, il y a des pertes de vies non voulues, malgré la grande précision actuelle des tirs de jour comme de nuit».




par Valérie  Gas

Article publié le 12/10/2001