Proche-Orient
Israël résiste à Bush
Le ton monte d'un cran, côté américain, alors qu'Ariel Sharon résiste aux pressions de son allié George Bush qui demande un retrait «immédiat» des territoires palestiniens. En visite à Washington, le ministre des Affaires étrangères Shimon Peres a essayé de calmer le jeu.
De notre correspondant à New York
Ariel Sharon ne veut rien entendre. Il campe sur ses postions avec pour l'instant le soutien de sa coalition : Tsahal ne quittera pas les territoires palestiniens, aussi longtemps que ses buts n'auront pas été atteints. C'est-à-dire aussi longtemps que l'Autorité palestinienne ne lui aura pas remis les quatre auteurs présumés de l'assassinat du ministre israélien du tourisme Rehavam Zeevi. Ces appels «émanant des Etats-Unis ne sont pas valables, avec tout le respect qu'on doit à ces derniers», a déclaré le ministre de la Défense israélien, le travailliste Binyamin Ben-Eliezer. «Parce que nous n'avons pas l'intention de rester dans ces territoires ni de les reconquérir.» «Nous respectons les Etats-Unis, a déclaré au quotidien Haaretz un officiel israélien, mais nous agissons comme le ferait n'importe quel pays. Nous ne nous excusons pas, et nous ne courbons pas l'échine».
Pendant ce temps, le premier ministre israélien préférait nier l'évidence. «Je ne peux pas affirmer que tout le monde est content des mesures que nous avons prises, ou que tout le monde les applaudisse, a affirmé Ariel Sharon devant les représentants du Likoud à la Knesset. Mais tout le monde comprend exactement ce que nous faisons.» Le ton était différent à Washington, où le président Américain a rencontré Shimon Peres. Après avoir exprimé ses condoléances au peuple israélien pour le meurtre du ministre israélien du tourisme, George W. Bush a appelé Yasser Arafat à arrêter les assassins du ministre. Il s'est ensuite occupé du cas israélien. «J'ai exprimé notre préoccupation concernant les troupes en territoire palestinien, a explique George Bush, et j'espère que les Israéliens vont retirer leurs troupes aussi vite que possible.» Sur la forme, les déclarations du président étaient un peu en retrait de celles du département d'Etat, qui a demandé à ce qu'Israël se retire «immédiatement».
Une gifle pour le gouvernement israëlien
Même si ces nouvelles déclarations étaient une nouvelle gifle au visage du gouvernement israélien, Shimon Peres a tenté de temporiser. Il a soutenu qu'il n'y avait aucune contradiction entre les demandes américaines et la politique israélienne. Colin Powell «a demandé un retrait et le terme «immédiat» n'était pas aussi net que vous le décrivez, a expliqué le ministre des Affaires étrangères israélien, parce que le secrétaire d'Etat sait que nous-même souhaiterions un retrait immédiat (...) Dès que les Palestiniens auront pris en main le respect de la loi et la tranquillité, et incarcéré les principaux fauteurs de troubles, nous serons plus qu'heureux de redéployer notre armée sur ses positions antérieures». Shimon Peres a proposé de rediriger la pression diplomatique sur l'autorité palestinienne pour l'appeler à faire cesser les violences. «Si Arafat réalise qu'il s'agit d'une demande des Etats-Unis, de l'Europe et de la Russie, qu'il ne peut conserver sa légitimité sans répondre à cette demande, ça ne prendra pas longtemps».
Pour diplomatiquement habile qu'elle soit, cette réponse ne règle en rien le problème. Le président Bush ne laissera pas le conflit au Proche Orient interférer avec sa campagne en Afghanistan. Il a besoin du soutien, même passif, du plus grand nombre de pays arabes possibles. Plus les troupes israéliennes avancent en territoire palestinien, plus le nombre de morts augmente côté palestinien, et plus la coalition américaine contre le terrorisme est fragilisée -d'autant qu'un certain nombre de leaders musulmans ont déjà exprimé leurs doutes quant aux bombardements américains en Afghanistan. Or, l'attitude d'Ariel Sharon perturbe la campagne américaine. Ces dernières semaines, le dirigeant israélien a accumulé les faux pas. En comparant Yasser Arafat à Oussama Ben Laden, Ariel Sharon a commis une erreur que Washington ne lui a pas pardonnée. Il a aggravé son cas en accusant les Etats-Unis de négliger Israël au profit du monde arabe. Après l'assassinat de son ministre du tourisme, il est revenu à la charge en comparant cette fois Yasser Arafat aux talibans qui hébergent les terroristes.
Combien de temps Ariel Sharon pourra-t-il résister aux Américains ? «S'il n'y a pas de nouvel attentat grave, Sharon commencera à retirer l'armée bientôt, car je ne pense pas qu'il veuille s'engager dans une crise de ce genre avec les Etats-Unis», déclarait mardi à l'AFP Joseph Alpher, ancien conseiller d'Ehoud Barak. Mais Ariel Sharon est aussi l'otage de son aile droite, qui a organisé une manifestation de plusieurs milliers de personnes dans les rues de Jérusalem. Quelles qu'en soient les causes, il a ouvert une des crises les plus graves entre Israël et les Etats-Unis depuis des années. Et il semble qu'il ait sous-estimé la détermination de George Bush pour mener à bien sa campagne en Afghanistan. Son administration est prête à faire pression par tous les moyens sur Israël. Le soutien à la création d'un Etat palestinien est un levier. L'aide annuelle américaine de trois milliards de dollars à Israël en est un autre.
