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Afghanistan

Les exilés afghans en quête d'un rôle

Réunis à Peshawar au Pakistan, quelque 800 exilés afghans discutent de l'avenir politique de l'Afghanistan, une fois les Taliban chassés du pouvoir. Seul point d'accord: l'ex-roi Zaher Shah est l'unique leader national légitime aujourd'hui.
De notre envoyé spécial à Islamabad

Leaders religieux, chefs tribaux, politiciens, hommes d'affaires mais aussi employés ou artisans. 800 Afghans vivant en exil sont réunis à Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan, dans le cadre de la Conférence pour la paix et l'unité nationale, organisée par le Front national islamique d'Afghanistan, un parti du courant royaliste en exil. Objectif de la réunion : discuter de l'avenir politique de l'Afghanistan après la chute des Taliban.

Dans son discours inaugural, le président du Front national islamique, Syed Ahmad Gailani -drapé dans un manteau noir et or, signe de son appartenance à la branche soufi de l'islam- s'est prononcé pour un arrêt rapide des bombardements : «Tous les efforts doivent être faits pour que cessent les opérations militaires aussi tôt que possible et que commencent les travaux de reconstruction du pays. L'Afghanistan oscille aujourd'hui entre la vie et la mort». Une déclaration qui n'empêche pas cette Conférence d'approuver les frappes américaines contre Kaboul.

Le retour du roi Mohammed Zaher Shah a été considéré par les délégués comme la meilleure solution politique pour l'Afghanistan. Celui-ci présiderait un gouvernement intérimaire composé de technocrates et chargé de rédiger une constitution «conforme à la loi islamique et à la volonté populaire». Une volonté populaire dont on ne voit cependant pas comment elle sera consultée.

Introuvables Taliban «modérés»

Pendant la période du gouvernement intérimaire, une force multinationale des Nations unies composée de soldats de pays musulmans pourrait être déployée dans le pays. Selon les 800 délégués présents à Peshawar, le futur gouvernement devra refléter «la diversité ethnique, religieuse et sociale de l'Afghanistan». Traduction : il sera dominé par les Pachtounes -l'ethnie majoritaire en Afghanistan et celle de tous ceux présents à Peshawar- et des Taliban modérés pourront y participer. Des Taliban modérés définis comme ceux opposés à la guerre sainte contre l'Occident et soucieux de la seule défense du pays. Le problème est que ces Taliban modérés -s'ils existent- ne se sont pas manifestés jusqu'à présent.

C'est là toute l'ambiguïté de cette rencontre. Les idées qu'elle propose -très proches des plans pakistanais- ont toutes les chances de rester lettre morte. A l'exception de la Turquie, aucun pays musulman ne s'est déclaré prêt à participer à une force de l'ONU en Afghanistan. Les Taliban modérés restent muets, le roi est bien vieux et malgré les frappes américaines, les Taliban ne montrent aucun signe d'affaiblissement.

Surtout aussi respectables soient-ils -Syed Ahmad Gailani est un Pir, un saint homme chez les soufis-, les 800 délégués à la conférence ne sont guère représentatif de leur pays d'origine avec lequel ils n'ont plus aucun contact depuis longtemps. Ils ne disposent d'aucun relais pour influencer le pouvoir à Kaboul. Première conférence du genre depuis les attentats du 11 septembre, la rencontre de Peshawar ressemble donc plus à une réunion d'anciens combattants qu'à un organe décisionnel efficace.







par Jean  Piel

Article publié le 25/10/2001