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Proche-Orient

Les chars israéliens entrent à Bethléem

Toute la nuit du 18 au 19 septembre, les hélicoptères ont tournoyé au-dessus de Jérusalem et du sud de la Cisjordanie. Ils ont appuyé la vingtaine de chars qui a pénétré en profondeur dans Bethléem et sa région. Les blindés ont encerclé un camp de réfugiés, Ansar. Un hôtel a été investi par les militaires. Des échanges de tirs étaient signalés aux premières heures de la matinée. Après Jénine et Ramallah, hier, la ville natale du Christ est la troisième ville autonome palestinienne, en partie réoccupée par les militaires israéliens.
De notre correspondant dans les Territoires palestiniens

Les Américains, en quête de calme alors qu'ils amorcent une nouvelle phase de leur offensive militaire en Afghanistan, ont multiplié les appels téléphoniques aux responsables des deux camps. Aux Israéliens, Washington demande «d'agir avec retenue pour que le meurtre du ministre du Tourisme Rehavam Zeevi ne se traduise pas par une victoire du terrorisme en faisant capoter les progrès que nous avons observés», souligne le porte-parole du Département d'Etat. A Yasser Arafat, les Etats-Unis ont rappelé l'impérieuse nécessité d'arrêter les auteurs de l'attentat contre M. Zeevi. Selon un haut responsable palestinien, onze militants du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP qui a revendique l'assassinat de M. Zeevi) ont été appréhendés. Sa branche militaire aurait été déclarée hors-la-loi. Les policiers de Yasser Arafat sont à la recherche de ses membre, mais la plupart est entrée dans la clandestinité.

Dans la région de Bethléem, l'engrenage de la violence a démarré jeudi en fin d'après-midi, lorsque trois activistes palestiniens ont été tués dans un raid héliporté israélien. Parmi eux : Atef Abayat, leader d'un groupuscule proche du Fatah,la faction de Yasser Arafat, qui était recherché par l'Etat hébreu pour le neutre présumé d'une femme colon, il y a trois semaines. Il avait été arrêté par l'Autorité, puis relâché face à la fronde de ses supporters. Sa liquidation, rendue possible grâce aux informations fournies aux services de renseignements israéliens par un ou plusieurs collaborateurs palestiniens, a déclenché une manifestation devant la prison de Bethléem. Un millier de Palestiniens a réclamé pendant plusieurs heures qu'on leur livre les «collabos» incarcérés dans le pénitencier.

Arafat affirme qu'Israël cherche à le tuer

Quelques instants après la liquidation d'Abayat, la riposte palestinienne ne s'est pas faite attendre. Il y eut des tirs à l'arme automatique contre les colonies juives d'en face, Gilo et Har Homa, à la périphérie de Jérusalem. Un obus de mortier a également été lancé contre Gilo, sans faire ni victimes, ni dégâts. Les Palestiniens avaient alors franchi une ligne rouge aux yeux d'Ariel Sharon qui considère cette implantation comme faisant partie de Jérusalem, la «capitale» de l'Etat d'Israël.

Les Palestiniens et la communauté internationale ne reconnaissent pas la Ville Sainte comme la capitale de l'Etat hébreu, et voit en Gilo une colonie illégale au regard du droit international. Fin août, les chars israéliens avaient déjà pénétré dans Betléhem et les localités voisines de Beit Jala et Beit Sahour. Ils s'étaient retirés en contrepartie de l'assurance donnée par Yasser Arafat d'un retour au calme sur Gilo. Le chef du cabinet israélien avait alors promis que ses militaires rentreraient à Bethléem et Beit Jala en cas de nouveaux tirs sur Gilo.

Ariel Sharon paraît décidé à resserrer l'étau militaire autour d'Arafat et de la population palestinienne, même si cela doit embarrasser l'allié américain. Le chef de l'OLP a déclaré hier à des diplomates occidentaux que «les Israéliens avaient cherché à le tuer». L'Etat hébreu a démenti.



par Georges  Malbrunot

Article publié le 19/10/2001