Ariel Sharon ne veut rien entendre. Il campe sur ses postions avec pour l'instant le soutien de sa coalition : Tsahal ne quittera pas les territoires palestiniens, aussi longtemps que ses buts n'auront pas été atteints. C'est-à-dire aussi longtemps que l'Autorité palestinienne ne lui aura pas remis les quatre auteurs présumés de l'assassinat du ministre israélien du tourisme Rehavam Zeevi. Ces appels «émanant des Etats-Unis ne sont pas valables, avec tout le respect qu'on doit à ces derniers», a déclaré le ministre de la Défense israélien, le travailliste Binyamin Ben-Eliezer. «Parce que nous n'avons pas l'intention de rester dans ces territoires ni de les reconquérir.» «Nous respectons les Etats-Unis, a déclaré au quotidien Haaretz un officiel israélien, mais nous agissons comme le ferait n'importe quel pays. Nous ne nous excusons pas, et nous ne courbons pas l'échine».
Pendant ce temps, le premier ministre israélien préférait nier l'évidence. «Je ne peux pas affirmer que tout le monde est content des mesures que nous avons prises, ou que tout le monde les applaudisse, a affirmé Ariel Sharon devant les représentants du Likoud à la Knesset. Mais tout le monde comprend exactement ce que nous faisons.» Le ton était différent à Washington, où le président Américain a rencontré Shimon Peres. Après avoir exprimé ses condoléances au peuple israélien pour le meurtre du ministre israélien du tourisme, George W. Bush a appelé Yasser Arafat à arrêter les assassins du ministre. Il s'est ensuite occupé du cas israélien. «J'ai exprimé notre préoccupation concernant les troupes en territoire palestinien, a explique George Bush, et j'espère que les Israéliens vont retirer leurs troupes aussi vite que possible.» Sur la forme, les déclarations du président étaient un peu en retrait de celles du département d'Etat, qui a demandé à ce qu'Israël se retire «immédiatement».
Une gifle pour le gouvernement israëlien
Même si ces nouvelles déclarations étaient une nouvelle gifle au visage du gouvernement israélien, Shimon Peres a tenté de temporiser. Il a soutenu qu'il n'y avait aucune contradiction entre les demandes américaines et la politique israélienne. Colin Powell «a demandé un retrait et le terme «immédiat» n'était pas aussi net que vous le décrivez, a expliqué le ministre des Affaires étrangères israélien, parce que le secrétaire d'Etat sait que nous-même souhaiterions un retrait immédiat (...) Dès que les Palestiniens auront pris en main le respect de la loi et la tranquillité, et incarcéré les principaux fauteurs de troubles, nous serons plus qu'heureux de redéployer notre armée sur ses positions antérieures». Shimon Peres a proposé de rediriger la pression diplomatique sur l'autorité palestinienne pour l'appeler à faire cesser les violences. «Si Arafat réalise qu'il s'agit d'une demande des Etats-Unis, de l'Europe et de la Russie, qu'il ne peut conserver sa légitimité sans répondre à cette demande, ça ne prendra pas longtemps».
Pour diplomatiquement habile qu'elle soit, cette réponse ne règle en rien le problème. Le président Bush ne laissera pas le conflit au Proche Orient interférer avec sa campagne en Afghanistan. Il a besoin du soutien, même passif, du plus grand nombre de pays arabes possibles. Plus les troupes israéliennes avancent en territoire palestinien, plus le nombre de morts augmente côté palestinien, et plus la coalition américaine contre le terrorisme est fragilisée -d'autant qu'un certain nombre de leaders musulmans ont déjà exprimé leurs doutes quant aux bombardements américains en Afghanistan. Or, l'attitude d'Ariel Sharon perturbe la campagne américaine. Ces dernières semaines, le dirigeant israélien a accumulé les faux pas. En comparant Yasser Arafat à Oussama Ben Laden, Ariel Sharon a commis une erreur que Washington ne lui a pas pardonnée. Il a aggravé son cas en accusant les Etats-Unis de négliger Israël au profit du monde arabe. Après l'assassinat de son ministre du tourisme, il est revenu à la charge en comparant cette fois Yasser Arafat aux talibans qui hébergent les terroristes.
Combien de temps Ariel Sharon pourra-t-il résister aux Américains ? «S'il n'y a pas de nouvel attentat grave, Sharon commencera à retirer l'armée bientôt, car je ne pense pas qu'il veuille s'engager dans une crise de ce genre avec les Etats-Unis», déclarait mardi à l'AFP Joseph Alpher, ancien conseiller d'Ehoud Barak. Mais Ariel Sharon est aussi l'otage de son aile droite, qui a organisé une manifestation de plusieurs milliers de personnes dans les rues de Jérusalem. Quelles qu'en soient les causes, il a ouvert une des crises les plus graves entre Israël et les Etats-Unis depuis des années. Et il semble qu'il ait sous-estimé la détermination de George Bush pour mener à bien sa campagne en Afghanistan. Son administration est prête à faire pression par tous les moyens sur Israël. Le soutien à la création d'un Etat palestinien est un levier. L'aide annuelle américaine de trois milliards de dollars à Israël en est un autre.
par Philippe Bolopion
Article publié le 24/10/2001