Proche-Orient
Une manifestation dégénère à Gaza
Organisée par le mouvement intégriste Hamas mais interdite par les autorités palestiniennes, une manifestation anti-américaine a mal tourné lundi soir à Gaza : elle s'est soldée par la mort d'au moins deux jeunes palestiniens et une quarantaine de blessés, dont dix policiers ; alors que par ailleurs quatre autres Palestiniens ont été tués par l'armée israélienne.
De notre correspondant dans les territoires palestiniens
Yasser Arafat veut montrer qu'il est bel et bien membre de la coalition anti-terroriste internationale, mais le prix à payer est déjà lourd. Pour la première fois depuis 1995, ses policiers ont tiré mortellement hier sur des manifestants palestiniens à Gaza, tuant deux d'entre eux et en blessant une centaine d'autres. Un troisième manifestant a été déclaré cliniquement mort.
Tout a commencé lorsqu'un millier d'étudiants de l'université islamique a voulu marcher en direction du centre ville de Gaza pour dénoncer les ripostes américaines contre l'Afghanistan. Une manifestation organisée par le mouvement intégriste Hamas et déclarée illégale par la police. Quand les étudiants sont sortis du campus, la sécurité a commencé à charger à coups de matraques. Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les étudiants, dont certains criaient des slogans favorables à Ben Laden. Les manifestants ont répondu d'abord par des jets de pierres, ensuite les policiers ont tiré en l'air, avant de viser les jeunes.
Dans un communiqué, la direction palestinienne «regrette ces événements douloureux qui ont gravement nui à l'image du peuple palestinien». Une enquête a été ouverte. Contrairement aux affirmations de la police, aucune source indépendante ne peut confirmer la présence d'hommes en armes cagoulés parmi les étudiants, qui auraient déclenché les émeutes, en tirant sur les forces de sécurité.
Le calme est revenu hier soir dans les rues de Gaza. Mais la colère reste grande. De très nombreux policiers ont été blessés et deux postes de cette police incendiés. Peu après les funérailles d'une des victimes, des militants islamistes ont fait exploser une bonbonne de gaz devant une caserne. Mardi matin, les forces de sécurité palestiniennes ont été placées en état d'alerte. La situation est prise très au sérieux.
Une autre manifestation anti-américaine a eu lieu à Jénin, dans le nord de la Cisjordanie. Impossible de se rendre désormais à Gaza pour les journalistes. Yasser Arafat ne veut pas d'images des troubles, afin de «ne pas donner une publicité négative des Palestiniens», selon un responsable qui a requis l'anonymat. Hier déjà, les photographes et les cameramen s'étaient vu interdire la couverture de la manifestation. Peu après les émeutes, le chef de l'autorité autonome a déclaré, depuis le Caire où il avait rencontré le président Moubarak, que dorénavant tout Palestinien qui violerait le cessez-le-feu, décrété le 26 septembre, face à Israël serait arrêté.
Le pari risqué de Yasser Arafat
Côté islamiste, on dit ne pas vouloir envenimer la situation : «C'est triste, nous indiquait hier soir Ismael Abou Shanab, un des porte-parole du Hamas à Gaza. Nous devons mener notre propre enquête pour voir comment ces troubles ont été déclenchés. Nous devons tenter de ramener la population au calme ». L'ensemble des mouvements palestiniens appelle à l'unité. Les écoles seront fermées ce mardi, en signe de deuil.
En optant pour la politique du bâton, Yasser Arafat fait un pari risqué. Soumis aux pressions américaines pour appliquer le cessez-le-feu sur le terrain, il cherche à se distancer des appels lancés par Ben Laden en faveur de la libération de la Palestine, mais les bombardements américano-britanniques sur l'Afghanistan le mettent dans une position difficile face à une opinion très anti-américaine, et radicalisée après une année d'intifada meurtrière. Reste à savoir si sa politique répressive sera acceptée par la population, ou si au contraire, d'autres manifestations anti-américaines ne pourraient pas se retourner contre une autorité, déjà largement décriée, et pas seulement par ses opposants islamistes.
Yasser Arafat veut montrer qu'il est bel et bien membre de la coalition anti-terroriste internationale, mais le prix à payer est déjà lourd. Pour la première fois depuis 1995, ses policiers ont tiré mortellement hier sur des manifestants palestiniens à Gaza, tuant deux d'entre eux et en blessant une centaine d'autres. Un troisième manifestant a été déclaré cliniquement mort.
Tout a commencé lorsqu'un millier d'étudiants de l'université islamique a voulu marcher en direction du centre ville de Gaza pour dénoncer les ripostes américaines contre l'Afghanistan. Une manifestation organisée par le mouvement intégriste Hamas et déclarée illégale par la police. Quand les étudiants sont sortis du campus, la sécurité a commencé à charger à coups de matraques. Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les étudiants, dont certains criaient des slogans favorables à Ben Laden. Les manifestants ont répondu d'abord par des jets de pierres, ensuite les policiers ont tiré en l'air, avant de viser les jeunes.
Dans un communiqué, la direction palestinienne «regrette ces événements douloureux qui ont gravement nui à l'image du peuple palestinien». Une enquête a été ouverte. Contrairement aux affirmations de la police, aucune source indépendante ne peut confirmer la présence d'hommes en armes cagoulés parmi les étudiants, qui auraient déclenché les émeutes, en tirant sur les forces de sécurité.
Le calme est revenu hier soir dans les rues de Gaza. Mais la colère reste grande. De très nombreux policiers ont été blessés et deux postes de cette police incendiés. Peu après les funérailles d'une des victimes, des militants islamistes ont fait exploser une bonbonne de gaz devant une caserne. Mardi matin, les forces de sécurité palestiniennes ont été placées en état d'alerte. La situation est prise très au sérieux.
Une autre manifestation anti-américaine a eu lieu à Jénin, dans le nord de la Cisjordanie. Impossible de se rendre désormais à Gaza pour les journalistes. Yasser Arafat ne veut pas d'images des troubles, afin de «ne pas donner une publicité négative des Palestiniens», selon un responsable qui a requis l'anonymat. Hier déjà, les photographes et les cameramen s'étaient vu interdire la couverture de la manifestation. Peu après les émeutes, le chef de l'autorité autonome a déclaré, depuis le Caire où il avait rencontré le président Moubarak, que dorénavant tout Palestinien qui violerait le cessez-le-feu, décrété le 26 septembre, face à Israël serait arrêté.
Le pari risqué de Yasser Arafat
Côté islamiste, on dit ne pas vouloir envenimer la situation : «C'est triste, nous indiquait hier soir Ismael Abou Shanab, un des porte-parole du Hamas à Gaza. Nous devons mener notre propre enquête pour voir comment ces troubles ont été déclenchés. Nous devons tenter de ramener la population au calme ». L'ensemble des mouvements palestiniens appelle à l'unité. Les écoles seront fermées ce mardi, en signe de deuil.
En optant pour la politique du bâton, Yasser Arafat fait un pari risqué. Soumis aux pressions américaines pour appliquer le cessez-le-feu sur le terrain, il cherche à se distancer des appels lancés par Ben Laden en faveur de la libération de la Palestine, mais les bombardements américano-britanniques sur l'Afghanistan le mettent dans une position difficile face à une opinion très anti-américaine, et radicalisée après une année d'intifada meurtrière. Reste à savoir si sa politique répressive sera acceptée par la population, ou si au contraire, d'autres manifestations anti-américaines ne pourraient pas se retourner contre une autorité, déjà largement décriée, et pas seulement par ses opposants islamistes.
par Georges Malbrunot
Article publié le 09/10/2001